Commençons par lire aujourd’hui les passages suivants du Sutra du Lotus2 :

« Vénéré du monde, dans le royaume du bouddha Ratnatejobhyudgataraja, j'ai entendu de loin que l'on exposait le Sutra du Lotus du Dharma dans ce monde Saha et je suis venu en compagnie d'une multitude d'innombrables et infinis milliers de millions, de myriades de bodhisattvas pour l'écouter. Que veuille seulement le Vénéré du monde nous l'exposer ! Que ce soient des fils de foi sincère ou des filles de foi sincère, après le parinirvana de l'Ainsi-Venu, comment pourront-ils obtenir ce Sutra du Lotus du Dharma ? »

L'Éveillé déclara au bodhisattva Samantabhadra : « Que ce soit un fils de foi sincère ou une fille de foi sincère, si l'on réalise quatre aspects, on obtiendra ce Sutra du Lotus du Dharma après le parinirvana de l'Ainsi-Venu. Le premier est d'être protégé par l'attention des bouddhas. Le second est de planter la multitude des racines de mérites. Le troisième est d'entrer dans le groupe correctement déterminé. Le quatrième est de déployer la pensée de salut pour l'ensemble des êtres. Si un fils de foi sincère, ou une fille de foi sincère, réalise ces quatre apects, il obtiendra forcément ce Sutra après le parinirvana de l'Ainsi-Venu. »

* * *

Samantabhadra, celui qui, dans les derniers âges, recevra, gardera, lira et récitera ce Sutra ne convoitera plus vêtements, literie, boissons, nourriture, les objets nécessaires à la vie ; ses souhaits ne seront pas vains. Il obtiendra aussi dès la présente existence la rétribution de ses mérites. S'il se trouve quelqu'un pour le dénigrer en lui disant : « Fou que tu es ! C'est en vain que tu te livres à ces pratiques ; en fin de compte, tu n'en tireras rien », en rétribution d'un tel crime, il sera privé d'yeux d'existence en existence. S'il se trouve quelqu'un pour lui faire offrande et le louer, il obtiendra dès cette existence une manifeste rétribution de son fruit.

Celui qui, par ailleurs, en voyant quelqu'un recevoir et garder ce Sutra, met l'accent sur ses fautes et ses défauts, qu'ils soient réels ou non, contractera la lèpre blanche dès la présente existence. Celui qui se sera montré moqueur ou méprisant à son égard aura d'existence en existence les dents défectueuses, les lèvres repoussantes, le nez plat, les bras et les jambes tordus, les yeux louches, le corps malodorant, des bubons sanglants et purulents, le ventre gonflé d'eau, le souffle court, de graves maladies.

C'est pourquoi, Samantabhadra, si l'on voit quelqu'un qui reçoit et garde ce Sutra, on se lèvera de loin pour aller à sa rencontre, comme pour rendre hommage à un bouddha.

Tandis que ce chapitre de l'Exhortation de Samantabhadra était exposé, une infinité de bodhisattvas, aussi innombrables que les sables du Gange, obtinrent la dharani des mille millions de myriades de Permutations, autant de bodhisattvas que les particules d'un monde tricosmique menèrent à totale complétion la voie de Samantabhadra.

Quand le Bouddha eut prêché ce Sutra, Samantabhadra et les autres bodhisattvas, Shariputra et les autres auditeurs-shravakas, ainsi que les devas, les nagas, les humains et non humains - l'ensemble de la Grande assemblée - furent tous en grande liesse. Ils reçurent et gardèrent la parole du Bouddha, saluèrent et partirent.

Nous voici enfin arrivés ensemble au dernier jour de ce projet. Une fois terminée la lecture des passages du Sutra, continuez votre pratique en lisant le Chapitre XVI et en récitant Namu Myoho Renge Kyo.

Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais je ressens en moi une certaine tristesse aujourd'hui au terme de ce dernier jour, nous qui en avons passé 35 ensemble à lire, pratiquer et étudier le Sutra du Lotus… Je dirais même que je ressens une certaine mélancolie.

Alors que j’imagine certains d’entre vous près de conclure cette introduction à la pratique et d’autres, pratiquants de longue date, près de refermer ce guide après avoir rafraîchi la leur, je ne peux m'empêcher d'espérer que d'une manière ou d'une autre vous continuerez d’approfondir et votre pratique, et votre foi dans le merveilleux Dharma que le Bouddha nous livre dans ce Sutra.

J'ai le sentiment que nous avons vécu de nombreuses choses ensemble. J'aimerais pouvoir vous féliciter personnellement d’avoir réalisé un parcours aussi remarquable, et j'espère bien que vous éprouvez un sentiment d'accomplissement personnel.

