Les deux sortes de maladies

Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 4, p. 329 ; SG* p. 929.
Gosho Zenshu p. 1178 - Nakatsukasa Saimon no jo dono gohenji

Minobu, le 26 juin 1278, à Shijo Kingo

 

Les maladies des êtres humains peuvent être divisées en deux grandes catégories. La première est celle des maladies du corps. Ces maladies physiques consistent en : cent une maladies causées par le déséquilibre de l'élément terre ; cent une, causées par le déséquilibre de l'élément eau ; cent une, dues au déséquilibre de l'élément feu, et cent une, dues au déséquilibre de l'élément vent. Au total, quatre cent quatre maladies (note) . Les maladies de ce type peuvent être guéries par les remèdes prescrits par d'excellents médecins tels que Jisui, Rusui, Jivaka, Bian Que et d'autres. La deuxième catégorie est celle des maladies de l'esprit. Elles sont dues aux trois poisons et sont de 84000. Seul le Bouddha a le pouvoir de les guérir ; les deux divinités brahmaniques [Shiva et Vishnu] ou les trois ascètes ne peuvent pas y parvenir, et moins encore la science de Shennong et Huangdi.

Les maladies de l'esprit connaissent divers degrés de gravité. Les affections dues aux trois poisons, et leurs 84000 variations frappant les simples mortels dans les six voies, peuvent êtres guéries par le bouddha des écoles Kusha, Jojitsu et Ritsu, s'appuyant sur les trois Corbeilles [Tripitaka] du Hinayana. Toutefois, si l'on s'efforce de remédier par le Hinayana aux trois poisons et aux 84000 maladies provoquées par l'opposition à des sutras du Mahayana tels que les sutras Kegon*, Hannya* et Vairocana*, ces maladies ne feront qu'empirer et ne seront jamais guéries. Elles ne peuvent être traitées que par les enseignements du Mahayana. De plus, si l'on s'efforce de guérir les trois poisons et les 84000 maladies dues à l'opposition au Sutra du Lotus des pratiquants des divers sutras du Mahayana par les sutras Kegon*, Hannya* et Vairocana*, ou par ceux du Shingon et du Sanron, ces maladies s'aggravent de plus en plus. Pour donner une comparaison, un feu de bois ou de charbon peut facilement s'éteindre avec de l'eau, mais si c'est un liquide combustible qui brûle, et qu'on verse sur lui de l'eau, les flammes ne feront que brûler de plus belle et monteront encore plus haut.

Les épidémies qui font maintenant rage au Japon depuis l'année dernière ne peuvent pas être classées dans la catégorie des 84000 du corps. Elles dépassent donc les capacités médicales de Hua-to et Bian Que. Elles ne font pas non plus partie des 84000 maladies qu'il est possible de traiter par le Hinayana ou par le Mahayana provisoire*. C'est pourquoi, lorsque les adeptes des diverses écoles [fondées sur ces enseignements] offrent des prières, la situation ne fait qu'empirer. Même si l'épidémie s'arrêtait cette année, elle reprendrait certainement les années suivantes. Elle ne s'arrêtera peut-être définitivement qu'après quelque événement effrayant.

Il est dit dans le Sutra du Lotus  : "Si l'on emploie les moyens de la médecine, et si l'on essaye d'obtenir par eux la guérison, cela risque de provoquer d'autres maladies ou même la mort... la maladie s'aggravera."(réf.) Il est dit dans le Sutra du Nirvana  : "A ce moment-là, au château de Rajagriha, le corps du roi Ajatashatru se couvrit de pustules... [le roi dit : ] "Cette maladie a son origine dans l'esprit. Elle n'est pas due à un déséquilibre des quatre éléments. Il serait vain de croire qu'un médecin pourrait la guérir, il n'y parviendrait jamais." Zhanlan* a dit  : "Les sages comprennent les présages [et ce qu'ils annoncent] et les serpents connaissent les moeurs des serpents."(réf.)

Les épidémies actuelles sont comparables aux boutons purulents du roi Ajatashatru qui ne pouvaient être guéris que par le Bouddha Shakyamuni. Sans le Sutra du Lotus, elles ne pourront être enrayées.

