26 - Kaen Jogo Sho
« La vie est le plus précieux de tous les trésors. Un seul jour de vie en plus vaut davantage que dix millions de ryo d'or. Le Sutra du Lotus surpasse tous les autres enseignements à cause du chapitre Juryo. » (Sur la possibilité de prolonger sa vie, Minobu, 1279)
Commentaires (de Daniel) et réflexions
- Un défunt pour un vivant ?
- Egalité improbable en raison du nombre inférieur* d’êtres humains vivant autrefois et aujourd’hui*
- Image de la bougie qui en allume d’autres ou façon dont se transmet le karma = un karma (bougie) capable de donner naissance à d’autres êtres humains (une bougie peut en allumer plusieurs)
- Code génétique personnel bien supérieur au sien propre : possédons des milliards de gènes de différents individus
- Le karma fait partie des « Quatre inconjecturables » : Shakyamuni lui-même disait que cette notion pouvait mener à la folie. Le Dalaï-lama dit lui aussi ne pas savoir s’il est la réincarnation d’un autre dalaï-lama* . La notion d’un karma individuel est donc peu claire, puisque le « je » en bouddhisme n’est pas reconnu. Le flux karmique en revanche comprend des causalités.
- Pas de notion d’ « âme » en bouddhisme, mais seulement celle d’une causalité. Bien que le bouddha Shakyamuni ne réfute pas la notion de karma, il l’approfondit en insistant sur les conséquences que nos pensées, paroles, actions engendreront.1
- Que nous possédions selon « le mystère de la répartition des grâces » enseigné par le christianisme une grâce ou non, la réalité est que nous sommes tous reliés : il existe une interdépendance et une non-substantialité à toute chose.
- « Le véritable secret est celui que vous devez découvrir en vous-même dans les tréfonds de votre vie grâce à votre propre pratique ! »2 Trouver les réponses aux questions3 que nous nous posons ne peut venir que de notre pratique, son but étant justement d’être capable de nous permettre de trouver ces réponses.
- Le monde est-il fini ou infini ?
- Le principe bouddhique « ku » est celui de la potentialité : quelque chose existe et n’existe pas, ou du moins n’est pas apparent. Une personne par exemple d’apparence calme pourra se mettre en colère dans quelques minutes ! Ce principe peut ainsi nous permettre de comprendre qu’on ne peut pas tout comprendre. Cf. les négations « ni…ni…ni » dont se servait Nagarjuna.
- « Seuls deux bouddhas peuvent comprendre entre eux ce qu’est la vie » (Yui butsu yo butsu)* : autrement dit, lorsque nous pratiquons, discutons avec notre état de bouddha ! La mentalité bouddhique : penser que c’est ceci et cela ; réunir.
- La vie est-elle réellement aujourd’hui le plus précieux des trésors ? En raison de la surpopulation, de la raréfaction des ressources, promouvoir l’euthanasie ?
- Autrefois, il suffisait de croître et de se multiplier, d’aller à la conquête d’autres terres (même la Bible le dit). Mais aujourd’hui, il n’y a plus de terres permettant aux humains de se développer normalement, sans se nuire.
- Question de point de vue
- Le travail du médecin est de soigner et d’aider les patients à vieillir bien
- Anecdote de Charles Péguy (1873-1914) : un voyageur rencontrant des casseurs de pierres sur sa route les interroge sur leur travail. « C’est terrible ! », dit le premier ; « C’est le travail avec lequel je peux nourrir ma famille », dit le second ; « Je suis en train de construire une cathédrale ! », dit le dernier.
- La vie est-elle « une salope », « une pierre précieuse », « le plus grand des trésors » ? Si nous pensons que nous avons la chance d’avoir la vie que nous avons, d’avoir cette vie-là, elle devient alors « le plus précieux de tous les trésors ».
- Nichiren a consacré sa vie entière pour s’assurer lui-même, et nous assurer ainsi, qu’il est l’envoyé du Bouddha. Eprouver de la gratitude envers sa vie est une façon de rendre hommage au Dharma et à son propre état de bouddha.
- Nichiren et l’école bouddhiste Tiantai qu’il a étudiée, ne faisant pas de différence entre le « samsara » et le « nirvana », notre vie peut être un enfer ou un paradis selon notre attitude intérieure.
- L’éveil ou l’illumination peuvent être soudains, vécus en un seul instant.
- Il n’existe pas de différence entre samsara et nirvana selon le principe des désirs menant à l’illumination. Il n’y a là aucune notion de culpabilité.
- Pratiquer le Sutra du Lotus et notamment en réciter le Titre sacré (Daimoku) permet de s’éveiller aux deux principes précités.
- Bien garder en mémoire que
- Les aspects positifs et négatifs coexistent toujours ;
- Le pire peut déboucher sur le meilleur ;
- Chasser la plainte, garder espoir, être indulgent envers soi comme autrui nous permettra de trouver la sagesse nécessaire pour transformer une situation et faire briller les Quatre vertus dont sont dotés les Quatre Grands Bodhisattvas : Jogyo (Pratique-Supérieure, Permanence, Conviction), Muhengyo (Pratique-Infinie, Bonheur), Jyogyo (Pratique-Pure, Véritable soi), Anryugyo (Pratique-Ferme, Pureté, libération)
1Cf. L’héritage du Dharma ultime de la vie, Sado, 1272
2Cf. le compte Instagram de la Nichiren Bay Area
3« Si vous ne posez pas de questions pour dissiper vos doutes, vous ne pourrez pas davantage écarter les nuages noirs de l'illusion que vous ne pourriez parcourir mille lieues sans jambes. » Lettre à Niike, Minobu, 1280