Pas de sécurité dans le Monde des trois plans

(Nulle sécurité dans le monde des trois plans)

Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 7, p. 177 ; SG* p. 899.
Gosho Zenshu p. 1388 - Matsuno dono gohenji

Minobu, 13e jour du 2e mois de 1278 à Matsuno Rokuro Zaemon

J'ai bien reçu les divers dons que vous m'avez fait parvenir. Soucieux de ma survie dans ces montagnes, vous m'avez envoyé un messager qui a dû traverser de longues distances sous la neige pour arriver jusqu'à moi. Je suis convaincu que votre sincérité vous vaudra la reconnaissance du Sutra du Lotus et des dix Filles-démones

Il est dit, dans le Sutra du Nirvana : "Le cours de la vie humaine est plus rapide que celui d'un torrent de montagne ; une personne en vie aujourd'hui aura du mal à rester en vie demain." Dans le Sutra Maya, on lit : "Imaginez un mouton conduit par un chandala à l'abattoir. La vie humaine est exactement semblable à cela ; pas à pas, on se rapproche du lieu de sa mort." Dans le Sutra du Lotus on lit qu'il n'est pas de sécurité dans le monde des trois plans, comparé à "une maison en flammes, emplie d'une multitude de souffrances, véritablement effrayante."(réf.)

Dans ces passages des sutras, l'Honoré du monde du Grand Éveil met en garde les simples mortels qui vivront aux époques futures, comme un père bienveillant avertit ses enfants ignorants. Malgré cela, à aucun moment, ils ne s'éveillent. Pas un instant non plus ils n'éprouvent le désir de rechercher la voie. Pour parer un corps qui, s'il était abandonné dans les champs, serait dépouillé en une seule nuit, ils passent tout leur temps à amasser des vêtements.

Lorsque leur vie parviendra à son terme, en l'espace de trois jours, leur corps se changera en liquide qui s'écoulera, en poussière qui se mélangera à la terre, et en fumée qui montera vers le ciel sans laisser la moindre trace. Ils cherchent néanmoins à nourrir ce corps et à accumuler les richesses.

Tout cela se répète depuis les temps les plus anciens, mais la situation d'aujourd'hui me semble particulièrement attristante. Depuis quelques années, au Japon, la famine s'aggrave, les réserves de nourriture et de vêtements sont épuisées. Tous les animaux domestiques ayant été mangés, on voit apparaître des gens qui se nourrissent de chair humaine. Certains arrachent la chair des cadavres, des enfants et des malades, la mélangent avec du poisson ou de la viande de daim, et la vendent. Les gens achètent cette mixture et la mangent. Ainsi, ce pays est devenu à son insu la demeure des démons maléfiques.

De plus, depuis le printemps de l'année dernière jusque vers le milieu du 2e mois de cette année, des épidémies se sont déclarées partout dans le pays. Dans cinq familles sur dix, dans cinquante familles sur cent, tous les membres sont morts emportés par la maladie. D'autres ont physiquement survécu, mais souffrent d'une grande détresse spirituelle, pire encore que celle des malades. Même ceux qui ont été épargnés ont perdu des enfants qui avaient coutume de les suivre d'aussi près que leur ombre, une épouse avec qui ils formaient comme les deux yeux d'un visage, ou des parents sur lesquels ils comptaient comme sur le ciel ou la terre. Quel sens maintenant leur vie peut-elle encore avoir  ? Comment une personne sensible pourrait-elle ne pas haïr ce monde  ? "Pas de sécurité dans le monde des trois plans" est un enseignement du Bouddha, mais la situation actuelle est plus tragique encore.

Bien que n'étant moi-même qu'une personne ordinaire, j'ai informé le souverain de la prédiction léguée par le Bouddha dans son enseignement. Non seulement il n'a tenu aucun compte de mes remontrances, mais il a intensifié les persécutions à mon encontre. De sorte que sans que je puisse rien y changer, ce pays est devenu un pays s'opposant au Dharma, et qui, en se changeant en ennemi du Sutra du Lotus, s'est aussi fait l'ennemi des bouddhas et des divinités des trois phases de la vie dans les dix directions.

