Chapitre V - Les activités profitables de l'esprit

En pratiquant le Dhyana, l'esprit doit être possédé par cinq activités nécessaires.

1. La première est celle du désir, ou de la résolution. C'est un désir suprême, ou une préférence pour le contrôle dans une certaine direction. Pour que l'on puisse atteindre le Dhyana il faut le souhaiter et être résolu à éviter toutes les pensées erronées et mondaines, tous les états d'esprit qui sont des empêchements à la méditation, tout ce qui rend l'attention confuse où vacillante. Il faut que le but visé du Dhyana, c'est-à-dire la sérénité, la connaissance transcendante et la sagesse deviennent le désir suprême et le but de l'esprit.

Le Seigneur Bouddha, a dit :

« La cause principale de toutes les bonnes qualités est la résolution. »

2. La deuxième activité nécessaire est d'avoir de la sincérité et du zèle. Cela veut dire que l'on observera les préceptes avec une sincérité persévérante, que les cinq empêchements à la méditation seront abandonnés et que l'on poursuivra avec ardeur et persévérance la pratique de Dhyana le soir et de bonne heure le matin. Si l'on veut obtenir du feu en frottant des bâtons on n'aura aucun résultat si l'effort est interrompu ; il faut insister et augmenter l'effort jusqu'au moment où la flamme viendra ; avec la même ardeur il faut rechercher l'Eveil.

3. La troisième des activités nécessaires est celle de l'attention vigilante et de la réminiscence (smriti ???). Cela veut dire que l'on doit toujours avoir présent à l'esprit la nature vide et décevante du monde, avec toutes ses tromperies et ses souffrances et qu'il faut toujours chérir la pensée noble (arya) de la valeur de l'Eveil résultant de la pratique de Dhyana. Cet Eveil, est noble car il mène à la plus haute réalisation de la vérité (dharma), à la sagesse et à la compassion. Par cela même est élargie la capacité de l'esprit de jouir de ses pouvoirs de connaissance les plus élevés ; on a une connaissance de la bénédiction produite par l'extinction des, asavas (note). Cela permet aussi de réaliser la joie suprême de la parfaite sagesse, quand cette sagesse est vouée à la libération de tous les êtres sensibles. Telle est la signification de la réminiscence attentive. (smriti ???)

4. La quatrième activité nécessaire de l'esprit est l'acuité de la vision profonde. Il faut réfléchir en comparant les plaisirs du monde avec ceux que nous procurent la pratique de Dhyana. Avec une vision pénétrante nous devons observer s'il y a perte ou profit et si ce qui est gagné par la pratique de Dhyana est peu de chose ou d'une importance suprême. Les délices du monde sont illusoires et trompeurs ; il faut l'acuité de la vision éclairée pour les juger avec justice. Les attractions fascinantes terrestres arrivent souvent, à cacher la souffrance et l'irréalité. En considérant ceci soigneusement et en vérité on est forcé de constater que le désir pour le monde et pour ses illusions est une perte, non un gain. La vision pénétrante éveillera la conviction que la pratique de Dhyana fait gagner, ce qui est inestimable la réalisation intuitive, l'intelligence transcendante libre de tous les asavas et non-conditionnée (note).

5. La cinquième activité de l'esprit est la clarté et la concentration sur une idée unique. Cela veut dire que l'on doit clairement comprendre la véritable nature du monde qui produit la douleur et qui est abominable ; en même temps il faut reconnaître que la sérénité et l'intelligence de l'esprit produites par le Dhyana, sont très précieuses et honorables. Avec cette clarté et cette idée unique dans l'esprit on doit décider (sans aucune arrière-pensée) de pratiquer le Dhyana, ayant l'esprit aussi résistant que l'or ou le diamant. Aussi peut-on résister ou rejeter toute mauvaise influence des Devas, Maras et Thirthakas * qui pourrait devenir décourageante. La clarté d'esprit et  l'esprit unique empêcheront toute négligence ou abandon dans cette pratique de Dhyana même si l'on n'est pas conscient d'avoir obtenu un succès.

Avant de partir en voyage, un homme aura une conception très nette de la raison de son départ et de l'endroit où il veut aller. Après cela il ne sera pas facilement détourné de son projet. Celui qui poursuit la pratique de Dhyana doit avoir une idée précise et unique dans son esprit, s'il espère réussir.

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