Moi, Nichiren, j'ai commencé à souffrir de dysenterie le trentième jour du douzième mois de l'année dernière, et jusqu'au troisième ou quatrième jour du sixième mois de cette année, les crises en ont été chaque jour plus fréquentes, et plus graves chaque mois. Au moment même où je commençais à penser que c'était un karma immuable [celui de mourir à ce moment-là] vous m'avez envoyé un excellent remède. Depuis que je le prends, la douleur a considérablement diminué et n'a plus qu'un centième de son ancienne intensité. Je me demande si c'est le Bouddha Shakyamuni qui est entré dans votre corps pour venir à mon aide. Ce sont peut-être les bodhisattvas Surgis-de-Terre qui m'ont offert l'excellent remède de Myoho Renge Kyo. Chikugo-bo vous expliquera cela plus en détail. Je vous écrirai plus tard.

Post-scriptum : Votre messager est arrivé vers l'heure du Chien (19 h-21 h), le vingt-cinquième jour de ce mois. Les offrandes que j'ai reçues étaient trop nombreuses pour que je puisse les compter. Remerciez en mon nom le seigneur Toki pour le kimono d'été qu'il m'a fait parvenir. Dites aussi à votre femme comme j'étais attristé en apprenant la mort de son grand-père.

Avec mon plus grand respect,
Nichiren.

Le vingt-sixième jour du sixième mois.

ARRIERE-PLAN - Nichiren Daishonin écrivit cette lettre, adressée du Mont Minobu à Shijo Kingo à Kamakura, le 26 juin 1278, alors qu'il était âgé de cinquante-sept ans. Shijo Kingo était l'un de ses disciples fervents, un samouraï au service de la famille Ema, une branche du clan Hojo. Il excellait dans la pratique de la médecine aussi bien que dans les arts martiaux. Cette lettre exprime les remerciements de Nichiren Daishonin pour le médicament que Shijo Kingo lui avait prescrit et envoyé, avec d'autres dons. Son contenu est très proche de celui d'un autre gosho, "Le traitement de la maladie" écrit à Toki Jonin à la même date. Le début de la lettre est en fait presque totalement identique à un passage du "Traitement de la maladie"
La vie de Nichiren Daishonin, sur le Mont Minobu, n'avait rien de facile. Les hivers étaient extrêmement froids et le logement qu'il habitait peu adéquat. La nourriture aussi posait problème. Suivant la coutume propre aux moines bouddhistes à l'époque, Nichiren Daishonin ne mangeait ni viande ni poisson, et les aliments offerts par ses disciples et les croyants ne suffisaient pas à lui assurer une bonne nutrition. De plus, pendant presque toute la première moitié de l'année 1278, il souffrit d'une diarrhée chronique qui l'affaiblissait beaucoup. Il dit, dans une lettre adressée à Shijo Kingo en octobre 1278 : "Moi, Nichiren, ne suis pas en aussi bonne santé que d'autres, et, de plus, je vis dans cette lointaine forêt de montagne. Cette année a été particulièrement difficile. Les grandes épidémies et la famine qui s'étaient déclarées au printemps et en été ont empiré en automne et en hiver. En outre, ma maladie s'est encore aggravée, mais vous m'avez prescrit divers médicaments que vous m'avez fait parvenir avec des vêtements doublés de soie. Grâce à vos remèdes, ma santé s'est régulièrement améliorée ; je suis guéri à présent et me sens beaucoup mieux qu'auparavant."
Dans cette lettre, Nichiren Daishonin évoque les deux sortes de maladie, maladies du corps, dues principalement à des raisons physiques, et maladies de l'esprit, nées des illusions et des désirs terrestres. Il explique que les maladies du corps peuvent être guéries par de bons médecins, mais pas les maladies de l'esprit. (Commentaire ACEP)

En anglais : The Two Kinds of Illness

- http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=919&m=1&q=Two%20Kinds%20of%20Illness
- commentaires : http : //nichiren.info/gosho/bk_2KindsIllness.htm

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