J'aimerais que vous méditiez profondément cela. Même si j'avais commis les crimes les plus graves, moi, Nichiren, je suis un Pratiquant du Sutra du Lotus. Même s'ils s'étaient rendu coupables des fautes les plus lourdes, ceux qui récitent Namu Amida Butsu resteraient indiscutablement des adeptes du Nembutsu. Parce que ma bouche récite Namu Myoho Renge Kyo, j'ai été insulté, frappé, exilé, et ma vie a été menacée. Malgré tout cela, j'ai continué à exhorter les autres à faire de même. Comment pourrais-je ne pas être un Pratiquant du Sutra du Lotus ?

Il est dit dans le Sutra du Lotus que ceux qui haïssent le Pratiquant de ce Sutra tomberont dans l'enfer avici. Dans le quatrième volume, on lit (réf.) que manifester de l'hostilité envers un Pratiquant du Sutra du Lotus aux époques ultérieures est une faute plus grave que d'insulter le Bouddha pendant la totalité d'un kalpa moyen. Il est écrit, dans le 7e volume, que ceux qui dénigrent le pratiquant subiront les souffrances de l'enfer avici pendant mille kalpas. Dans le 5e volume, nous lisons que, après la disparition du Bouddha, quand viendra l'époque des Derniers jours du Dharma, apparaîtra immanquablement un Pratiquant du Sutra du Lotus ; il y est dit que, à cette époque, dans le pays où il vivra, d'innombrables moines, observant ou violant les préceptes, se rassembleront et dénonceront le pratiquant auprès du souverain du pays, le feront condamner à l'exil et tenteront de l'éliminer.

Ces passages du Sutra coïncident tous parfaitement avec ce que j'ai vécu. Je suis par conséquent certain d'atteindre la bodhéité à l'avenir. J'en parlerai plus en détail lorsque nous nous rencontrerons.

Nichiren.

Le 13e jour du 2e mois de la 4e année de Kenji (1278), sous le signe cyclique tsuchinoe-tora

ARRIERE-PLAN. - Nichiren Daishonin écrivit cette lettre depuis le Mont Minobu, couvert de neige, le 13e jour du 2e mois de 1278. Elle fut adressée au nyudo Matsuno Rokuro Zaemon, disciple qui vivait dans le village de Matsuno, dans le district d'Ihara, dans la province de Suruga.
On ne sait pas précisément à quelle date Matsuno se convertit aux enseignements de Nichiren Daishonin, mais sa fille aînée avait épousé Nanjo Hyoe Shichiro et l'on pense qu'il s'était converti aux enseignements de Nichiren Daishonin en raison de ce lien avec la famille Nanjo. Il aurait pu également être converti par Nikko Shonin. Le petit-fils de Matsuno, Nanjo Tokimitsu, était l'un des disciples les plus fidèles, et son deuxième fils, Nichiji, fut par la suite désigné comme l'un des ses disciples aînés. On ne connaît pas la date de naissance de Matsuno, mais tout porte à croire qu'il mourut en 1278, l'année où cette lettre fut écrite.
Prenant la tonsure en tant que nyudo, c'est-à-dire un laïc se consacrant à la vie religieuse tout comme un moine, Matsuno était apparemment assidu dans sa pratique. D'après les quelques lettres qui lui ont été adressées, la première datant du 2e mois de 1276, il ressort qu'il envoyait souvent des dons à Nichiren Daishonin. Dans ces lettres, Nichiren Daishonin aborde à plusieurs reprises la question de la mort, de la terre pure du Pic de l'Aigle et de l'illumination. C'est sans doute l'indication que Matsuno était d'un âge avancé, et le reflet du désir de Nichiren Daishonin de briser l'attachement que Matsuno pourrait avoir conservé pour le principe de la renaissance sur la Terre pure, concept très répandu dans la société. (Commentaire ACEP)

En anglais : No Safety in the Threefold World

- http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=891&m=1&q=No%20Safety%20in%20the%20World
- commentaires : http : //nichiren.info/gosho/bk_NoSafety.htm

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