Aujourd’hui, commençons par lire les passages suivants du Sutra du Lotus2 :

Fils de foi sincère,
réfléchissez-y chacun avec lucidité,
c'est une entreprise bien difficile
et il convient de déployer une grande résolution.

(1) Tous les autres sutras,
nombreux comme les sables du Gange,
même si on les exposait,
ne poseraient pas de difficulté.

(2) Saisir le Mont Sumeru
pour le projeter au loin,
dans d'innombrables Terres de bouddha,
ne serait pas non plus difficile.

(3) Si l'on devait d'un coup de pied
envoyer un monde majeur
dans un autre kalpa,
ce ne serait pas non plus difficile.

(4) Se tenir au sommet du ciel Akanishtha
pour prêcher les sutras autres que le Sutra du Lotus,
ce ne serait pas non plus difficile.
Mais, après le parinirvana du Bouddha,
en un mauvais âge, être capable de prêcher ce Sutra,
voilà qui est difficile.

(5) Quand bien même il s'en trouverait
pour attraper le ciel
et le porter à bout de bras,
ce ne serait pas non plus difficile.

Mais qu'après mon parinirvana,
on le copie soi-même pour le préserver,
ou qu'on le fasse copier par d'autres,
voilà qui est difficile.

(6) Prendre la vaste terre
pour la placer sur un ongle
et monter ainsi jusqu'au Ciel de Brahma,
ce ne serait pas non plus difficile.

Mais après le parinirvana du Bouddha,
dans un âge mauvais,
lire ce texte, même brièvement,
voilà qui est difficile.

(7) Porter sur son dos de l'herbe sèche
sans être brûlé
par le grand feu de la fin de kalpa,
cela ne serait pas non plus difficile.

Mais qu'après mon parinirvana,
l'on préserve ce Sutra
et qu'on l'expose ne serait-ce qu'à un seul,
voilà qui est difficile.

(8) Faire obtenir aux auditeurs-shravakas les six pouvoirs mystiques
en leur prêchant les 80000 enseignements
et les douze classes de sutra,
même être capable de tels faits ne saurait être tenu pour difficile.

Mais qu'après ma disparition,
on écoute et accepte ce Sutra,
qu'on interroge sur sa signification,
voilà qui est difficile.

(9) Faire parvenir la foule d'êtres
aussi nombreux que les sables du Gange
au stade d'arhat possédant les six pouvoirs mystiques,
même avoir une telle activité bienfaisante
ne serait pas non plus difficile.

Mais qu'après ma disparition
l'on soit capable de se dévouer à garder
un Sutra tel que celui-ci,
voilà qui est difficile.

J'ai, pour la Voie de bouddha,
en d'innombrables terres,
du début jusqu'à maintenant,
amplement exposé les Écritures,
et parmi celles-ci,
ce Sutra est primordial.

Quiconque est capable de le garder
garde en conséquence le corps de bouddha.
Fils de foi sincère,
qui pourra, après ma disparition,

Recevoir et garder,
lire et réciter ce Sutra?
Qu'à présent, devant l'Éveillé,
il prononce de lui-même son serment.

Garder ce Sutra est difficile.
Quiconque le fera sien, ne serait-ce qu'un seul instant,
provoquera mon allégresse
et celle des autres bouddhas.

Une telle personne sera admirée des bouddhas
Ce sera une personne de valeur et de courage,
que l'on devra considérer à l'égal de ceux qui ont observé les préceptes
et pratiqué les dhutas (l'ascèse).

Une telle personne atteindra rapidement
l'Éveil insurpassable du Bouddha.
Quiconque lira ou récitera ce Sutra dans le futur
sera le véritable enfant de l'Éveillé
et devra être considéré comme vivant
à un stade de pureté et de bonté.

Quiconque après mon parinirvana, sera capable de comprendre
le sens de ce Sutra, sera "les yeux du monde"
pour ce qui est divin et ce qui est humain.
Quiconque exposera ce Sutra, ne serait-ce qu'un seul instant
dans ce monde dégénéré, sera digne d'offrandes
de l'ensemble des êtres du monde, des devas et des hommes.

Après la lecture de ce passage, partagez la fin de votre temps restant entre la récitation de Namu Myoho Renge Kyo et la lecture du Chapitre XVI en shindoku. Vous terminez aujourd’hui votre troisième semaine de pratique et d’étude du Sutra du Lotus. Toutes mes félicitations ! J’espère sincèrement que ce ne fut pas trop difficile.

En parlant de choses difficiles, que pensez-vous du passage que vous venez de lire ? Peut-être n’avez-vous pas remarqué qu’il se compose de deux parties : la première parle des six actions difficiles et des neufs actes aisés ; la seconde, de la difficulté de garder ce Sutra.

[…]

Trois points importants à relever ici : le premier est qu’il n’est pas facile de pratiquer et de garder cet enseignement du Bouddha. La deuxième est que parmi tous les sutras que le Bouddha a enseignés, celui-ci est le plus important et le plus difficile à observer. Enfin, le troisième point révèle qu’en pratiquant, suivant et embrassant ce Sutra, toute personne sera louée par l’ensemble des Bouddhas et atteindra l’Éveil.

Lire cette série d’actions faciles et difficiles m’amuse toujours car pour moi, aucune action décrite comme facile n’est réellement facile. Je sais pourtant combien il est difficile de pratiquer le Sutra du Lotus, surtout tout au long de sa vie. Mais j’y suis parvenu, lentement et sûrement, une expérience qui, avec le recul, me semble très bénéfique. Puisse ce guide de pratique vous aider à établir une pratique quotidienne telle qu’elle se poursuive longtemps.

Alors que vous êtes sur le point d’entamer votre quatrième semaine de pratique, vous aurez sans doute remarqué que certaines situations l’entravent parfois. J’aimerais donc que vous y réfléchissiez et preniez un peu de temps pour les noter : par exemple, seriez-vous trop fatigué, trop occupé ou dormiriez-vous trop tard ? Ou peut-être même serait-ce trop perturbant. Quel que soit l’obstacle, notez-le sans éprouver quelque culpabilité ni remords que ce soit. Soyez juste honnête avec vous, l’honnêteté étant justement une pratique bouddhique clé : apprendre à se connaitre de manière franche et honnête afin de pouvoir commencer à travailler sur soi et changer ce qui empêche d’être heureux.

Une fois recensé tout ce qui vous empêche de pratiquer au quotidien, vous serez plus clair avec vous-même et pourrez mieux affronter ce qui vous gêne. Considérez les obstacles que vous rencontrez au cours de la journée. Essayez de trouver la cause de ce qui vous empêche de pratiquer. Encore une fois, agissez ainsi sans honte ni culpabilité, mais avec honnêteté. Les faits sont ce qu’ils sont : en les examinant, nous pouvons commencer à les changer, alors que si nous les ignorons, aucun changement ne peut se produire.

En examinant les éléments qui vous empêchent de pratiquer, voyez s’ils suivent un schéma. Parmi les six actions difficiles et les neufs actes aisés, vous avez peut-être remarqué que les six actions difficiles sont de nature mentale, voire spirituelle, alors que les neufs actes aisés sont de nature physique. Cela nous montre que les pensées qui habitent notre esprit, notre âme ou nos émotions sont souvent les plus difficiles à changer. Cette remarque vous aidera-t-elle à considérer vos obstacles différemment ?

Comme les jours précédents, continuez d’observer les deux voies justes que vous avez choisies ainsi que votre lien profond avec les autres.


1Source accessible sur https://ryusho.org/blog/?p=3070

2Traduction en français accessible sur http://www.nichiren-etudes.net/lotus/lotus-11.htm