Est-ce que la récitation du mantra (chanting) remplace la méditation ? |
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Michael McCormick, a été ordonné prêtre par la Nichiren Shu. |
Réponse à une question posée sur son Face-Book le 6 aout 2018 https://www.facebook.com/michael.mccormick.1422/posts/1835899439798166?notif_id=1533643521775751¬if_t=nf_comment_story |
Citta-bhavana signifie littéralement « exercice mental » et c’est un terme générique pour de nombreux types de pratique bouddhique.
La pratique bouddhique comporte essentiellement deux phases : samatha (arrêt ou calme) et vipassana ou examen, introspection, contemplation. La première vise la tranquillité de l’esprit par la concentration, la seconde recherche la compréhension (l’Eveil).
Par l’exercice de samatha (concentration-apaisement) on surmonte temporairement le désir, la mauvaise volonté, l'agitation, la somnolence et les doutes nocifs. Il est ainsi possible de parvenir à quatre états appelés dhyanas (sanskrit), jhana ( pali) ; en chinois on les appelait chan'na que les Japonais ont prononcé zen).
Le premier dhyana* se caractérise par la réflexion intense et continue sur un sujet donné, par l’aisance corporelle et par le bien-être né de la facilité mentale pour fixer son esprit sur ce sujet. Dans le deuxième dhyana*, la réflexion intense et continue disparait. Dans le troisième, la perception corporelle disparait. Dans le quatrième, le bien-être et la facilité mentale sont remplacés par une équanimité plus stable et plus sereine. Les sujets de méditation sont innombrables ; l’attention sur le souffle est largement popularisée mais il y en a bien d’autres : contemplation du Bouddha, du Dharma ou du Sangha, la félicité des royaumes célestes, la sérénité; on peut visualiser des figurations plus ou moins colorées, etc. Beaucoup pensent que la récitation du mantra exige un effort conscient pour atteindre les dhyanas* supérieurs et cela peut être en soi une forme de pratique. Mais d’autres ont expérimenté un état où le mantra semble se poursuivre sans aucun effort délibéré, sans contrôle conscient et ce qu’ils en disent me semble correspondre à des états d'équanimité supérieure. Toutefois, la pratique de concentration-apaisement ne suffit pas, car incomplète. Le Bouddha lui-même a rejeté cette approche comme imparfaite et incapable d'éteindre définitivement les kleshas (détresses émotionnelles, défilements). Le Bouddha a enseigné spécifiquement la contemplation menant à l’éveil et à la vue juste (vipasyana = connaissance correcte). Il est indispensable de fixer son attention sur différents aspects du Dharma et / ou les réalités concrètes de la vie, d'abord analytiquement, mais éventuellement de manière plus directe et intuitive. La question n’est pas vraiment de dépasser le premier dhyana* . La psalmodie du mantra a été utilisée comme une pratique d’éveil par divers groupes bouddhistes. Ceux de Nichiren peuvent, en récitant le daimoku, contempler Namu Myoho Renge Kyo et ce qu’il représente (qu’est ce qui mène vraiment aux "phénomènes merveilleux" de sa propre vie). On peut aussi réciter un mantra avec la question "qui récite?" Il existe de multiples manières, dont la récitation du mantra, d’arriver au vipasyana. Dans la Nichiren Shu, nous avons une pratique appelée méditation shodaigyo qui consiste à rester assis silencieusement (concentré sur la respiration jusqu’à un point précis du ventre), puis à psalmodier lentement le daimoku, augmentant progressivement le tempo, puis diminuant lentement le rythme (peut-être plusieurs cycles d'accélération et ralentissements lors d’une longue session de pratique), puis terminer par une autre période de silence (en contemplant le daimoku). |