Nous avons lu à quel point il est difficile de pratiquer le Sutra du Lotus, et vous voici parvenu(e) au terme de 35 jours de pratique et d'étude. Nous avons également lu quels grands bienfaits se manifestent dans nos vies suite aux efforts fournis par cette pratique bouddhique des plus difficiles.

Peut-être que certains d'entre vous ont constaté un changement radical dans la façon dont ils considèrent maintenant leur vie et leur relation à l’environnement. Pour d'autres, ce put ne pas être si spectaculaire, mais avoir ouvert une voie nouvelle pour aborder la façon dont s’engager personnellement avec les autres. Il y a bien sûr autant d'expériences que de pratiquants.

Nous avons aussi lu ensemble certaines parties du Sutra du Lotus qu’il me semblait importantes d’étudier. Nous n'avons évidemment pas eu le temps de toutes les lire, mais j'espère fermement que vous utiliserez ces 35 jours comme une introduction à une exploration plus détaillée des profonds enseignements contenus dans ce grand Sutra. J’espère aussi qu’il vous parait maintenant un peu moins déroutant et complexe. Je pense en tout cas que vous disposez à présent des fondamentaux à partir desquels vous pourrez vous lancer dans une relation au Sutra du Lotus toujours plus profonde.

Vous vous êtes également exercé(e) à la lecture en shindoku du Chapitre XVI, de sorte que vous pourrez peut-être unir votre voix à celle de la communauté des autres pratiquants lorsque vous pratiquerez en groupe ; et vous vous êtes habitué(e) à réciter Namu Myoho Renge Kyo, ce qui vous a peut-être semblé étrange au début.

Aujourd'hui, nous venons pour la première fois de lire les quatre causes qui nous permettent d’intégrer dans notre vie le grand Dharma du Sutra du Lotus. La première est d'avoir la foi, et de ne pas avoir peur de la vérité que révèle le Sutra du Lotus. Parfois la peur, qui s'exprime aussi par un sentiment de malaise, peut nous empêcher de réaliser nos plus grands rêves ou ambitions.

Pendant votre récitation de daimoku, j'espère que vous avez commencé à défier vos craintes. Vous avez peut-être encore peur de réussir, ou peur d’être une personne qui ne pourra pas atteindre l'Éveil grâce à cette pratique. Je peux vous assurer que vous, comme quiconque, êtes parfaitement qualifié(e) pour devenir un Bouddha même si, parfois, notre peur peut nous en empêcher.

La deuxième cause est de toujours observer les Six Perfections (ou paramitas) que sont le don dans le but de soutenir le Dharma ; la discipline pour pratiquer correctement ; la patience qui comprend la compassion envers soi-même et envers autrui ; l'énergie qui est la source de l'esprit de recherche nous poussant à progresser dans la voie bouddhique* ; la méditation dont la méditation qui consiste à réciter et contempler le Sutra du Lotus ; la sagesse qui consiste à manifester la sagesse du Bouddha qui réside au plus profond de notre vie et que nous faisons apparaitre en récitant Namu Myoho Renge Kyo*.

La troisième cause qui fera apparaître en nous le Sutra du Lotus est d'avoir une foi ferme. Une foi ferme signifie que nous voyons au-delà de nos réussites ou de nos échecs, au plus profond de notre vie, et que nous reconnaissons notre Bouddha intérieur, notre bodhéité potentielle. Comme nous l'avons déjà lu, il est difficile de pratiquer le Sutra du Lotus : il y aura des moments où des événements se produiront qui nous empêcheront de pratiquer ; il y en aura aussi où nous nous sentirons si bien ou si joyeux que nous penserons ne plus avoir besoin de pratiquer. Développer une foi ferme nous permettra de voir à travers ces illusions et de réaliser que ce n'est qu'en poursuivant sans relâche notre pratique que nous pourrons surmonter toute souffrance au niveau le plus profond.

La quatrième cause est de toujours garder dans notre cœur le vœu de sauver tous les êtres vivants. Lorsque nous nous laissons distraire par nos propres problèmes ou par nos désirs sans plus nous préoccuper des souffrances d’autrui, nous ne pouvons plus expérimenter la relation à l'enseignement ultime du Bouddha contenu dans les profondeurs du Sutra du Lotus.

Pour finir, sachez que j’aurais souhaité passer plus de temps avec vous. J'espère que vous vous mettrez en relation avec un maitre approprié afin de pouvoir approfondir vos liens avec d'autres pratiquants du Sutra du Lotus. Je me réjouis également de marcher sur cette Voie avec vous, vous qui comme moi êtes un Bodhisattva Surgi-de-Terre !

Mes vœux les plus sincères de bonheur ainsi qu’à tous ceux qui vous entourent.

M’inclinant profondément en Gassho*,

Ryusho Jeffus


1Source accessible sur https://ryusho.org/blog/?p=3142

2La version intégrale du chapitre traduit en français est disponible ici