http://fleursdudharma.com/sutras/sutta-pitaka/majjhima-nikaya/mulapannasa/opamma-vagga/mn023.php
|
|
1. Voici ce que j'ai entendu. En une occasion, le Bienheureux se trouvait à Sâvatthî dans le Bosquet de Jeta, dans le parc d'Anâthapindika. Et en cette occasion le vénérable Kumâra Kassapa se trouvait dans le Bosquet des Hommes Aveugles. 2. « Bhikkhu, bhikkhu, cette fourmilière fume la nuit et flambe le jour. 3. Alors, quand la nuit fut terminée, le vénérable Kumâra Kassapa alla voir le Bienheureux. Après lui avoir rendu hommage, il s'assit sur un côté et dit au Bienheureux ce qui s'était passé. Alors il demanda : « Vénérable, qu'est la fourmilière, qu'est la fumée de la nuit, qu'est le flamboiement du jour ? Qui est le brahmane, qui est l'homme sage ? Qu'est le couteau, qu'est le creusement, qu'est la barre, qu'est le crapaud, qu'est la fourche, qu'est le tamis, qu'est la tortue, que sont le couteau et le billot de boucher, qu'est le morceau de viande, qu'est le serpent Nâga ? » 4. « Bhikkhu, la fourmilière est un symbole pour ce corps, fait de forme matérielle, consistant des quatre grands éléments, procréé par une mère et un père, construit de riz bouilli et de porridge, et sujet à l'impermanence, à être usé et à disparaître, à la dissolution et la désintégration. Ainsi parla le Bienheureux. Le vénérable Kumâra Kassapa fut satisfait des paroles du Bienheureux et s'en réjouit. * * * Autre traduction : Tandis qu’il vaquait dans un bosquet dit de l’Homme Aveugle et la nuit peu à peu se dissipait, le jeune Kassapa vit apparaître devant lui un dieu resplendissant de lumière qui lui di : «Écoute ceci, Kassapa. Devant une fourmilière fumante et grouillante, arrivèrent un jour un brahmane et un disciple. Le brahmane dit : «Prends une pelle, ô disciple diligent, et creuse ». L’élève creusa et après peu de temps il découvrit un cadenas.«Il y a un cadenas» dit-il. «Enlève le cadenas et continue à creuser» répondit le brahmane. Le disciple continua le travail et peu après il découvrit un crapaud. «Un crapaud, Monsieur» dit-il. «Enlève le crapaud et continue de creuser» dit le brahmane. Le jeune continua à creuser jusqu’à ce qu’apparaisse un passage à deux voies. «Il y a un passage bifurqué, Révérend Maître» dit-il au brahmane découvrit un filtre. «Il y a un filtre». «Enlève le filtre et continue de creuser» ajouta le brahmane. Le jeune homme continua de creuser avec la pelle et découvrit une tortue. «Il y a une tortue» dit-il au brahman. «Enlève la tortue et continue de creuser» ordonna le brahman. Puis le disciple découvrit des ustensiles de boucher. «Des couteaux» dit-il alors au brahmane. «Jette-les et continue de creuser». L’élève obéit et après peu de temps, il trouva dans le trou un morceau de viande. «Il y a de la viande» dit-il. « Jette-la et creuse encore dit le brahmane. Le jeune continua encore un peu avec la pelle puis découvrit un serpent cobra. «J’ai trouvé un serpent cobra, ô brahmane». «Laisse le serpent cobra, ô jeune ami, ne le touche pas, respecte le serpent cobra, ô élève» dit le brahmane». Si maintenant, ô moine, tu veux connaître l’explication de cette parabole, adresse-toi au Maître Gôtama qui est le Bouddha, c’à-d. l’Éveillé, le seul au monde capable de te l’expliquer
Alors le Vénérable Jeune Kassapa s’approchant du Bouddha, l’ayant salué et s’étant assis à la distance respectueuse «Maître, j’ai eu une vision» dit-il et il la raconta.«Maintenant, ô Maître, quel est le sens de tout cela? Quel est l’explication des différents objets?».
Le Bouddha répondit:«La fourmilière, ô moine, est synonyme du corps constitué des quatre éléments, engendré par le père et la mère, qui par nature est destiné à se consumer, à être arraché, détruit, éparpillé. Ce que l’on pense ou l’on rumine pendant la nuit concernant les affaires du jour, voilà le sens de la fourmilière fumant la nuit, tandis que tout ce qui est accompli le jour, après l’avoir pondéré la nuit, et représente par la fourmilière grouillante. Le brahmane est synonyme du maître illuminé et l’élève du disciple anxieux d’apprendre. La pelle pour creuser est le symbole de la sagesse intuitive et creuser est symbole de l’effort mis à la tâche [d’apprendre]. Le cadenas est le symbole de l’ignorance. Jette ce cadenas, libère-toi de l’ignorance par la sagesse intuitive. Voilà le sens. Le crapaud est le symbole de l’agitation et de la colère. Jette le crapaud et libère-toi de la colère, par l’effort et la sagesse intuitive. Voilà le sens. Le passage bifurqué est le symbole du doute. Détruis ce passage, libère-toi du doute par l’effort et la sagesse intuitive. Voilà le sens. Le filtre est le symbole des cinq obstacles: le plaisir, les sens, la malveillance, la paresse, l’inquiétude et l’hésitation. Jette le filtre, libère-toi des cinq obstacles. Voilà le sens. La tortue est le symbole des cinq attachements, c’à-d. l’attachement aux formes matérielles, aux sentiments, aux idées, aux tendances routinières, à l’idée de son propre moi. Jette la tortue et libère-toi des cinq attachements. Voilà le sens. Les ustensiles de boucher sont le symbole des cinq liens des sens : pour les formes matérielles à travers les yeux, pour les sons à travers les oreilles, pour les odeurs à travers le nez, pour les saveurs à travers le goût, pour les contacts agréables à travers le toucher. Jette ces ustensiles et libère-toi des liens des plaisirs des sens. Voilà la signification. Le morceau de viande est le symbole des désirs et des passions. Jette le morceau de viande, libère-toi des désirs et des passions. Voilà le sens. Le serpent cobra, enfin, est le symbole de celui qui s’est libéré de toutes les emprises, qui est illuminé. Ne touche pas le serpent cobra, respecte-le. Voilà le sens». Ainsi s’exprima le Maître et le jeune Kassapa s’en réjouit outre mesure. |
||