Commençons par lire aujourd’hui les passages suivants du Sutra du Lotus2 :
À ce moment, le bodhisattva Bhaishajyaraja se leva de son siège, se découvrit l'épaule droite, joignit les paumes en direction du Bouddha et lui adressa ces paroles : « Vénéré du monde, s'il se trouve des fils de foi sincère et des filles de foi sincère capables d'accepter et garder le Sutra du Lotus du Dharma, de le lire et de le réciter avec pénétration et acuité, d'en recopier les volumes, combien de bienfaits en obtiendront-ils ? »
Le Bouddha déclara à Bhaishajyaraja : « Si des fils ou des filles de foi sincère faisaient offrande à autant de bouddhas que les sables de huit mille millions de myriades de milliards de Gange, qu'en est-il à ton avis ? Les bienfaits qu'ils en obtiendront seront-ils nombreux ou non ?
- Ils seront fort nombreux, Vénéré du monde. »
L'Éveillé dit : « Si des fils de foi sincère ou des filles de foi sincère sont capables d'accepter et retenir ce Sutra, ne serait-ce qu'une stance de quatre vers (gatha), de la lire et de la réciter, d'en comprendre le sens et de la mettre en pratique comme il l'est prêché, les mérites en seront fort nombreux. »
Alors le bodhisattva Bhaishajyaraja s'adressa à l'Éveillé : « Vénéré du monde, je vais maintenant donner à ceux qui exposent le Dharma une dharani qui les protégera. »
* * *
L'Éveillé déclara aux rakshasi : « C'est bien, c'est fort bien ; innombrables seraient déjà vos bienfaits si vous ne pouviez protéger que ceux qui acceptent et gardent le titre du Lotus du Dharma. Qu'en sera-t-il alors si vous protégez ceux qui l'acceptent et le gardent en sa totalité et font aux volumes offrandes de fleurs, d'encens, de guirlandes, de poudres, d'onguents, de fumigations, de bannières, de dais, de musiques, font brûler toutes sortes de lampes - lampes à beurre clarifié, lampes à huile, lampes aux diverses essences : lampes à huile de sumana, lampes à huile de fleurs de champaka, lampes à huile de varshika - et ainsi de suite, des centaines et des milliers de sortes d'offrandes ? Kunti, vous autres et ceux qui vous suivent, vous devez protéger de tels Maîtres du Dharma. »
Tandis que ce chapitre des dharani était exposé, soixante-huit mille personnes obtinrent l'adhésion à la non-production des entités.
Une fois terminée la lecture de ces passages, passez le reste de votre temps de pratique à lire le Chapitre XVI en shindoku et réciter Namu Myoho Renge Kyo. Pendant votre récitation, vous pourriez réfléchir à ces deux paragraphes et aux bienfaits mentionnés que recevront les pratiquants du Sutra du Lotus. Considérez également les avantages de ceux qui ne font que louer le Sutra du Lotus.
Il se peut que certains pratiquants soient dans leur foyer les seuls à pratiquer. Vous-même vivez peut-être avec une personne - partenaire, conjoint, frère, sœur ou parent - qui ne pratique pas. J'aimerais que vous preniez ici un moment et vous efforciez de faire jaillir en vous un puissant sentiment de gratitude envers ces personnes qui ne pratiquent peut-être pas, mais avec lesquelles vous avez une relation profonde. Tâchez de ressentir combien leur soutien, direct ou indirect, vous permet de pratiquer.
J’ai souvent à faire à des personnes qui s’inquiètent que la personne avec qui elles vivent ne pratique pas. Je leur dis alors qu’indirectement ces personnes en réalité… pratiquent ! Grâce au fait qu’elles vous soutiennent et n’interfèrent pas dans votre croyance ni votre pratique du Sutra du Lotus, ces personnes créent à travers vous un lien profond avec le Sutra.
