Commençons aujourd’hui par lire les passages suivants du Sutra du Lotus2 :

Manjushri, il en est comme par exemple d'un saint roi qui fait tourner la roue du Dharma, de grande puissance, qui désire soumettre les royaumes à son autorité : les rois mandalins n'obéissent pas à son ordre ; le roi Chakravartin lève alors toutes sortes d'armées et s'en va les combattre. Le roi considère ses armées : il se réjouit grandement de ceux qui ont montré de la bravoure au combat et les récompense selon leurs mérites, soit par des dons de champs et de domaines, de villages ou de villes, soit par des dons de vêtements ou de parures corporelles, soit par des dons de diverses sortes de matières rares et précieuses d'or, d'argent, de béryl, de nacre, d'agate, de corail et d'ambre, ou avec des éléphants, des chevaux, des chars, des esclaves, des populations. Mais seul le joyau limpide qui est dans son ushnisha, il ne le leur donnera point. Pourquoi cela ? Ce n'est que sur le chef d'un roi que se trouve ce joyau unique ; s'il le donnait, toute sa suite en serait à coup sûr grandement étonnée et intriguée.

Manjushri, il en va de même pour l'Ainsi-Venu : il a gagné, grâce à la force de sa concentration (samadhi) et de sa prajna, un royaume du Dharma et règne sur les trois mondes. Or les rois-mara démoniaques ne consentent pas à se soumettre ; les sages et les saints, qui sont les généraux de l'Ainsi-Venu, engagent le combat contre eux. De ceux qui ont bien mérité, il est fort content en son cœur : au milieu des quatre congrégations, il leur prêche les sutras et leur met le cœur en allégresse ; il leur fait don de concentrations (dhyana), de délivrance, de racines et de forces sans infections, de la richesse des diverses méthodes. En outre, il leur fait don de la cité du nirvana et leur dit qu'ils obtiendront de passer en nirvana ; il guide ainsi leurs pensées à tous vers une grande allégresse, et cependant, il ne leur prêche pas ce Sutra du Lotus du Dharma.

Manjushri, de même que le roi Chakravartin, voyant parmi ses armées ceux qui sont de grand mérite, se réjouit en son cœur et que de ce joyau inconcevable, posé de longue date dans son ushnisha, qu'il ne donne pas inconsidérément, il fait à présent don, ainsi en est-il pour l'Ainsi-Venu. Il est le grand roi du Dharma dans les trois mondes, il enseigne et convertit par son Dharma l'ensemble des êtres. Voyant l'armée des sages et des saints combattre contre les démons-mara des cinq agrégats, contre les démons-mara des passions, contre les démons-mara de la mort et s'y distinguer par de grands mérites, détruire les trois poisons, sortir des trois mondes-états, briser les filets de Mara, l'Ainsi-Venu à ce moment se réjouit grandement lui aussi : ce Sutra du Lotus du Dharma, capable de faire accéder l'ensemble des êtres à l'omniscience, qui a de nombreux ennemis dans l'ensemble des mondes, qui est difficile à croire, qu'il n'avait jamais exposé auparavant, il le leur prêche à présent.

Manjushri, ce Sutra du Lotus du Dharma est la prédication suprême des Ainsi-Venus ; c'est la plus profonde des diverses prédications et il est donc donné en dernier lieu, comme ce souverain puissant qui a longtemps gardé son joyau limpide et en fait don à présent. Manjushri, ce Sutra du Lotus du Dharma est le réceptacle des secrets des bouddhas Ainsi-Venus, le plus haut des sutras ; au cours de la longue nuit des siècles, ils l'ont sauvegardé sans l'exposer inconsidérément. Aujourd'hui, enfin, il vous est dévoilé.

Après la lecture de ce passage, poursuivez votre pratique en partageant le reste de votre temps entre récitation de Namu Myoho Renge Kyo et lecture du Chapitre XVI en shindoku. Comme vous vous en doutez, continuez aussi à vous concentrer sur les trois voies justes que vous avez choisies et, dès cela vous est possible, poursuivez votre pratique de Namu Myoho Renge Kyo pendant vos activités quotidiennes.

Réciter daimoku en son for intérieur peut vous sembler superflu, insignifiant, ce qui ne me parait pas vrai du tout. Cette pratique comporte en fait divers bienfaits. Elle peut, par exemple, rappeler à votre esprit que vous tentez d’instaurer la pratique bouddhique dans chaque aspect de votre vie, et pas seulement de façon temporaire ou intellectuelle.

