DICTIONNAIRE des TERMES BOUDDHIQUES français, japonais, chinois, sanskrit, pali Ashoka |
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Jusqu'à une époque assez récente, Ashoka ne nous était connu qu'à travers les légendes. Or, en 1837, un fonctionnaire de Bénarès parvint à déchiffrer les inscriptions que le roi avait fait graver sur deux piliers de pierre ; ce ne fut toutefois qu'en 1915 qu'on parvint à identifier réellement Ashoka. Depuis, les découvertes se sont succédées et nous sommes en possession de nombreux édits que le roi avait fait graver à travers tout son royaume (c'est-à-dire pratiquement toute l'Inde, depuis l'Himalaya au nord et presque jusqu'à l'actuelle ville de Madras au sud), soit à même le rocher, soit sur des colonnes de pierre. Grâce à ses inscriptions, il est enfin possible d'effectuer une étude précise sur ce souverain ; non seulement elles ont été déchiffrées, mais encore traduites en français. Ashoka appartenait à la dynastie Maurya (324-187 avant notre ère) à partir de laquelle nous possédons des documents importants qui permettent à l'Inde d'entrer dans l'histoire écrite : l' "Artha-shastra" (ouvrage capital sur la politique, la justice et l'administration), attribué à Kautilya, ministre du premier Maurya, de larges extraits de l' "Indica" de Mégasthène qui vécut longtemps en Inde, les chroniques bouddhistes et jaïna, et enfin les édits d'Ashoka. L'empire Maurya était très vaste et connut une unité fort rare en Inde. Candragupta (qui régna de 324 à 300) et Bindusara (300-272), respectivement grand-père et père d'Ashoka, furent l'image parfaite du roi traditionnel hindou de l'Inde antique, assez différent - nous allons le voir - du roi bouddhiste Ashoka. LE ROI HINDOU L'originalité d'Ashoka ne peut apparaître pleinement que sur la toile de fond de l'époque et il faut donc nous pencher un instant sur la royauté traditionnelle de l'Inde classique. Le roi hindou, investi de l'autorité politique, gouverne aux côtés d'un brahmane qui représente l'autorité religieuse, et le pouvoir du roi s'efface - en théorie du moins - devant l'ordre universel ("dharma") incarné par le brahmane. Le prétendant au trône, avant de pouvoir s'y asseoir, doit satisfaire à de multiples exigences : des qualités personnelles précises, un savoir étendu, pour ne citer que quelques exemples. Lorsqu'il devient roi, son premier devoir est de protéger tous les êtres et de viser le bien du peuple. Dans ce contexte, le bien du peuple, c'est l'Ordre, c'est-à-dire le parfait fonctionnement de la société, chacun observant les devoirs spécifiques de sa classe. Pour ce faire, le roi dispose du châtiment qu'il emploie largement, dans un esprit de justice, pour obliger ses sujets à respecter l'Ordre dont nous parlons. Par ailleurs, le roi possède des pouvoirs étendus. Il est le possesseur de la terre délimitée par son royaume qu'il n'a de cesse d'agrandir. Pour remplir ses caisses, point de mystère, le roi lève des impôts et des taxes sur ses sujets. Il détient le pouvoir exécutif et judiciaire et a toute autorité pour promulguer des lois et les faire appliquer. Chef de la justice, il lui appartient de juger et de punir. Enfin, il possède une armée puissante. En matière de politique étrangère, le roi hindou considère systématiquement comme ennemi tout territoire voisin du sien. La conduite qu'il adopte est fonction des rapports de force. Ainsi, en état d'infériorité, il cherche à assurer sa protection ; dans le cas contraire, il part en guerre à la conquête de nouveaux territoires - ce qui, soulignons-le, fait partie de ses devoirs de roi. Sans nous étendre davantage sur les théories politiques de l'Inde classique, précisons enfin que l'éthique en est assez absente et que les méthodes utilisées sont dénuées de scrupules. Mais il faut bien reconnaître que si, dans d'autres parties du monde et à des époques différentes, cet état d'esprit peu glorieux n'est pas aussi clairement mis en évidence, il n'en est pas pour autant absent ; simplement, on