Les sutras et shastras qui sont arrivés au Japon du pays des Yuezhi*, qui est dans l'Ouest, par la Chine sont au nombre de plus de cinq ou sept mille. Il est au-delà de nos forces de distinguer parmi eux, en nous en remettant à notre propre jugement, ceux qui sont supérieurs ou inférieurs, superficiels ou profonds, difficiles ou faciles. Si l'on écoute telle personne ou si l'on s'appuie sur telle école pour le savoir on ne trouve que confusion.
[...] Tous ces Maîtres en tripitaka étaient des saints, des sages. Leurs connaissances étaient
aussi brillantes que le soleil et la lune, leurs mérites plus profonds que les quatre océans. En outre, chacun s'appuyant sur des sutras, vinaya ou shastra, en tirait les preuves [de sa doctrine]. Il s'ensuivit que des pays tout entiers se tournèrent vers eux et que des peuples les regardèrent avec respect. La science des âges derniers, bien qu'insuffisante, a eu beau dire : ceci est juste, ceci est faux, elle n'a ébranlé la conviction de personne.
[...] Parmi les Maîtres des diverses écoles, les uns ne regardent que les traductions anciennes des sutras et shastras et ne veulent pas voir les nouvelles Ecritures sacrées, (note), d'autres ne voient que par les traductions nouvelles des sutras et shastras et rejettent les anciennes, d'autres encore s'attachent aux inexactitudes de leurs écoles respectives, suivent leur propre sentiment et s'en tiennent à des commentaires de vues stupides qu'ils lèguent aux générations futures.
[...] Laissons maintenant de côté les principes pervers des Maîtres auteurs de shastras et des Maîtres fondateurs d'écoles et consultons uniquement les sutras et shastra fondamentaux.
[...] Parmi les sutras prêchés pendant plus de cinquante ans, ce sont les trois mots : «Jadis, maintenant, à l'avenir» (note) , du quatrième fascicule, au chapitre Maître du Dharma (X, Hosshi), dans le Sutra du Lotus, qui sont capitaux. Les Maîtres auteurs de shastras et les Maîtres fondateurs d'écoles n'ont-ils pas lu ce passage ? Si, et pourtant les uns se réfèrent inconsidérément à des passages de sutra qui n'ont que l'apparence de celui-là, les autres s'attachent à des explications perverses de Maîtres fondateurs d'écoles, d'autres encore suivent craintivement l'exemple des conversions des grands.
Traité sur l'essentiel du Lotus (Minobu, le 29 juin 1274, à Toki Jonin) |