La maison en feu et les Trois chariots

Hocine Touhami, 1 avril 2015

Bonjour à tous,

Je prends la suite du thème d’étude de notre dernière réunion sur la Parabole de la Maison en feu expliquée avec beaucoup de pertinence par notre ami Éric qui a mis en lumière l’arrière-plan et les symboles de cette parabole.

Le Bouddha Shakyamuni agit. Plutôt que de nous laisser jouer avec les enseignements provisoires trop délabrés, il use de moyens « habiles » pour nous faire bouger, nous faire monter dans le « grand véhicule », le « chariot tiré par un grand boeuf blanc » !

Je voudrais avec vous aborder la suite de cette parabole avec une approche très personnelle, au risque de déstabiliser certains d’entre vous par cette présentation « politiquement incorrecte ». Mais permettez moi de poursuivre mon propos...  Avant cette dernière réunion, Béatrice de Tchéquie avait abordé avec beaucoup d’acuité, à mon sens, les légitimes questions que l’on peut se poser à la première lecture de cette parabole : « Comment se fait-il qu’un guide spirituel aussi avisé que le Bouddha laisse ses enfants dans – je cite – un « Palais en ruine et en plus qui juste après prend feu et menace de s’écrouler et d’entraîner dans une issue fatale tous ces occupants » ? 
Les stances précisent que les enfants sont allés jouer dans cette maison alors que le père était absent.
Je pense qu’au départ ce palais, en fait, notre maison Terre – ou bien, plus justement peut être – notre vaisseau spatial, était dans les meilleures conditions de navigation de vie et de confort pour tous les êtres vivants qui y résidaient. C’est nous, enfants insouciants et arrogants, qui contribuons avec notre choix de vie à la dégradation de notre environnement  et au délabrement tant physique que spirituel...

Avec ces premiers propos loin de moi de jouer les « pères la vertu » ou « tape dur ». Je sais que parmi nous beaucoup sont confrontés quotidiennement qui a des problèmes de santé bénins voire très graves, problèmes financiers, de travail, de trouver sa place dans la cité des hommes, etc. Chacun fait ce qu’il peut.

Pour reprendre à l’unisson du vénéré Bouddha Shakyamuni, même nos hommes politiques lors d’un « congrès international à Rio sur le devenir du climat de la planète » y étaient allés d’une belle citation très Parabole Bouddhique cf. : « Notre maison brûle et nous continuons à regarder ailleurs ». Jolie formule trouvée par un brillant conseiller en com... Mais depuis, 30% de nos abeilles en Europe continuent d’être décimées par les pesticides, sachant que ces gentils insectes contribuent à + de 60 % de la pollinisation des fleurs et arbres fruitiers. Jolie prise de conscience publique de la Loi de causalité mais sans suivi d‘effet radical à ce jour...  Paroles, paroles...

Quand le Bouddha nous invite à quitter « la maison en feu », plus que de recevoir ses enseignements il nous invite « à faire du bouddhisme » et non pas, à mon sens, seulement à se dire bouddhiste ! Par exemple, non pas à combattre l’incendie que nous allumons sans cesse avec nos attitudes égotiques et stériles mais de sortir de la maison, c’est-à-dire à adopter une attitude en touts points nouvelle. Pour illustrer mon propos je voudrais partager avec vous deux exemples miens du « faire » au lieu de jouer à être bouddhiste.

Je vivais il y a quelques années dans un charmant petit village entre Chamrousse et Grenoble dans les Alpes. J’ai vu, sans y prêter au début trop d’attention, une dame d’un certain âge toujours souriante et discrète en même temps, qui ramassait tout ce qui traînait dans les abords du parc du village comme papiers ou détritus, morceaux de bois, canettes de bière,  sans jamais attendre ou espérer un assentiment en retour et superbement ignorante des quolibets qui pouvaient se manifester ici ou là. Petit à petit j’ai trouvé son attitude très positive et citoyenne ; même si moi, Hocine, je ne suis pas – ou plus – depuis fort longtemps quelqu’un qui jette ces papiers gras ou autres sur la voie publique. On dit souvent dans le bouddhisme que ce que l’on a le plus prés des yeux nous ne pouvons le voir ! Par exemple au moment où je vous parle, la majorité d’entre nous ne voyons pas ce qui est si proche de nos yeux ? Nos cils par exemple ! à moins d’avoir 1 centimètre de mascara...

Donc cette personne (en fait un  shoten zenjin comme je m’en suis rendu compte plus tard) me parlait, me disait « de faire »,  mais j’étais sourd et aveugle ; c’est seulement 6 à 8 mois plus tard, marchant dans la contre-allée du bois de notre village, voyant des canettes de bière vides et un emballage qui souillait le sol, que j’ai spontanément ramassé et jeté un peu plus loin dans une poubelle, que j’ai compris que je m’étais guéri de ma cécité et que j’entendais de façon toute nouvelle les enseignements du BOUDDHA  grâce à cette personne !

Une autre fois, me levant tôt (pendant la préparation de mon petit déjeuner j’ai habitude d'écouter la radio) j’entendais, sans écouter vraiment au départ, un cuisinier qui parlait et, en écho de ces commentaires deux journalistes qui y allaient de leurs babillages presque « érotiques et gourmands ». En fait, ce cuisinier expliquait avec force détails et annotations imagées la préparation de l’agneau pascal. Il convenait de choisir des agneaux de prés salés, pas plus âgés de 3 mois, et le nec plus ultra était qu’après la cuisson la chair se détachait avec une grande légèreté et était d’une rare saveur ! Les deux idiots de journalistes continuaient avec force qualificatifs et dénominations culinaires ! Avec horreur je me rendis compte à ce moment là que ces trois humains parlaient de séparer de sa maman un agneau de 3 mois, de le tuer et de le manger ! Je ne suis pas végétarien –  pas encore – loin de moi l’idée de me transformer en « militant » d’un coup ! mais mon premier réflexe a été de couper la radio, autrement dit d’éteindre ce « feu  néfaste » qui occupait mon espace. Ensuite, durant la pratique de ce jour, je me suis interrogé sur mes habitudes alimentaires et je me suis questionné sur ce « faire le bouddhisme » dans ma vie quotidienne... Il y a, en ce qui me concerne, pas mal de boulot à faire.

En étant politiquement incorrect, à première lecture des paraboles on pourrait se dire que ça va :   « Seigneur BOUDDHA, on n’est pas si abrutis que cela ! » Et pourtant, si. Nous sommes si facilement prévisibles d’inconscience et de répétitions des mêmes bêtises... et c’est pour cela que le Tathagata nous invite à remettre sans cesse « l’ouvrage sur le métier » et « de faire le bouddhisme » sachant qu’il enseigne dans notre monde et dans d’autres, comme il nous le répète souvent. Force est de constater que nous ne sommes pas les seuls à être sauvés des « Maisons  en feu » !!!.

Voilà chers tous, mon interprétation « très personnelle » des paraboles de l’Ainsi Venu, je vais essayer de continuer à « faire si possible le bouddhisme dans ma vie de tous les jours ».
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