Certaines écoles nichireniennes font la distinction entre kito-daimoku 祈祷 et kanjin daimoku.
Le kito-daimoku ou daimoku-prière,
daimoku-supplique, est attesté par Nichiren lui-même dans
son Kito sho écrit en 1272 à Ichinosawato.
Le kito-daimoku vise à influencer
l'environnement pour obtenir une faveur matérielle, une protection
ou une purification. Le caractère "miraculeux" de certains
résultats incite à parler d'intervention "divine"
(Hachiman, Jurasetsunyo,
etc.) alors qu'il s'agit de fonctions emmagasinées dans la huitième
conscience qui sont activées par la puissance de daimoku et
de la foi. Les fonctions positives de notre inconscient étant
largement associées aux fonctions négatives (démons)
l'obtention de résultats positifs peut être facilité
par le "transfert de mérites" : évocation
d'une figure numineuse qui a vécu ce type de problème.
Ainsi Nichiren, condamné à mort parce qu'il cherchait à
protéger le Japon, invoque Hachiman,
fonction protectrice du Japon. Les prêtres de la Nichiren Shu pratiquent dans certaines occasions le kito-daimoku en tant qu'octroi de bénédiction spéciale. Et la
"pratique pour les autres" est une façon de déjouer
les blocages psychologiques de cet "autre" qui pourra éventuellement
profiter du travail spirituel accompli par celui qui récite le daimoku.
Le kanjin-daimoku a pour
but la "contemplation du coeur", la réalisation de
kyochi myogo 境智冥合, que l'on
appelle souvent "fusion avec le Gohonzon". Alors que le kito-daimoku
est immédiatement accessible à un débutant, le
kanjin-daimoku demande l'acquisition de
certaines techniques de méditation
qui peuvent varier selon les écoles. La grande difficulté
est d'apprendre à arrêter le "babil mental",
ce défilement incontrôlé de pensées et d'images
qui empêche la contemplation de l'ultime
réalité. Le Sutra du Nirvana conseille de
devenir maître de son coeur-esprit au lieu de laisser notre
coeur-esprit être notre maître. On y parvient grâce
à un entraînement régulier. Les différentes
techniques de concentration se transmettent
de personne à personne.
Voir les articles sur samadhi* et dhyana* .
Voir également la thèse de Kyomi J. Igarashi