Autre bienfait : votre vie adoptera toujours plus profondément l’esprit et le cœur du Sutra du Lotus, peut-être même sans que vous le conscientisiez tout à fait. Tout comme il n’est pas nécessairement utile de comprendre parfaitement le fonctionnement d’appareils aussi complexes que peut être celui d’un téléviseur ou d’un téléphone, voire d’une radio ou d’Internet, comprendre parfaitement le bouddhisme n’est pas plus nécessaire, puisque réciter intérieurement Namu Myoho Renge Kyo vous relie à l'esprit ou, comme susmentionné, au cœur de l'enseignement du Sutra du Lotus.

En outre, réciter daimoku, qui est une pratique méditative, procure des bienfaits physiologiques tels que diminution de la pression artérielle et du rythme cardiaque. Cette activité aide également à libérer l'esprit des nombreuses pensées qui le distraient, permettant à votre sagesse innée et votre état de Bouddha d’émerger et se manifester. Toutes ces raisons devraient donc vous inciter à réciter le titre sacré du Sutra dès que vous en avez la possibilité.

Le passage d’aujourd’hui contient une courte parabole, le joyau dans l’ushnisha. En le lisant, vous vous êtes peut-être demandé quelle relation peut entretenir un roi qui part à la guerre avec le Bouddha. Mais plus loin, nous lisons que le Bouddha était comme ce roi, car il a combattu les forces de Mara, le roi Démon.

Juste avant que le Bouddha n'atteigne l'éveil, alors qu'il était assis sous l'arbre bodhi, il fut confronté aux forces démoniaques de Mara qui tâchaient de contrer son éveil. Ayant réussi à vaincre les forces puissantes que Mara avait déchainées contre lui, le Bouddha atteignit finalement l'éveil, permettant ainsi à l'humanité entière de rompre les liens de la souffrance.

Nous aussi devons combattre notre propre Mara, ces pensées que formule notre esprit qui essaient de nous décourager, voire de nous faire abandonner la pratique. Je vous parlais d’ailleurs précédemment des circonstances qui nous empêchent de pratiquer, alors qu’aujourd’hui il est question des obstacles propres à notre esprit. Ces obstacles peuvent emprunter diverses formes : manque de confiance en soi, doutes sur notre capacité à atteindre l’Éveil, sur la justesse du bouddhisme ou la valeur de la pratique. Nous vivons tous de tels moments au cours desquels nous avons l’impression que tout est impossible ou que rien n’en vaut la peine.

Prendre conscience du fonctionnement de notre esprit est la première étape pour surmonter ce genre de difficultés. Mara n'est pas tant un personnage réel qu'une figure ou une personnification de tout ce que notre esprit est capable de fabriquer, nous empêchant de devenir heureux ou de nous éveiller.

Dans ce passage du Sutra, le Bouddha explique qu’il a gardé en réserve l’enseignement bouddhique le plus précieux et le plus important, à savoir le Sutra du Lotus. Il nous dit que c'est dans ce Sutra que se trouve le plus grand trésor des bouddhas ; il nous dit que ce Sutra est supérieur à tous les autres sutras jamais enseignés.

Cette déclaration, qui peut sembler audacieuse, a du mérite pour la simple et bonne raison que ce Sutra contient des enseignements qui ne furent encore jamais révélés dans aucun autre sutra, et dont nous découvrirons ensemble encore quelques autres. Parmi ceux que nous avons vus jusqu'à présent figurent l’importance de la congrégation ; la présence de nombreuses divinités ; les prédictions d'éveil pour les personnes qui ne pouvaient auparavant y accéder ; l'éveil des plantes et des animaux ; l'éveil des femmes.

En ce qui concerne l'éveil des femmes, nous avons lu avant-hier un passage sur la fille du Roi Dragon. Dans une partie que nous n'avons pas lue hier, il est aussi question de l'éveil de Gautami et de Yasodhara, respectivement la tante et l’épouse du Bouddha. Cela montre que les femmes sont clairement incluses dans la promesse d’Éveil alors qu’elles en étaient exclues auparavant. C'était donc un enseignement extrêmement révolutionnaire !

Je vous souhaite une journée pleine de joie. Demain nous attend un événement passionnant dont les répercussions sur notre vie seront nombreuses.


1Source accessible sur https://ryusho.org/blog/?p=3082

2La version intégrale du chapitre traduit en français est disponible ici