l'avoue moins, ou pas du tout. Quelques exceptions, heureusement, ont jalonné l'histoire. Ashoka fut à cet égard un exemple frappant. LA VIE D'ASHOKA Faisons un retour au VIe siècle avant notre ère : le Bouddha, en compagnie de son disciple Ananda, mendie dans la ville de Rajagriha. Au même moment, deux petits garçons, Jaya et Vijaya, jouent avec de la terre. Reconnaissant le Bouddha, et désirant lui faire une offrande, Jaya, avec le plus grand respect, fait don au Bouddha d'une poignée de terre, tandis que Vijaya joint les mains en signe de vénération. Le Bouddha sourit et, devant l'étonnement d'Ananda, explique : "J'ai une raison de sourire, Ananda, et tu vas l'apprendre. Cent ans après ma mort, ce garçon deviendra un "chakravartin" (Roi universel juste et vertueux) à Pataliputra et il régnera sur toutes les régions. Il s'appellera Ashoka et il gouvernera sur la base du vrai Dharma. En outre, il distribuera mes reliques à l'étranger, érigera quatre-vingt-quatre mille stupas en l'honneur du Roi du Dharma, et apportera le bien-être à d'innombrables êtres vivants." Quant à Vijaya, le Bouddha prédit qu'il serait le ministre d'Ashoka et se nommerait Radhagupta. Conformément à cette belle histoire - qui n'est évidemment qu'une légende - le roi Bindusara eut, parmi ses cent un enfants, un fils nommé Ashoka. Un devin prédit qu'il régnerait à la place du prince héritier Susima, l'aîné des fils. La venue au monde de cet enfant n'ayant été cause d'aucune douleur pour sa mère, il fut appelé Ashoka (a privatif, et shoka : douleur). La légende lui attribue, lors de sa prise de pouvoir, le massacre de quatre-vingt-dix-neuf de ses frères. Seul Tissa, son cadet, aurait été épargné. Or, d’après le cinquième édit sur rocher faisant mention des frères et soeurs d'Ashoka, il est clair que plusieurs d'entre eux - sinon tous - étaient en vie lors du règne du souverain. Remarquons toutefois que le sacre d'Ashoka n'intervint que quatre ans après son avènement, ce qui laisse supposer une succession en effet mouvementée. Une fois au pouvoir, Ashoka nomma Radhagupta (le petit Vijaya de la légende) premier ministre. Toujours selon la légende, s'étant querellé avec ses conseillers et ses femmes, il aurait fait exécuter cinq cents ministres et autant de concubines. Ce massacre, ajouté à celui de ses frères, lui valut le surnom d'Ashoka-le-Cruel. Ce tableau brossé par la légende est bien sombre. Mais il est probable que les bouddhistes ont exagéré le côté violent d'Ashoka pour mieux mettre en lumière l'attitude pacifique qu’il eut ensuite. Dans les premières années de son règne, il mena la vie qui était habituellement celle d'un roi hindou de son âge. Huit ans après son sacre, il conquit le Kalinga lors d'une guerre terrible qui fit des centaines de milliers de victimes. Les horreurs du combat et leur cortège de misère, de tueries et de tragédies diverses provoquèrent chez le roi une prise de conscience des souffrances dont il avait été la cause et il en éprouva un remords poignant qui l'amena à changer radicalement sa conduite. Cette crise intérieure fut vraisemblablement la principale cause de sa conversion au bouddhisme qui, toutefois, semble avoir plusieurs versions selon les différentes sources. Quoi qu'il en soit, Ashoka prit alors deux résolutions capitales : ne plus faire la guerre, et propager le Dharma. A l'exception des édits eux-mêmes, toutes les sources attribuent à Ashoka la construction de quatre-vingt-quatre mille stupas après sa conversion. Dès lors, il reçut le titre de "Roi de la Loi correcte". Après que sa foi se fut affermie, il eut d'étroites relations avec la communauté des moines bouddhistes. Puis il entreprit ses "tournées de la Loi", apparemment décennales. Ayant achevé la première, Ashoka promulgua les quatorze édits sur rocher. Au cours de la seconde, il se rendit au lieu de naissance du Bouddha. Outre les stupas qu'il fit ériger, le roi fonda des couvents, fit de nombreux pèlerinages et envoya des missionnaires dans toute l'Inde, ainsi qu'en Syrie, en Egypte et en Macédoine. L'hypothèse selon laquelle Ashoka convoqua à Pataliputra le troisième concile bouddhique est assez controversée. Qu'il eût lieu ou non sous son règne, nous savons qu'il s'était réuni pour expulser de la communauté des moines hérétiques qui s'y étaient introduits. Il s'agissait de définir l'orthodoxie. Le concile dura neuf mois ; les participants proclamèrent pour finir que la tradition appelée Sthaviravada représentait la seule forme d'orthodoxie du bouddhisme. Mais revenons à Ashoka. Sa vie nous est assez mal connue. Les édits,
