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Extraits de gosho sur |
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Ema |
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Quelle
aide m'a permis de ne pas mourir de faim sur l'île de Sado et de réciter, jusqu'à ce jour, le Sutra du Lotus dans ces montagnes ? La vôtre. Et si l'on se demande qui
vous a permis d'offrir une telle aide, il faut admettre que c'est votre
seigneur le nyudo Ema. Même
s'il n'avait pas conscience de m'aider, ce qu'il a fait équivaut
incontestablement à une sorte de prière en ma faveur.
Et du même coup, cette prière de votre seigneur est devenue
une prière pour vous. C'est aussi
grâce à lui que vous avez pu vous acquitter de vos obligations
envers vos parents. Quoi qu'il arrive, vous ne devriez jamais l'abandonner.
Si c'est lui qui s'obstine à vous rejeter, il n'y aura rien à
faire. Mais vous-même, ne l'abandonnez pas, même si cela
doit mettre votre vie en danger. Le fait que vous ayez de
plus en plus d'ennemis au sein du clan Ema est sûrement dû aux intrigues de Ryokan et de Ryuzo. Si vous faisiez serment
par écrit de renier votre foi, leur troupe n'en deviendrait que
plus arrogante et ils en répandraient partout la nouvelle. Alors,
tous mes disciples de Kamakura seraient pourchassés jusqu'à ce qu'il n'en reste plus
un seul. En réfléchissant
au problème de votre transfert dans un autre fief, j'ai étudié
la lettre que vous a envoyé le seigneur Ema,
ainsi que celle que vous m'avez fait parvenir, et je les ai comparées.
J'avais prévu cela avant même de recevoir votre lettre.
Puisque votre seigneur y attache la plus grande importance, j'en déduis
que d'autres vassaux lui ont parlé de vous en mauvais termes,
disant : "Yorimoto [Shijo
Kingo] vous manque de respect en refusant de s'installer dans
un nouveau fief. Nombreux sont les gens égoïstes, mais
lui l'est plus que beaucoup d'autres. Nous vous conseillons de ne
plus lui manifester la moindre faveur pour le moment." Efforcez-vous
de bien voir où se trouve le véritable problème,
et agissez avec prudence. En tant
que vassal, vous et votre famille avez une dette profonde à
l'égard de votre seigneur. De plus, il a montré à
votre égard une grande clémence en n'engageant aucune
action contre votre clan lorsque j'ai été exilé
à Sado et quand j'étais
haï par la nation entière. Beaucoup de mes disciples ont
vu leurs terres saisies par le gouvernement, et furent alors destitués,
ou chassés des terres de leurs seigneurs. Même s'il ne
vous manifeste plus désormais la moindre considération,
ne nourrissez pas de rancune envers votre seigneur. Il serait déraisonnable
d'attendre de lui une nouvelle faveur, simplement parce que vous êtes
peu disposé à vous rendre dans un nouveau fief. Réfléchissez
bien à ce qui vous arrive, à la lumière de ces
exemples. Le domaine de votre seigneur, Ema nyudo, autrefois très vaste, s'est maintenant réduit.
Il a de nombreux fils [qui pourraient prétendre à sa succession]
ainsi que de nombreuses personnes depuis longtemps à son service.
De même que les poissons s'agitent quand l'eau de leur étang
diminue, ou que des oiseaux se battent pour se poser sur la même
branche, quand souffle le vent d'automne, les membres de votre clan
doivent éprouver une jalousie croissante à votre égard.
De plus, comme, en certaines occasions, vous n'avez pas obéi
aux ordres de votre seigneur, les médisances à votre égard
ont dû être nombreuses. Pourtant, après vous avoir,
à plusieurs reprises, confisqué votre domaine, votre seigneur
vous en a octroyé un nouveau. Comme c'est extraordinaire ! Voilà ce que l'on entend par "des causes invisibles produisent
des bienfaits visibles". C'est probablement le résultat
de votre désir sincère de convertir votre seigneur au Sutra du Lotus. Commentaire sur le seignieur Ema par l'ACEP : Vers 1274, après que Nichiren Daishonin fut rentré de l'exil sur l'île de Sado et se fut retiré sur le Mont Minobu, Shijo Kingo essaya de faire connaître les enseignements de Nichiren Daishonin à son maître, Ema Chikatoki, disciple du moine Ryokan du temple Gokuraku-ji. [...] Comme les Mongols se préparaient à attaquer, l'accomplissement de la deuxième prédiction de Nichiren, celle d'une invasion étrangère, semblait imminent. Il est possible que ces raisons aient joué un certain rôle dans la décision de Shijo Kingo de parler à son suzerain. Le seigneur Ema était alors disciple du moine Ryokan, du temple Gokuraku-ji. On dit aussi que la famille Ema avait fait construire le Choraku-ji, l'un des sept temples majeurs de Kamakura, pour l'école Jodo. Quoi qu'il en soit, le seigneur Ema prit ombrage de ce qu'il perçut comme une tentative présomptueuse de son vassal pour le convertir, et il le harcela de diverses façons. A un moment donné, il menaça même de transférer Kingo dans la lointaine province d'Echigo s'il ne renonçait pas à sa foi dans le Sutra du Lotus. Trois années s'écoulèrent encore avant que le samouraï ne regagne la confiance de son seigneur. En juin 1277, Shijo Kingo fut, de manière fortuite, témoin
d'un débat religieux à Kuwagayatsu, Kamakura, au cours
duquel Sammi-bo, un disciple de Nichiren Daishonin, l'emporta sur le
maître Ryuzo-bo, protégé de Ryokan. D'autres samouraïs
au service du seigneur Ema Chikatoki, jaloux de Kingo, virent là une occasion
de lui nuire et rapportèrent qu'il avait par la force mis fin
au débat. Ema, furieux, exigea que Shijo Kingo fasse serment par écrit
de renier sa foi dans le Sutra du Lotus. Shijo Kingo informa Nichiren
Daishonin qu'il n'écrirait jamais un tel serment, même
si son domaine lui était confisqué. Peu après, le seigneur Ema tomba
malade. Dans ces circonstances, il n'eut d'autre choix que de faire
appel à Kingo. Il guérit grâce aux soins de Shijo
Kingo et lui renouvela dès lors sa confiance. Par la suite, Shijo
Kingo reçut de lui un domaine trois fois plus vaste que celui
qu'il avait auparavant.
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voir également : Lettre de pétition de Yorimoto | |||