KAJI-KITO
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Le développement du Kaji Kito dans le bouddhisme Nichiren Shu | ||
CHAPITRE QUATRE Comprendre Kaji Kito La définition de kaji kito est restée ambiguë tout au long de l'utilisation du terme non seulement dans l'histoire du bouddhisme japonais, mais du bouddhisme ésotérique en général, en raison de plusieurs interprétations possibles. Le concept se compose de deux termes kaji et kito, tous deux ayant des significations très différentes mais qui, au long du développement historique du bouddhisme ésotérique, ont conduit à la fusion des deux termes. Ainsi, pour comprendre la signification du kaji kito et l'ambiguïté de sa définition, il faut analyser séparément les termes kaji et kito, puis examiner les raisons possibles de leur fusion. Le terme kaji trouve son origine dans le sanskrit adhisthana* . Bien que d’autres interprétations soient possibles, adhisthana fait généralement référence à une connexion établie entre l'individu et le Bouddha ou une divinité supérieure. Pour certains, c'est le fait, qu’après un accord mutuel, le Bouddha donne à l'individu la capacité de recevoir de lui une puissante bénédiction (réf.). L'individu acquiert ainsi un “pouvoir d'Eveil spécifique de la bouddhéité universelle" (réf.). Dans le bouddhisme ésotérique kaji peut être associé au concept de sokushin jobutsu (devenir bouddha dès ce corps) (réf.). Pour Kukai, l'importance résidait dans le sanmitsu kaji c’est à dire l'utilisation du sanmitsu, afin que l'individu se connecte au Bouddha et ne fasse plus qu’un avec lui. Pour Kukai, ce Bouddha était Mahavairocana. Notons qu'avant Kukai, on croyait qu’adhisthana* pouvait être seulement univoque, c.à d. provenir seulement d’un bouddha. Alors que l'ajout de la notion de sanmitsu montre que l'individu, ne faisant qu'un avec avec le Bouddha "donne" également quelque chose (réf.). Kaji est également perçu comme nyorai no daihi, le reflet de l'esprit sur l'eau, tels les rayons du soleil de l'Ainsi-Venu (réf.). Dans ce contexte, ka représente le reflet sur l'eau, tandis que ji est l'esprit du pratiquant, assimilé à l'eau sur laquelle se reflète le soleil de l'Ainsi-Venu (réf.). Cela s'étend à un autre concept important, celui de nyuga ganyu, "le Bouddha entre en moi, j’entre dans le Bouddha" (réf.). Cette relation réciproque correspond à l'échange de bouddhéité entre l'individu et le Bouddha, tout en maintenant le pouvoir du Bouddha et le désir du pratiquant qui cherche conseil auprès de lui. La définition générale du kito est la prière en tant que transmission d'énergie d'une divinité supérieure à un individu ou un objet. Dans l'histoire du Japon, l'idée commune était que la prière pouvait conduire l'individu à ne faire qu'un avec le Bouddha, notamment parce que la "prière" à un niveau très basique ne nécessite pas d'entraînement particulier. Les gens ont donc commencé à utiliser la prière en espérant des miracles. Cependant, on savait que les chances que leur prière soit entendue par le Bouddha étaient très faibles et donc, pour gagner les faveurs du Bouddha, les gens lui présentaient des offrandes. La croyance s'est ensuite répandue qu'en psalmodiant ou en prononçant des phrases spécifiques ou en récitant certains textes, les chances d'être entendus augmentaient. Et puis les gens se sont dit que le moyen le plus sûr d'atteindre leurs objectifs et d'exaucer leurs souhaits était de s'adresser à un individu bénéficiant des avantages acquis par une formation spirituelle qui lui permettait de se connecter aux divinités supérieures (réf.). C'est pourquoi la définition de kito fait souvent référence aux prières menées par les prêtres qui ont acquis les connaissances et les compétences pour effectuer cette transmission de kaji. Aujourd'hui les termes kaji et kito sont le plus souvent utilisés ensemble. C'est le résultat du développement historique de deux religions à l'écoute des espoirs et des souhaits des individus. De nombreuses sources montrent que ce terme fusionné se prête à différentes interprétations et à une compréhension quelque peu controversée parmi les spécialistes et le grand public. Par exemple, malgré l'aspect "rituel" du kaji, certains estiment que les prières spécifiques du kaji kito ne sont pas basées sur des rituels canoniques, mais se rapprochent de la magie et du mysticisme, et de ce fait ils jugeant le kaji kito comme l'équivalent du chamanisme. De plus, bien ce ne soit pas nettement explicité, la vénération de divinités a ses origines dans le shinto, comme nous le verrons brièvement dans la section suivante. |