Commençons aujourd’hui par lire les passages suivants du Sutra du Lotus2 :

En ce temps-là, la durée de vie des gens était incalculable ; pour l'amour du Dharma, il [le roi] avait rejeté royaume et trône, confiant le pouvoir politique au prince héritier, et fait battre tambour pour proclamer aux quatre vents qu'il recherchait le Dharma : « Qui sera capable de m'exposer le Mahayana ? Ma vie durant je lui fournirai mes services. »

Il se trouva alors un ermite (rishi) pour venir proposer au roi : « Je possède le Mahayana, il a nom Sutra de la fleur de Lotus du Dharma merveilleux. Si tu ne me désobéis point, je te l'exposerai. » Le roi, entendant les paroles de l'ermite, exulta d'allégresse ; dès lors, il le suivit pour lui fournir le nécessaire : il cueillait les fruits, puisait de l'eau, ramassait le bois, préparait les repas, lui faisait même une couche et un siège de son corps, sans se lasser en corps ou en esprit. Le temps qu'il passa à son service fut de mille années et, dans son zèle à l'assister, il ne le laissa jamais manquer de rien.

[…]

« Le roi de ce temps-là, c'était moi-même, et l'ermite [Asita] d'alors, c'est l'actuel Devadatta. C'est grâce à Devadatta, l'ami de bien (zenshishiki), que je fus amené à disposer totalement des quatre bienveillances infinies : de l'amour empathie (maitri), de la compassion (karuna), de la joie partagée, de l'équanimité, des trente-deux marques, des quatre-vingts signes secondaires, l'éclat semblable à la couleur d'or, des dix forces, des quatre assurances, des quatre éléments de rapprochement, des dix-huit conditions avenika, des pouvoirs mystiques, de la puissance de la Voie, à réaliser l'Éveil égal et correct et à sauver les êtres dans les dix points de l'espace. Tout cela est grâce à Devadatta, l'ami de bien. » Il déclara aux quatre congrégations : « Devadatta, bien plus tard, au terme d'innombrables kalpas, obtiendra de réaliser l'état de bouddha. »

[…]

Alors Shariputra déclara à la fille-dragon : « Tu estimes obtenir la Voie insurpassable avant longtemps, c'est chose dure à croire. Pourquoi cela ? Le corps féminin est souillé, ce n'est point un vaisseau du Dharma ; comment pourrait-il obtenir l'Éveil insurpassable ? La Voie de bouddha est hors de toute proportion : pour y parvenir, il convient de passer d'innombrables kalpas en s'appliquant avec peine à accumuler les pratiques, à s'exercer pleinement aux paramitas, et ce n'est qu'après cela qu'il est possible de la réaliser. Le corps de la femme comporte de surcroît les cinq entraves : en premier lieu, il ne peut devenir roi des Mahabrahmas ; ni Indra, en deuxième ; ni le roi-démon en troisième ; ni un saint roi qui fait tourner la roue du Dharma en quatrième ; ni un bouddha en cinquième. Comment un corps de femme pourrait-il réaliser rapidement l'état de bouddha ? » La fille-dragon avait alors une perle précieuse, dont le prix valait trois mille mondes tricosmiques. Elle la prit et la tendit au Bouddha, qui l'accepta aussitôt. La fille-dragon dit à Prajnakuta et au vénérable Shariputra : « J'ai offert une perle précieuse et le Vénéré du monde l'a acceptée ; cela s'est-il passé rapidement ou non ? » Ils répondirent que cela avait été très rapide. La fillette reprit : « Regardez, grâce à vos pouvoirs mystiques, combien je réaliserai plus rapidement encore l'état de bouddha. »

Toute l'assemblée vit alors la fille-dragon prendre soudainement l'apparence d'un homme, se munir des pratiques de bodhisattva, se diriger vers la Terre Vimala en direction du sud, prendre place sur une fleur de lotus de matière précieuse et réaliser l'Éveil égal et correct, avec les trente-deux marques et les quatre-vingts signes secondaires, exposant le Dharma merveilleux à l'ensemble des êtres partout dans les dix directions.

À la même heure, dans le monde Saha, les bodhisattvas, auditeurs-shravakas, devas, nagas, les huit classes d'êtres, les humains et non-humains virent tous, de loin, la fille-dragon réaliser l'état de bouddha et prêcher universellement le Dharma aux hommes et devas de l'assemblée d'alors ; le cœur en grande liesse, ils lui rendirent hommage de loin. Des êtres innombrables, entendant le Dharma, le comprirent et obtinrent un état de non-régression. Des êtres innombrables purent obtenir la prédiction de la Voie. La Terre Vimala (Immaculée) trembla de six manières. Dans le monde Saha, trois mille êtres prirent demeure dans la terre de prédiction, trois mille déployèrent la pensée de bodhi et purent recevoir la prédiction.

