Pratique alternée en anglais et français*
Questions/Réponses
Cérémonie d’Ouverture des yeux VS Cérémonie de Réception des préceptes (Gojukai ou Jukai)
- La définition* de la Cérémonie d’Ouverture des yeux est très simple : il s’agit d’une cérémonie bouddhique par laquelle une statue ou un mandala deviennent objets ou moyens pour focaliser sa dévotion, à savoir objets de focalisation tout comme, par exemple, peuvent l’être aussi un « Ofuda » ou un « Omamori », tous deux objets importants et symboliquement chargés, puisqu’ils représentent aussi le Bouddha, et dont il convient comme pour le Gohonzon de prendre grand soin.
- Cette cérémonie n’a rien de magique. Certains peuvent la percevoir comme étant explicable intellectuellement et psychologiquement, mais la façon dont procède le Révérend est plutôt pragmatique : il place les objets à « ouvrir » sur son autel (ou celui du temple), puis se concentre sur eux en lisant des passages du Sutra du Lotus et en récitant l’Odaimoku ainsi qu’en pensant à la personne qui lui a demandé de réaliser cette cérémonie.
- Nichiren s’appuyait sur la compréhension que Zhanlan, un grand patriarche chinois de l’école Tiantai, avait de la nature de bouddha : ce dernier disait que possédant la bodhéité, les plantes pouvaient donc elles aussi révéler leur nature de bouddha. Par conséquent, l’idée d’une « ouverture » fait partie intégrante du concept d’Ichinen Sanzen par lequel quelqu’un est capable d’aider une plante, un objet, une personne à s’ouvrir à sa nature de bouddha.
- Il est bon de différencier la Cérémonie d’Ouverture des yeux de la cérémonie Gojukai (ou Jukai), qui consiste dans le fait d’accepter des préceptes marquant sa conversion au bouddhisme. Elle est conduite par le moine de l’école nichirénienne que l’on aura choisie et s’accompagne souvent de l’installation d’un Gohonzon chez le nouvel adepte. C’est à ce moment-là qu’intervient la Cérémonie d’Ouverture des yeux.
- La transmission d’un Ofuda, d’un Omamori ou d’un Gohonzon peut être comparée à la transmission d’une ceinture lors d’un examen d’aptitude à un art martial, à la ceinture noire que reçoit par exemple un judoka. Cette ceinture est non seulement le signe du degré de maitrise que possède le judoka, mais sa transmission par un maitre devant une assemblée d’autres pratiquants est elle aussi une manière de reconnaitre ses capacités, la ceinture en devenant alors le signe distinctif. Lors de la transmission de l’un des objets bouddhiques précités, le moine certifie ainsi ce dont un pratiquant peut être capable, son aptitude à vouloir avancer sur la voie du Bouddha*.
- Il existe une autre cérémonie que pratique également la Nichiren Shu, celle de « la Fermeture des yeux », utilisée par exemple quand un mandala Gohonzon, ne pouvant plus être utilisé comme il se doit, reste dans son étui. Cette cérémonie lui fermera en quelque sorte les yeux, le mettant au repos et l’apaisant de tout pouvoir particulier.
- Garder néanmoins à l’esprit que dans la Nichiren Shu, le Gohonzon est bien sûr un objet important, mais plutôt perçu comme un objet d’attention et de focalisation de l’attention qu’un objet de vénération, à tel point que le Révérend a même écrit que si nous avons « bien » développé notre bodhéité et été capables d’adhérer aux préceptes, nous pourrions ne plus avoir besoin d’un Gohonzon.
- Quoi qu’il en soit, le Révérend planifiera une Cérémonie de Réception des préceptes ainsi qu’une Cérémonie d’Ouverture des yeux via Zoom de sorte que nous puissions participer à son déroulement, puis enverra par voie postale les mandalas ou autres objets dont il aura « ouvert les yeux ».
Neuf consciences VS Triple vérité : quoique le bouddhisme ait saisi bien avant Freud l’existence d’un inconscient, votre analyse parait considérer la théorie des Neuf consciences comme secondaire à celle de la Triple vérité.
- Lorsque je me suis mis à rédiger Fleur du Dharma en 1999, je fus moi-même très étonné que Zhiyi et Nichiren n’accordent pas plus d’importance au concept des Neuf consciences. Il n’y en avait même que huit chez Vasubandhu (IV-Ve siècle), et encore étaient-elles considérées comme peu importantes.
- C’est Nagarjuna (II ou IVe s.), que Nichiren fait d’ailleurs figurer sur le Gohonzon, qui introduisit la notion d’une troisième vérité, celle de la Voie du Milieu. Son enseignement repose d’ailleurs sur l’idée qu’il est nécessaire d’échapper aux modèles, ceux-ci pouvant emprisonner l’esprit ; en d’autres termes, il importe de savoir se libérer des entraves créées par l’esprit.
- C’est sans doute vers le IVe ou Ve siècle qu’apparait néanmoins l’idée de « graines karmiques », sorte de 8e conscience, appelée aussi conscience réservoir (conscience-alaya ou conscience universelle), embryon de la notion de karma.
- Pourtant Saicho, le fondateur même de l’école Tendai au Japon, s’opposa au concept que défendait l’école Rien-que-Conscience selon laquelle certaines personnes ne possèdent tout simplement pas de graines de bodhéité.
- L’école Tiantai et Nichiren insistent, eux, sur la possession mutuelle des Dix mondes-états, un modèle qui leur semble essentiel pour accéder à la notion de nature de bouddha : la bodhéité intrinsèque à toute chose. Dans son traité sur Le Véritable Objet de Vénération (Kanjin No Honzon Sho), Nichiren soutient que la nature de bouddha est réalisée une fois que nous sommes capables de rejeter toutes nos illusions.
- Avoir un modèle, voire s’intéresser à d’autres modèles est utile et commode : ceux-ci sont souvent basés dans le bouddhisme sur l’observation de l’environnement, l’expérience de sa propre vie et la méditation, mais tous les modèles doivent évoluer au fur et à mesure de l’avancement des connaissances*.
Relation au Gohonzon dans la Nichiren Shu
- En cas d’arrêt de pratique ou de décès d’un pratiquant, le Gohonzon reste traditionnellement dans sa famille. Si telle n’en est pas la volonté, la famille peut le rapporter dans un temple où il sera respectueusement brûlé.
- Avant de recevoir personnellement un Gohonzon, le Révérend pense qu’il est bien de pratiquer pendant 6 mois avec cette nouvelle personne afin qu’elle puisse non seulement créer une relation avec son futur sangha, mais aussi afin que le Révérend connaisse mieux la personne qui désire devenir membre. Ainsi la relation est-elle réciproque et chacun pourra-t-il en décider librement et bénéficier du temps nécessaire pour savoir s’il se sent ou non à l’aise dans le groupe.
- Le Gohonzon qui sera remis au futur impétrant est une réplique d’un Gohonzon écrit par Nichiren.
- Veiller en tout cas à la provenance d’un Gohonzon que l’on téléchargerait si l’on n’en avait pas un chez soi.