Aujourd’hui, nous commencerons par lire les passages suivants du Sutra du Lotus2 :

Dans le passé était un bouddha
appelé Bichmasvararaja,
d'une sagesse incommensurable et divine ;
il menait et instruisait tout le monde.
Devas, hommes, nagas, divinités terrestres
ensemble lui faisaient offrande.

Après la mort de cet Éveillé,
alors que le Dharma arrivait à terme,
il y eut un bodhisattva,
du nom de Toujours-Sans-Mépris.

En ce temps, les quatre congrégations
dissertaient sur le Dharma pour en tirer profit.
Le bodhisattva Sans-Mépris
se rendait auprès d'eux et leur tenait ces propos :
"Je ne vous méprise point, vous pratiquez le Dharma
et êtes tous appelés à devenir bouddha."

À l'entendre, les gens
lui adressaient rebuffades et insultes.
Le bodhisattva Sans-Mépris
était capable de les supporter.

S'étant acquitté de ses fautes karmiques,
sa vie étant à son terme,
il put entendre ce Sutra
et ses six organes se trouvèrent purifiés.

Par la force de ses pouvoirs miraculeux,
il prolongea sa vie
et de nouveau, à l'intention des hommes,
il exposa amplement ce Sutra.

La foule attachée au Dharma
fut gratifiée par ce bodhisattva
d'un enseignement et d'une conversion accomplis,
leur permettant de demeurer dans la Voie de bouddha.

Sans-Mépris, sa vie achevée,
rencontra d'innombrables bouddhas.
Et, parce qu'il avait prêché ce texte,
il obtint d'incalculables bienfaits.

Complétant graduellement les mérites,
il réalisa rapidement la Voie de bouddha.
Le Sans-Mépris de ce temps-là,
c'était moi-même.

Les quatre congrégations de l'époque
attachées aux enseignements,
ayant entendu Sans-Mépris leur dire :
"Vous deviendrez bouddha",
grâce à cette circonstance causale,
rencontrèrent d'innombrables bouddhas.

Les bodhisattvas de cette assemblée,
la foule des cinq cents,
avec les quatre congrégations
d'upasaka et upasika purs et fidèles
qui sont maintenant devant moi
à écouter le Dharma, ce sont eux.

Dans mes existences antérieures
j'ai exhorté ces gens
à écouter et recevoir ce Sutra,
le Dharma primordial ;
je le leur ai révélé, je le leur ai enseigné
et les ai fait demeurer dans le nirvana.

D'âge en âge ils ont reçu et gardé
des sutras tels que celui-ci ;
en des myriades et myriades de dizaines de milliers de kalpas
- jusqu'à l'inconcevable -,
le temps vient où ils peuvent enfin entendre
ce Sutra du Lotus.

En des myriades et myriades de dizaines de milliers de kalpas
- jusqu'à l'inconcevable -,
pour les bouddhas Vénérés du Monde
vient le temps d'exposer ce Sutra.

Pour cette raison, que les pratiquants,
après la disparition du Bouddha,
s'ils entendent un tel texte,
n'aillent pas concevoir doutes et égarements !

Ils devront de tout cœur
amplement prêcher ce Sutra,
et d'âge en âge ils rencontreront un Éveillé
et réaliseront rapidement la Voie de bouddha.

Après avoir lu ce passage, et comme vous le devinez sans doute, je vous inviterais à partager le reste de votre temps entre la récitation de Namu Myoho Renge Kyo et la lecture du Chapitre XVI. Pendant que vous psalmodiez, j’aimerais que vous méditiez sur la difficulté d’éprouver du respect envers quiconque, que ce soit une personne que nous rencontrions ou avec laquelle nous soyons en contact, et d’autant plus si celle-ci peut nous troubler, nous déranger ou être même parfois problématique.

Choisir un passage du Sutra du Lotus fut difficile pour moi aujourd’hui. En choisir un signifie en effet que nombre d’aspects peuvent être omis. Bien qu’un manque d’explications puisse poser problème au lecteur, il faut savoir que les passages en prose du Sutra font souvent l’objet de répétitions dans les passages qui suivent en vers, même si parfois exprimés différemment.

