Chapitre IX - La guérison du mal
Puisque la maladie parait quand il y a de mauvaises conditions ou de bonnes conditions qui sont mal ajustées, le disciple du Bouddha par l'observation des Préceptes en suivant le Noble Sentier et en pratiquant Dhyana devrait en être libre ou presque libre. Le sage contrôle de l'esprit est le meilleur préventif contre la maladie, il est aussi le meilleur remède pour en guérir. Si le corps, l'esprit, la respiration sont bien réglés et que les circonstances (de la vie) sont en harmonie avec les enseignements du Bouddha, on doit pouvoir éloigner presque toutes les maladies et guérir la plupart des blessures. On doit faire tout ce que l'on peut pour se maintenir en bonne santé, car la maladie n'est pas digne pour celui qui avance vers l'Eveil (note) et de plus la mauvaise santé est un empêchement à la pratique de Dhyana. Il y a deux points à ce sujet que l'on doit avoir présents à l'esprit. Celui, d'abord, qui traite de la nature de la maladie, de son développement et de ses symptômes. Le second point se réfère aux méthodes de traitement. Dans le premier point il faut distinguer la maladie causée par les conditions externes de celle qui est causée par les irrégularités de l'esprit. (note) Dans les deux cas on doit observer le début de la maladie et essayer d'éviter qu'elle devienne sérieuse en corrigeant (aussitôt que possible) les conditions externes et internes. Quels sont les meilleurs remèdes ? Le meilleur est la pratique d'Arrêter (les pensées) et d'employer et d'employer l'Examen. Ici Arrêter veut dire : écarter les mauvaises conditions (se libérer d'elles) et de mettre fin aux habitudes mauvaises. L'Examen indique l'introspection et la réflexion sur l'aspect vide (ku) de tous les phénomènes. Si l'on cesse de permettre à l’esprit de se préoccuper des symptômes, si on le force à réfléchir, d'une façon suivie sur l'irréalité des corps et des idées, l'esprit deviendra tranquille et les symptômes disparaîtront. La raison de ceci est que la plupart des maladies sont causées par les irritations de l'esprit, et si on peut les contrôler par l'attention juste, l'esprit deviendra bienveillant et tranquille, la maladie disparaîtra.
On peut se servir des médecines tirées des minéraux ou des végétaux, si elles ont un rapport approprié avec la maladie. On peut dire la même chose sur l'application juste des façons et des moyens de pratiquer l'Examen (vipassana, kan). Chaque pratique doit être appropriée (ou en correspondance) avec la maladie mentale. En traitant la maladie par l'un des procédés de l'Examen (vipassana, kan), il est nécessaire, si l'on veut obtenir de bons résultats, d'employer dix moyens :
1° La confiance (ou la foi). Il faut croire que le remède fera du bien.
2° L'application. Il faut se servir du remède d'une façon juste et en temps voulu.
3° La diligence. Il faut appliquer le remède sérieusement sans relâche jusqu'à la guérison.
4° Les conditions permanentes. Cela veut dire que l'esprit doit garder sa concentration continuellement fixée sur le Dharma.
5° Le discernement des causes.
6° Les moyens habiles (hoben). Par cela il faut comprendre que la respiration juste, la pratique juste, les pensées justes doivent être bien ajustées et équilibrées.
7° La longue pratique. Si l'on a le bienfait de la pratique de Dhyana, il faut fidèlement continuer sans faire attention au temps qui passe.
8° Le choix des moyens. Il faut observer et noter l'effet d'un remède, se rendre compte si tel remède est utile ou nuisible et, selon le résultat, on décidera de continuer l'emploi du remède utile.
9° Maintenir et protéger. Il faut protéger le corps par le meilleur emploi de l'esprit.
10° Les empêchements. Si on tire bénéfice de la pratique de Dhyana il ne faut pas s'en vanter aux autres et si l'on n'arrive pas à se débarrasser des empêchements (à la méditation) il ne faut pas devenir l'occasion de doutes et de calomnies. Si la maladie est traitée par ces moyens, on obtiendra certainement de bons résultats.