Le bodhisattva Prajnakuta, Shariputra et toute l'assemblée, gardant le silence, crûrent et acceptèrent.

Recevez tout d’abord toutes mes félicitations à l’occasion du début de votre quatrième semaine de pratique ! Vous avez en effet, selon moi, accompli quelque chose de remarquable et j’espère que vous en êtes satisfait. J’espère aussi que votre entrainement rend votre pratique plus aisée, légère, et que vous prenez du plaisir à lire et explorer le Sutra du Lotus.

Qu’en est-il de vos deux voies justes ? Comme vous le devinez peut-être, je vous encouragerais à en choisir une troisième. Écrivez-en le nom sur une petite carte par exemple, que vous placerez en un lieu bien visible, comme celui de votre autel ou le miroir de votre salle de bain. Comme vous l’avez d’ailleurs aussi peut-être remarqué, la pratique bouddhique ne s’arrêtant jamais, nous avons toujours quelque chose à travailler !...

Après avoir lu les passages du Sutra d’aujourd’hui, partagez votre temps restant entre la récitation de daimoku et la lecture du Chapitre XVI. Votre lecture en shindoku s’est-elle améliorée ? Si ce n’est pas encore le cas, continuez à faire de votre mieux. Pratiquer avec d’autres personnes est certainement la solution qui permet de progresser de la meilleure façon qui soit. Si vous habitez près d’un temple ou d’un groupe de pratiquants, profitez-en pour les rejoindre. Si ce n’est pas le cas, de nombreux temples retransmettent en ligne leurs cérémonies, ou rituels de pratique. Une autre option serait de demander à votre maître* un enregistrement audio.

Nous venons de lire aujourd’hui deux passages du Chapitre XII intitulé Devadatta. Si vous ne connaissez pas encore cette personne, il s’agit du cousin du Bouddha, connu pour avoir tenté plusieurs fois de tuer le Bouddha et de diviser le Sangha. Il a aussi voulu déformer et pervertir les enseignements du Bouddha. Il est donc célèbre pour avoir fait du tort à chacun des trois joyaux bouddhiques : le Bouddha, le Dharma et le Sangha.

Le premier passage relate le lien profond qui existait entre le Bouddha et Devadatta. Faisant l’éloge de cette personne qui lui fit pourtant tant de mal, Shakyamuni explique avoir pu devenir Bouddha grâce à leur relation passée.

A ce propos, je me demande combien de personnes pourraient ainsi regarder ceux qui leur causent du mal et les remercier de leur avoir procuré de telles occasions de développement… C’est qu’il n’est pas facile d’apprécier ce genre de situation puisqu’en général la tendance est d’éviter à tout prix ce qui fait souffrir. De fait, l’individu recherche souvent ce qui est agréable et facile, une attitude qui ne l’aidera pas à grandir de la même manière que s’il se lançait un défi, ou tentait d’en relever un.

Vous qui me lisez avez choisi d’essayer quelque chose de très difficile : vous avez choisi de mettre votre vie au défi. Même si vous ne le remarquez pas encore, votre vie est sans aucun doute déjà en train de changer, effort pour lequel vous serez de plus récompensé.

Le second passage raconte l’histoire de la fille du Roi-Dragon. Bien qu’elle soit une femme (les femmes seraient, selon certains enseignements, freinées par les Cinq entraves), elle devient pourtant instantanément Bouddha.

Ce chapitre met donc en évidence que toute personne, et même la pire qui puisse être, est capable d’atteindre l’Éveil. A l’époque du Bouddha, les femmes n’étaient pas considérées comme égales aux hommes. Même encore aujourd’hui, à l’époque moderne, nombreux sont ceux qui refuseraient l’égalité aux femmes, voire les empêcheraient d’exercer des fonctions religieuses. Or ce chapitre montre que le Bouddha enseignait déjà des concepts révolutionnaires en prônant l’égalité.

Aujourd’hui, alors que vous ajoutez une autre voie juste à votre liste de pratiques quotidiennes, continuez également de travailler votre relation aux autres dans vos différents domaines d’activité. Et maintenant pour conclure : vous souvenez-vous qu’au début de ce guide, je vous avais demandé d’écrire quelque chose que vous aimeriez voir changer en vous ? Je me demande comment cela se passe et si vous avez pu remarquer un quelconque changement. Si tel n’est pas le cas, ne vous découragez surtout pas : ce changement va immanquablement se produire et bien que vous n’en soyez pas encore conscient, il est déjà selon toute probabilité en train de se réaliser.

Une fois encore, je vous renouvelle mes sincères félicitations à l’occasion du début de votre quatrième semaine de pratique !


1Source accessible sur https://ryusho.org/blog/?p=3074

2Traduction en français accessible sur http://www.nichiren-etudes.net/lotus/lotus-12.htm