Sur l'atteinte de la bodhéité

(Sur l'atteinte de la bouddhéité en cette vie)

Lettres et traités p. 3.
Gosho Zenshu p. 383 - Issho Jobutsu Sho
Showa Teihon p.44. (répertorié dans le Rokuge), STN, 1:42 (non authentifié)

Kamakura 1255, à Toki Jonin

Si vous souhaitez vous libérer des souffrances de la naissance et de la mort endurées de toute éternité et parvenir absolument à l'Éveil en cette vie, vous devez vous éveiller au principe mystique inhérent à toute vie. Ce principe est Myoho Renge Kyo. Réciter Myoho Renge Kyo vous permettra de saisir ce principe mystique dans votre propre vie.

Le Sutra du Lotus est le roi des sutras, parfait du point de vue scripturaire comme du point de vue théorique. Ses caractères sont la réalité de la vie, et la réalité de la vie est myoho, le Dharma Merveilleux. On l'appelle Dharma Merveilleux parce qu'il élucide la relation d'inclusion mutuelle entre une vie et tous les phénomènes. C'est ce qui fait de ce sutra la sagesse de tous les bouddhas.

Chacun de nos instants-pensée (ichinen) inclut tous les phénomènes car il reflète tous les élements de l'instant-pensée (ichinen sanzen) du Dharma universel. S'éveiller à ce principe, c'est saisir en soi-même cette relation.

Même si vous pratiquez et croyez en Myoho Renge Kyo, si vous considérez ce Dharma comme extérieur à vous, ce n'est pas dans le Dharma Merveilleux que vous croyez, mais en un enseignement inférieur. "Enseignement inférieur" s'applique aux enseignements autres que ce sutra, c'est-à-dire provisoires et transitoires. Aucun enseignement provisoire ne conduit directement à la bodhéité. Sans chemin direct vers la bodhéité, on ne peut atteindre l'Éveil, même si l'on pratique vie après vie pendant d'innombrables kalpas. Et il est donc alors impossible d'atteindre la bodhéité en cette vie-ci*. Par conséquent, en récitant le Dharma Merveilleux et en lisant le Sutra du Lotus, il faut absolument faire surgir du plus profond de vous la conviction que Myoho Renge Kyo n'est rien d'autre que votre propre vie.

Ne recherchez jamais aucun des enseignements de Shakyamuni, ni les bouddhas et bodhisattvas de l'univers, en dehors de vous-même. Votre maîtrise du bouddhisme n'atténuera pas, si peu que ce soit, vos souffrances de simple mortel tant que vous n'aurez pas perçu la nature fondamentale de votre propre vie. Si vous cherchez la bodhéité en dehors de vous-même, toutes vos pratiques et bonnes actions n'auront aucun sens. Ainsi, un pauvre ne gagnera pas un sou s'il se contente de compter jour et nuit la fortune de son voisin. C'est pourquoi Zhanlan* dit  : "Si l'on n'observe pas la nature de son propre cœur, on ne peut effacer son mauvais karma." Cela signifie que la pratique de ceux qui n'observent pas leur cœur devient une austérité pénible et sans fin. Zhanlan* les condamne en citant un passage du Maka Shikan : "Bien qu'ils étudient le bouddhisme, ils en reviennent à des conceptions non bouddhiques."

Réciter le nom du Bouddha, lire le Sutra, ou simplement offrir des fleurs ou brûler de l'encens, tous ces actes seront source de bienfaits et de bonne fortune dans votre propre vie. Avec cette conviction, mettez votre foi en pratique. Ainsi le Sutra Jomyo révèle que l'Éveil du Bouddha se trouve dans la vie humaine, montrant que de simples mortels peuvent devenir bouddha et que les souffrances de la naissance et de la mort peuvent se changer en nirvana. Il y est dit encore que, si le cœur des hommes est impur, leur terre est impure, mais si leur cœur est pur, leur terre l'est également. Ainsi, il n'y a pas deux sortes de terres, pure et impure en elles-mêmes. Il n'y a que la pureté ou l'impureté de notre cœur.

Il n'y a pas de différence entre un bouddha et un simple mortel. Dans l'illusion, on est simple mortel, mais, une fois éveillé, on est bouddha. Un miroir terni brillera comme un joyau si on le polit. Un cœur maintenant assombri par les illusions nées de l'obscurité fondamentale de la vie est comparable à un miroir terni mais, si on le polit, il devient immanquablement un clair miroir qui reflète l'Éveil à la vérité immuable. (note) Faites surgir une foi profonde et polissez votre miroir sans relâche, jour et nuit. Comment le polir  ? Seulement en récitant Namu Myoho Renge Kyo.

Que désigne donc Myo  ? C'est uniquement la nature mystérieuse de notre vie, d'instant en instant, que l'on ne peut saisir par la pensée ni exprimer par les mots. Si vous vous interrogez sur la nature de votre esprit à un moment donné, vous ne percevez ni couleur ni forme prouvant qu'il existe. Mais vous ne pouvez pas non plus dire qu'il n'existe pas, car diverses pensées ne cessent de se présenter à vous. La vie est une réalité difficile à saisir qui échappe aux mots et aux concepts d'existence comme de non-existence. Elle n'est ni existence, ni non-existence, et pourtant manifeste tantôt l'un de ces aspects, tantôt l'autre. C'est la réalité mystique de la Voie du milieu, réalité unique de toutes choses. On appelle Myo la nature mystérieuse de la vie et Ho ses manifestations.

Renge, la fleur de lotus, symbolise la nature mystique de ce Dharma. Lorsque vous réalisez que votre propre vie est le Dharma Merveilleux, vous réalisez que celle des autres l'est également. Cet Éveil s'exprime par Kyo, le Sutra merveilleux. C'est le roi des sutras, la voie directe vers l'Éveil, car il explique que l'ainsité de notre esprit, d'où naissent le bien comme le mal, n'est autre que la réalité du Dharma Merveilleux. Si vous avez une foi profonde en cette vérité et récitez Myohorengekyo, vous atteindrez sans aucun doute la bodhéité en cette vie-ci*. C'est pourquoi il est dit dans le Sutra : "Après mon parinirvana, pratiquez avec foi en ce Sutra du Lotus. Ceux qui le feront emprunteront la voie directe vers la bodhéité."(réf.) N'en doutez jamais, si peu que ce soit, mais gardez votre foi et parvenez la bodhéité en cette vie-ci*. Namu Myoho Renge Kyo, Namu Myoho Renge Kyo.

ARRIÈRE-PLAN - Quelque deux ans après avoir récité pour la première fois Namu Myoho Renge Kyo, Nichiren Daishonin vivait à Kamakura. Cette ville était le siège du gouvernement militaire (le shogunat), et cette lettre était adressée à un magistrat du tribunal militaire. Il s'appelait Toki Jonin et fut toute sa vie un disciple fidèle de Nichiren Daishonin. Trente autres lettres, parmi lesquelles la « Lettre de Sado » et « Le véritable objet de vénération », lui furent adressées ainsi qu'à sa femme. « Sur l'atteinte de la bodhéité » fut écrit en 1255. (Commentaire ACEP)

Voir également le même gosho sur http : //www.miaofa.com/T42Issho.htm

En anglais On Attaining Buddhahood ou On Attaining Buddhahood in This Lifetime
- http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=3
- commentaires : http : //nichiren.info/gosho/bk_AttainBuddhahood.htm

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