Objectifs de ce guide

Introduction

On me demande souvent, surtout les débutants, comment pratiquer ou ce qu’une personne devrait faire pour pratiquer. À moins que nous ne résidions dans un monastère ou qu’un maître nous dirige personnellement, je suis quelque peu réticent à donner des instructions spécifiques car je ne pense pas que nous devrions aborder le bouddhisme du point de vue des choses à faire et ne pas faire. Le bouddhisme étant néanmoins bien structuré, il importe d’avoir un cadre de base pour le pratiquer.

Dans la Nichiren Shu, il existe un cadre général pour pratiquer, dans la mesure du possible, matin et soir. Cela consiste à réciter certains passages du Sutra du Lotus, à en psalmodier le titre sacré, Namu Myoho Renge Kyo, et à offrir certaines prières.

En tant que prêtre et enseignant, j’ai la responsabilité de faire en sorte que le bouddhisme puisse être accessible et praticable, en particulier par les nouveaux membres. Ma première préoccupation est donc d’être efficace : assister une nouvelle personne à réaliser un solide objectif pour passer au niveau suivant. Ma deuxième préoccupation est d’enseigner à cette personne les bases essentielles, ce qui suppose de les sélectionner préalablement, pour qu’elle puisse savoir ce qu’est « être bouddhiste ». Il y a bien sûr d'autres considérations, mais ces deux points forment l’assise de ma pensée quand je réfléchis aux premières instructions à donner sur la façon de pratiquer. 

Bien qu’une pratique optimale soit souhaitable, je dois aussi me soucier des capacités d’une personne à suivre une discipline aussi ardue, alors que cette même personne n’en est encore qu’à ses débuts. Apprendre à réciter le Sutra de manière correcte et enrichissante prend du temps, un temps que cette personne sera peut-être incapable de maintenir sur le long terme. De nos jours, les gens s'attendent généralement à faire tout à la va-vite et à vouloir des résultats tout aussi rapidement. Bien que je ne partage pas cet avis, mes convictions n’ont pas à interférer avec la réalité de ceux qui se tournent vers le bouddhisme. 

Beaucoup se tournent en effet vers le bouddhisme parce qu’ils recherchent, avant toute autre chose, paix, sérénité et quelque joie dans leur vie. S’ils ressentent la pratique comme un fardeau plus lourd à porter que les fardeaux dont ils sont déjà chargés, ils ne seront peut-être pas prêts à continuer. Comment alors enseigner à ces personnes pour qu’elles introduisent le bouddhisme avec douceur dans leur vie ? Comment leur offrir la chance d’obtenir des bienfaits dès le début de leur pratique pour les encourager à poursuivre leur effort ? Tel est le défi. 

J’ai déjà parlé de mon aversion pour une pratique de type chronométrée, celle qui exige une durée minimale, qui enjoint, par exemple, de « pratiquer tant d’heures par jour », disant quelque chose comme : « Vous devez faire daimoku un nombre x d’heures chaque jour ». Malgré ce type d’assertion, je pense que ce genre d’encadrement peut être bénéfique pour un novice : cela lui donnera un point de repère, une indication pour intégrer la pratique bouddhique dans son emploi du temps probablement déjà bien chargé. J’utiliserai donc dans ce guide des objectifs de temps en tant que « moyens opportuns » (hoben). 

Ce que je vais donc faire au cours des 35 prochains jours, c'est donner un aperçu de la pratique quotidienne. Pour ceux qui pratiquent le Sutra du Lotus depuis longtemps, je vous encouragerais à vous engager dans cette démarche pour, peut-être, retrouver la ferveur des débuts de votre pratique, la joie et l’excitation que vous avez éprouvées dans ces moments-là. Retrouvez vos rêves, vos motivations initiales ! Et utilisez-les comme une opportunité pour rafraichir votre pratique.

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En publiant cela, je vous invite à commenter ces pensées car j’apprécierais de connaitre vos sentiments.* Cela m’aidera à voir ce texte d’un autre œil. Et dites-vous bien que vos sentiments sont vos sentiments, des sentiments personnels qui ne sont ni justes ni faux, qui sont juste ce qu’ils sont. 

Demain donc, nous commençons. Mais tout d’abord, si tel n’est déjà le cas, placez une copie du Sutra du Lotus sur ou près de votre autel, ou de votre espace « sacré » aménagé à cet effet. De cette manière, tout ce dont vous aurez besoin sera à portée de votre main, vous tenant prêt à pratiquer sans être interrompu ni distrait. Aujourd’hui, pendant la journée, réfléchissez à la durée raisonnable que vous pourriez consacrer à votre pratique pendant ces 35 prochains jours. Enfin, notez par écrit ce que vous espérez obtenir en pratiquant le bouddhisme. Soyez précis. Pensez peut-être aussi à un aspect sur lequel vous aimeriez vous concentrer pendant que vous pratiquerez. Voilà quel peut être aujourd’hui le contenu de votre pratique. Quant aux anciens, vous savez déjà certainement ce que vous voulez.

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1Source accessible sur https://ryusho.org/blog/?p=2926