Ainsi, vu sous cet angle, leur relation au Sutra du Lotus s'approfondit et se développe en conséquence directe de votre pratique et de l’approfondissement de votre relation au Sutra. Nous ne pouvons pas faire plus : leur bonheur repose donc sur les efforts que nous déployons pour maintenir et suivre aussi fidèlement que possible les enseignements du Bouddha, puisque c’est en quelque sorte à travers nous qu’elles pratiquent.
Pour ceux qui vivent seuls, ne pensez pas que vous soyez en reste : votre existence même, aspect que nous avons travaillé tout au long de ce guide, dépend d'innombrables autres personnes que nous devons nous exercer à apprécier. Lorsque nous récitons, lisons ou pratiquons le Sutra du Lotus en gardant à l’esprit quiconque rend ces activités possibles, c'est un peu comme si nos humbles efforts lui transmettaient le Dharma.
Ce chapitre met en scène une série d'intervenants qui font des prières spécifiques pour protéger ceux qui pratiquent le Sutra du Lotus. Cela signifie en réalité que sans notre pratique personnelle et notre relation au Sutra du Lotus, ces offrandes n'ont aucune valeur, car c'est nous qui les rendons puissantes. La lecture que nous avons faite hier sur Kanzeon, le Contemplateur des sons du monde, disait fondamentalement la même chose : notre pratique, notre relation au Sutra déterminent la valeur des promesses et des vœux de ces intervenants.
Notre pratique étant l’unique manière de manifester toutes les choses merveilleuses et splendides contenues dans le Sutra du Lotus, je suis souvent frappé par ceux qui en cherchent les bienfaits dans des personnes particulières, des émanations de Bouddha, des Bodhisattvas, des déités, etc., c’est-à-dire sans tenir compte de l'enseignement auquel ils se réfèrent. Promesses et bienfaits, comme ce fut dit à maintes reprises, sont directement liés à notre pratique du Sutra du Lotus, laquelle, à notre époque, consiste à réciter Namu Myoho Renge Kyo.
Comme le Sutra du Lotus représente l’ensemble de tous les enseignements du Bouddha, qu'il est admis et compris comme révélant l'esprit, le cœur et le vœu du Bouddha, il est dommage de penser pouvoir, d'une manière ou d'une autre, sélectionner, voire ignorer des parties de cet enseignement si complet. Fondamentalement, penser que nous en savons peut-être plus que le Bouddha, ou que celui-ci enseigna des choses superflues fait preuve, à mon avis, d’une certaine arrogance.
Par ailleurs, si vous avez poursuivi votre lecture, vous vous demandez probablement ce que signifient certains des mots bizarres que contient ce chapitre. Ces mots étranges ne sont traditionnellement pas traduits dans le texte du Sutra du Lotus, à savoir qu'ils apparaissent comme des représentations phonétiques du sanskrit. Cela ne veut cependant pas dire qu'ils n’ont pas de signification ou sont intraduisibles.
Les prières se répartissent en plusieurs groupes : l'un concerne la santé et la sécurité du pratiquant ; un autre couvre la capacité du pratiquant à répandre le Sutra du Lotus ; un autre encore traite de la richesse, disant par exemple que personne n'est plus riche qu'un pratiquant du Dharma, ou qu'il n'y a pas de richesse plus grande que le Dharma ; un autre groupe parle de la compassion du Bouddha, laquelle profitera aux croyants.
Dans tous les cas cependant, ces bienfaits sont directement liés à la pratique du Sutra du Lotus.
Pour conclure, continuez aujourd’hui à intensifier vos efforts pour vivre selon les huit voies justes. Voyez également si vous pouvez envisager de vivre votre vie de manière plus efficace, plus engagée pour le bien d’autrui. Pensez également aux moyens par lesquels vous pouvez, directement ou indirectement, conduire chacun sur la voie du bonheur.
1Source accessible sur https://ryusho.org/blog/?p=3130
2La version intégrale du chapitre traduit en français est disponible ici