Le don de saké clair

Lettres et traités de Nichiren Daishonin. ACEP - vol. 7, p. 329 ; SG* p. 1098.
Gosho Zenshu p. 1575 - Ueno ama gozen gohenji

Minobu, le 13 janvier 1281à Ueno-ama Gozen, la veuve mère de Nanjo Tokimitsu

 

J'ai bien reçu tous vos dons : un tonnelet de saké clair et dix pots verseurs en métal (hisage), cent mushi mochi et un baril contenant un ou deux sho de sirop, un panier de mandarines et dix brochettes de kakis séchés. J'ai lu votre message. Vous y dites votre joie au début du printemps (note), comparable à ce que l'on ressent devant l'épanouissement des fleurs de cerisier et l'éclat de la pleine lune.

Je ne peux m'empêcher de penser à votre fils Goro. Les fleurs tombées hier sont prêtes à refleurir aujourd'hui. Et les herbes séchées sont sur le point de repousser. Pourquoi le regretté Goro ne revient-il pas lui aussi  ? Ah Si Goro pouvait revenir avec les fleurs ou les herbes éphémères, même sans être le poète Hitomaro, nous l'attendrions auprès de ces fleurs  ! Même sans être des chevaux attachés à un piquet, nous ne quitterions plus la prairie !

Un passage de sutra dit que les enfants sont pour leurs parents des ennemis (réf.). Une telle affirmation n'est pas sans fondement. Le petit d'une chouette (fukuro) mange sa propre mère, et la bête sauvage qu'on appelle hakei tue son propre père. Un homme appelé An Lu-shan a été assassiné par son fils Shi Shi-ming  ; et le samouraï Yoshitomo tua son père Tameyoshi. Ainsi, ce sutra a de bonnes raisons de dire que certains enfants sont les ennemis de leurs parents.

Un autre passage de sutra dit que les enfants sont pour leurs parents un trésor. Le roi Myoshogon, au terme de sa vie, devait tomber dans l'enfer de la grande citadelle des souffrances incessantes, mais il a été sauvé par son fils, le prince héritier Jozo. Il parvint non seulement à échapper aux souffrances de ce grand enfer, mais devint un bouddha appelé Sharaju-o. Une femme du nom de Shodai-nyo, tombée par sa propre faute dans les voies de l'avarice et de l'avidité, était prisonnière du domaine des esprits faméliques*, mais elle fut sauvée par son fils Maudgalyayana et parvint grâce à lui à s'en libérer (réf.). Ainsi ce sutra a de bonnes raisons de dire que certains enfants sont un trésor pour leurs parents.

Le défunt Goro avait seize ans. Non seulement il était très remarquable par ses dispositions et sa beauté, mais il était déjà doté d'autant de force qu'un homme et suscitait les éloges de tous. De plus, il obéissait à ses parents aussi fidèlement que l'eau prend la forme du récipient qui la contient, ou que l'ombre suit le corps. Il était votre soutien, le pilier de votre maison  ; il était votre bâton de marche sur la route ; tous les trésors contenus dans vos coffres étaient pour cet enfant, ainsi que toutes les personnes à votre service. Vous étiez sans doute fermement convaincue que si vous mouriez, c'était lui qui vous porterait au cimetière sur son dos, et que vous n'auriez plus à vous préoccuper de rien. Mais, quel grand malheur, il vous a précédé dans la mort. Vous avez sans doute pensé : "Pourquoi  ? Pourquoi est-ce arrivé  ? Cela doit être un cauchemar, une illusion. Je vais me réveiller  ! " Mais vous ne vous êtes pas réveillée et une année entière s'est écoulée, ramenant une nouvelle année. Jusqu'à quand devrez-vous attendre  ? Vous ne le savez pas. Vous devez sans doute penser : "Ah, s'il m'avait au moins laissé le nom d'un lieu où je puisse le retrouver  ! " Alors, même sans ailes, vous vous seriez envolée jusqu'au ciel, même sans bateau, vous seriez allée jusqu'en Chine. Et si vous aviez appris qu'il était sous terre, rien n'aurait pu vous empêcher de creuser.

Il y a pourtant un moyen très facile de le rencontrer. En prenant le Bouddha Shakyamuni pour guide, vous pouvez aller le rejoindre sur la Terre pure du Pic du Vautour. Il est dit dans le Sutra : "Parmi ceux qui entendent ce Sutra, pas un seul ne manquera d'atteindre la bodhéité."(réf.) Cela veut dire que, même si une flèche en visant le sol, le manquait, même si le soleil et la lune tombaient sur la terre, même s'il n'y avait plus ni flux ni reflux de la mer, même si les fleurs ne donnaient plus de fruits en été, il serait impossible qu'une femme qui récite Namu Myoho Renge Kyo ne puisse pas retrouver son enfant aimé. Poursuivez avec assiduité votre pratique de daimoku et hâtez-vous de le vérifier.

Avec mon profond respect,
Nichiren.

Le 13e jour du 1er mois.

ARRIÈRE-PLAN- Nichiren Daishonin écrivit cette lettre à Minobu, le 13e jour du 1er mois de 1281, dans l'année précédant sa mort, à Dame Nanjo, la veuve mère de Nanjo Tokimitsu connue aussi sous le nom d'Ueno-ama Gozen.
Le titre de ce texte, "La lettre du saké clair", est emprunté au premier article mentionné dans la liste des offrandes de Dame Nanjo. Selon l'ancien calendrier lunaire, le Jour de l'An tombait entre le 21 janvier et le 19 février, et était célébré comme le commencement du printemps.
C'était le premier Nouvel An depuis le décès de Shichiro Goro, le plus jeune fils de Dame Nanjo, qui était mort quatre mois plus tôt à l'âge de seize ans. (Commentaire ACEP)

En anglais : Clear Sake Gosho ou The Gift of Clear Sake

- http : //www.sgilibrary.org/view.php?page=1091&m=1&q=Clear%20Sake
- commentaires : http : //nichiren.info/gosho/bk_Sake.htm

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