hormis la mention de ses remords après la guerre du Kalinga, sont muets
à ce sujet. Les récits fantastiques, en revanche, abondent dans les
légendes. Résumons les épisodes les plus célèbres. La nuit où les quatre-vingt-quatre mille stupas furent érigés, Padmavati, l'une des femmes du roi, mit au monde un fils dont les yeux étaient si beaux qu'on l'appela Kunala, du nom d'un oiseau au regard superbe. Il fut plus tard instruit dans la foi bouddhique et fit preuve d'une grande piété. Mais la reine principale, Tishyarakshita, s'était éprise de lui ; repoussée avec indignation, elle se vengea. Profitant d'une maladie d'Ashoka, elle rédigea et scella de la marque des dents du souverain endormi un édit ordonnant d'arracher les yeux de Kunala. Personne ne voulant exécuter cet ordre barbare, Kunala se fit lui-même arracher les yeux et erra de ville en ville pour finalement échouer à la porte du palais de son père, qui le reconnut. Pour finir, en vertu de ses mérites, Kunala recouvrit la vue. Tishyarakshita, décidément célèbre, est l'héroïne d'une autre histoire. Jalouse de l'arbre de la bodhi que vénérait Ashoka, elle tenta de faire mourir le pipal par des épines empoisonnées. Mais, émue par la douleur du roi devant l'arbre dépérissant, elle lui redonna vie en l'arrosant de lait. Les récits de ce genre abondent dans les légendes mais diffèrent d'une source à l'autre. En revanche, les diverses traditions convergent pour attribuer à Ashoka un règne de trente-six ou de trente-sept ans - ce qui situe sa mort aux environs de 236 avant notre ère. LES EDITS Les édits d'Ashoka actuellement connus sont au nombre de trente-trois. Les premières inscriptions sont de l'an 12 du sacre du roi (c'est ainsi qu'il les date) et les dernières de l'an 27. Gravés à même le rocher ou sur des colonnes de pierre, les édits sont répartis aux quatre coins du royaume. Ils constituent le premier document de l'histoire indienne dont l'authenticité a été prouvée et qui est daté avec une relative précision. Ce sont des ordonnances d'inspiration bouddhique, clarifiant les mesures prises par Ashoka et les principes qu'il recommande. Dans ses édits, le souverain se désigne par le titre de "roi ami des dieux au regard amical". "Ami des dieux" est un titre qu'il partagea avec certains de ses prédécesseurs et successeurs ; celui de "au regard amical" avait également été porté par son grand-père. LE DHARMA D'ASHOKA Trois thèmes reviennent constamment dans les édits : l'interdiction de tuer les êtres vivants, l'obéissance et le respect dus aux parents, aux brahmanes et aux samanes (sages), et le bonheur dans ce monde et dans l'autre. Ajoutons les vertus que l'homme doit s'efforcer d'acquérir : la maîtrise des sens, la véracité, la pureté, la pitié, la douceur et la bonté, et nous aurons en mains toutes les données du problème. Observer la loi consiste à pratiquer un certain nombre de vertus, et cette pratique mène au bonheur. Ainsi, le dharma tel que l'entend Ashoka est l'expression des grands principes de ce qu'on peut appeler la "loi naturelle". Il s'agit d’éviter le mal, de pratiquer la vertu, d'être bon envers autrui. Les édits ne comportent aucune trace des théories fondamentales du bouddhisme, mais on trouve leurs parallèles dans les conseils donnés aux croyants laïcs dans les écrits bouddhiques. Ce sont des règles générales de morale qui impliquent, bien sûr, l'amour des autres et le désir de