Un passage en stances répète donc fréquemment ce qui fut préalablement dit en prose, mais de manière légèrement différente. Or je vous ai donné la plupart du temps des passages tirés de sections en prose, lesquels n’étant peut-être pas les plus expressifs ont sans doute gêné votre lecture, voire votre compréhension. Chaque partie étant importante, vous reviendrez d’ailleurs peut-être, après avoir fini ce guide, à la lecture d’extraits reprenant différemment ceux que je vous ai proposés.

Il s’agit aujourd'hui de l'histoire d'un pratiquant des temps passés dont la seule et unique pratique, voire sa dévotion ou expression fervente de sa foi dans le Sutra du Lotus était de saluer, respecter, vénérer et louer toute personne rencontrée. En louant et honorant leur Éveil futur, il dut affronter maintes critiques et réactions de haine. Il poursuivit malgré tout sa pratique, et pas une seule fois ne réagit de manière négative à ceux qui cherchaient à lui causer du mal.

Si vous me ressemblez, une telle pratique ne vous sera guère aisée... Il est en effet parfois difficile de voir le bien en quiconque dégage quelque contrariété, contradiction, attitude autre que la sienne. Je pense que la notion de « dégager » est ici importante parce que personne n'est complètement mauvais, et que ce mauvais aspect peut ne correspondre qu’à ce que nous percevons à un moment précis.

Du point de vue du Sutra du Lotus, et comme nous l'avons appris de nos lectures précédentes, chacun possède la bouddhéité et ce, quelle que soit sa condition de vie à un moment donné. Vous souvenez-vous du cousin du Bouddha, Devadatta, qui tenta de le tuer et de détruire le Sangha ? Et pourtant, ce Sutra enseigne que même la pire des plus mauvaises personnes est assurée de devenir bouddha.

Quel que soit l’état de vie qu'une personne manifeste à un moment précis, cet état ne diminue ni ne nie la nature de son bouddha intérieur, le bouddha inhérent à sa vie dès lors qu’elle est éveillée.

En tant que pratiquants du Sutra du Lotus, nous pourrions dire que notre pratique consiste à nous incliner devant chaque personne que nous rencontrons afin d’éveiller son Bouddha intérieur. Réfléchissez-y bien : lorsque quelqu'un vous appelle par votre prénom, vous devenez vigilant et attentif. De même, lorsque nous nous inclinons devant le Bouddha d’une personne, nous éveillons le potentiel de ce, ou de son, Bouddha en elle. C’est comme si nous lui disions : « Bonjour, il est temps de te réveiller ! »

Cela peut paraître fou, mais si vous avez cet état de Bouddha en vous – ce qui est le cas - tous les autres êtres vivants l’ont nécessairement aussi ! Si je vous ai encouragé à réfléchir à vos liens avec les autres, à considérer votre relation interdépendante, c'est en partie pour vous aider à apprécier que le bouddha existe en d'autres personnes, personnes dont vous n'avez peut-être même pas conscience. Lorsque vous exprimez votre appréciation pour les efforts des autres, que vous pouvez les respecter, vous faites ainsi appel au bouddha qui demeure en eux.

Cette section dont nous venons de prendre connaissance parle d'une pratique dont le fondement repose sur la relation ainsi que sur la « culture des graines » selon l’expression consacrée. Nous créons une relation, ou plutôt prenons conscience de la relation qui existe entre d'innombrables autres personnes et nous-même, et louons cette relation ainsi que les personnes avec lesquelles nous sommes liés. Nous plantons également ainsi les graines de leur Éveil que nous cultivons et nourrissons en appelant continuellement le Bouddha qui réside en elles.

Ainsi, tout en poursuivant aujourd’hui vos activités quotidiennes, continuez d’observer vos relations avec ces innombrables personnes et de pratiquer vos quatre Voies justes. Au fur et à mesure des heures qui passent, voyez aussi si vous parvenez à prendre conscience des moments où reconnaitre et vénérer le Bouddha en l’autre vous parait difficile.


1Source accessible sur https://ryusho.org/blog/?p=3099

2Traduction en français accessible sur http://www.nichiren-etudes.net/lotus/lotus-20.htm