les rendre heureux. En conséquence, Ashoka interdit le meurtre inutile des animaux, fait planter des arbres et creuser des puits à l'usage des hommes et des animaux, et s'intéresse au sort des prisonniers. "Je considère que mon devoir est le bien de tout le monde. (...) Car il n'y a pas d'activité supérieure à faire le bien du monde entier" (sixième édit sur rocher). L'unique gloire à laquelle il aspire est que son peuple se conforme à la pratique de la Loi. La puissance, la renommée et la richesse ne font pas partie de ses buts. C'est assez inédit pour un monarque... En souverain qui prône l'impartialité, Ashoka protège indistinctement toutes les sectes, chargeant ses fonctionnaires de veiller aux intérêts de chacune d'elles. Profondément tolérant - ce qui est une tradition dans le bouddhisme - il demande aux membres des diverses communautés "la retenue du langage, de façon qu'on s'abstienne d'honorer sa propre secte ou de dénigrer les autres sectes hors de propos. Il faut même rendre honneur aux autres sectes à chaque occasion" (douzième édit sur rocher). Respectueux des traditions, Ashoka sait aussi rompre avec certaines d'entre elles. Ses sujets peuvent l'approcher comme un simple mortel (bompu) alors qu'en tant que roi, il est un "deva", un dieu qu'on n'approche pas. Il circule parmi les hommes, contrairement à ses prédécesseurs qui les tenaient à l'écart. Ashoka n'a pas la prétention d'inventer quoi que ce soit. Simplement, le Dharma qu'il prône est un moyen privilégié pour que ce monde soit meilleur, pour que le bien-être et la sécurité du peuple l'emportent sur la douleur. Et lorsqu'il s'adresse à ses sujets, c'est pour leur proposer un idéal de bonne conduite. Sans vouloir bousculer la tradition qui existait déjà en Inde avant son règne, Ashoka s'efforce réellement de mettre en pratique l'enseignement bouddhique. Il respecte en cela l'attitude que le Bouddha, à son époque, avait adoptée : Shakyamuni dispensa son enseignement parallèlement aux autres doctrines existantes, sans prétendre leur nuire. LA POLITIQUE D'ASHOKA L'immense empire gouverné par Ashoka exigeait une solide administration dont nous ne donnerons pas les détails. Disons simplement que le roi était assisté d'un nombre impressionnant de fonctionnaires. Ils étaient chargés de veiller au maintien de l'ordre, de protéger les faibles, les enfants, les vieillards, de punir ceux qui enfreignaient les lois de façon à assurer la sécurité du peuple. Ashoka entendait que ses fonctionnaires se conforment, dans l'exercice de leurs fonctions, à la Loi et à la morale qu'elle implique. Il créa même les "surintendants de la Loi", chargés de veiller sur les sectes et surtout d'enseigner la Loi au peuple et d'assister tous les sujets, moralement et matériellement. Grâce à cette politique, Ashoka s'employa activement et avec succès à faire régner la vertu dans son royaume. On ne relève aucun indice d'aucun trouble pendant son règne. Mais le terme d' "ordre social" ne recouvre pas la même réalité pour le roi hindou et pour le roi bouddhiste. Dans la conception du premier, l'ordre est maintenu - nous l'avons vu - lorsque chacun accomplit les devoirs impliqués par sa classe. Pour Ashoka, s'il n'a pas le moins du monde tenté de réformer le système social (il ne fut pas un révolutionnaire), il l'a visiblement considéré comme une réalité avec laquelle il fallait compter. En bouddhiste qu'il était, il traitait tous ses sujets impartialement, sans s'attacher à leur rang social qui, pour lui, était sans importance. Dans l'esprit d'Ashoka, donc, l'ordre de la société implique que chacun observe le Dharma, c'est-à-dire, en deux mots, une bonne conduite. Cette conception est assez éloignée de celle du roi traditionnel. En matière de justice, Ashoka exigeait que ses surintendants soient impartiaux et que nul ne soit emprisonné sans raison. Mais il n'abolit pas la peine de mort, ce qui peut surprendre. Il eut par ailleurs une politique étrangère tout à fait originale. "La victoire que l'ami des dieux considère comme la première de toutes, c'est la victoire de la loi" (treizième édit sur rocher). Son règne, après sa conversion au bouddhisme, fut parfaitement pacifique et l'histoire montre qu'Ashoka ne fut l'objet d'aucune animosité de la part de ses voisins. Il faisait connaître ses bonnes intentions aux autres Etats par l'intermédiaire des surintendants. Il les voulait "sans appréhension à son sujet, qu'ils aient confiance en lui, qu'ils n'aient de lui que du bonheur et aucun mal" (édits séparés du Kalinga). L'amour qu'il portait aux hommes ne pouvait se limiter à un cadre géographique précis. Il le manifestait par son zèle à propager la Loi, clé du bonheur dans ce monde et dans l'autre. (Entendons-nous : il s'agit du Dharma d'Ashoka et non de la Loi bouddhique dont la propagation revenait aux moines.) Ses surintendants allèrent en Syrie, en Egypte, en Macédoine. De leur côté, des moines bouddhistes se rendirent également à l'étranger. Les missions pacifiques remplacèrent ainsi les expéditions militaires. Le bouddhisme, sous le règne d'Ashoka, connut une expansion sans précédent. Nous pouvons dire en résumé qu'Ashoka ne renia de la tradition héritée de ses ancêtres que les conceptions incompatibles avec son Dharma personnel, fortement inspiré du Dharma bouddhique – sans toutefois coïncider parfaitement avec lui. C’est ainsi qu’il prôna l'abstention du meurtre, la douceur, la bonté, la piété, la charité, le respect d'autrui, et même les égards envers les domestiques et les esclaves, en un mot : l'amour des autres. Nous sommes loin du roi hindou. Cette philosophie politique est pour le moins inédite. L'histoire nous montre plutôt que, d'une manière générale, les hommes au pouvoir exigent principalement de leurs subalternes les compétences requises pour leurs fonctions, la défense des intérêts du pouvoir en question et la protection de l'autorité en place contre toute éventuelle force adverse. Du moins à notre connaissance, la première préoccupation d'un gouvernement n'est pas le maintien de la moralité, le bonheur individuel de ses sujets ou citoyens, ni tout autre souci essentiellement humanitaire. On peut même dire sans craindre d'être pessimiste que le domaine de la politique est par excellence le lieu où s'épanouissent le désir de pouvoir et de gloire, ainsi que l'avidité de l'argent et de la puissance qui en découle. Ashoka, à cet égard, fut une figure remarquable - sinon unique - dans l'histoire de l'humanité. Ce fut sous son règne que, pour la première fois, l'Inde fut pacifiée et unie. A la mort du roi, cependant, l'empire se démantela, s'écroulant sous le poids même de son étendue. Le coup final fut porté par les invasions grecques et une révolte militaire. Les derniers Maurya régnèrent sans doute simultanément sur différentes provinces de l'empire. Il n'en reste pas moins vrai qu'Ashoka est le seul exemple, dans toute l'histoire de l'humanité, d'un souverain victorieux, au sommet de sa puissance, qui renonce publiquement aux conquêtes et donc à la guerre pour adhérer au message de paix d'une religion universelle. Il prouva que la stabilité politique d'un pays et ses relations pacifiques avec ses voisins pouvaient être le résultat de la non-violence, et que le bonheur du peuple pouvait aussi faire partie des préoccupations politiques. Une belle leçon. Anne-Marie LOISEAU. Collection "Lexis" n°2
Un extrait des Edits d'Ashoka : « On ne devrait pas honorer seulement sa propre religion et condamner les religions des autres, mais on devrait honorer les religions des autres pour cette raison-ci ou pour cette raison-là. En agissant ainsi, on aide à grandir sa propre religion et on rend aussi service à celle des autres. En agissant autrement, on creuse la tombe de sa propre religion et on fait aussi du mal aux religions des autres. Quiconque honore sa propre religion et condamne les religions des autres le fait bien entendu par dévotion à sa propre religion, en
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