Ryusho Jeffus

Réciter Daimoku

19 janvier 2014

 

 

Bonjour. Merci à tous ceux qui sont venus dans ce temple et à ceux qui se joignent à nous au moyen de la vidéo. Et merci également à tous ceux qui liront cela plus tard. Merci pour vos efforts pour pratiquer le Dharma, permettant ainsi d’atteindre l’Éveil et établir votre bonheur et celui de tous ceux qui vous environnent. Notre pratique principale, dans la Nichiren Shu est la récitation du Titre Sacré du Sutra du Lotus, le daimoku Namu Myoho Renge Kyo. De plus, nous récitons une partie du chapitre II et le chapitre XVI, les deux chapitres les plus importants du Sutra du Lotus car ils forment le cœur du Sutra. Lorsque nous récitons daimoku c’est comme si nous récitions le Sutra du Lotus en entier, condensé dans son titre : Myoho Renge Kyo.

Pourquoi la récitation du titre équivaut-elle à réciter tout le Sutra ? Le titre est un résumé de tout le sutra. Si, par exemple, je vous dis «Moby Dick», toutes sortes d’images, de souvenirs, de sentiments, viennent à l’esprit. Il en est de même pour d’autres livres que vous connaissez bien :, Harry Potter, Autant en Emporte le Vent, etc. La facilité de l’évocation dépend en grande partie de votre connaissance du livre. Comme nous sommes peu familiers avec le Sutra du Lotus, Namu Myoho Renge Kyo peut au début nous apparaitre totalement étranger. C’est pourquoi il est important d’étudier le Sutra du Lotus, pour s’imprégner de son contenu, comme nous le faisons pour n’importe quel autre livre.

D’un autre côté, la valeur de la récitation du daimoku (titre) ne dépend pas de notre compréhension intellectuelle du contenu du Sutra car fondamentalement elle se trouve dans notre dévotion.

Le mot Namu - qui précède le titre Myohorengekyo - exprime notre dévotion au contenu du Sutra du Lotus. Je pense de deux caractères kanji symbolise notre cœur. L’intensité avec laquelle, à un moment donné, nous vivons en accord avec les enseignements du Bouddha traduit notre dévotion. Il n’est pas possible de croire profondément quelque chose et de vivre en désaccord avec ce que l’on croit. Ce ne serait pas conforme à ce que l’on est réellement. Ainsi, notre récitation de daimoku cherche à se concentrer en esprit et en cœur sur les enseignements de Myohorengekyo et nous cherchons à manifester ces enseignements par des actions dans notre vie quotidienne.  Notre pratique remplit ainsi notre vie de Myohorengekyo.

C’est comme si l'on pinçait une corde de guitare, de piano ou de harpe dont la vibration produit un son. Plus vous récitez daimoku plus votre vie chante la magnifique musique de l’Éveil. De même, Namu se manifeste par nos actions et il est donc important que nos actions correspondent à nos paroles, sinon Namu est creux et inutile. Ainsi Namu est quelque chose que nous disons et aussi quelque chose que nous faisons. L’accomplissement suprême de la dévotion est le parfait accord entre les deux. C’est aussi cette dévotion qui active le Myohorengekyo qui est latent au fond de notre vie. Je voudrais m’attarder un peu sur cette notion de dévotion, l’une des significations du mot indien Namaste qui a donné Namu.

Lorsque j’ai commencé à pratiquer on m’a dit que je pouvais obtenir tout ce que je voulais en récitant daimoku mais que, pour cela, je devais montrer beaucoup d’application, car il ne suffisait pas de pratiquer un peu et seulement de temps en temps. Comme vous le savez, je ne suis pas un grand adepte du contrôle montre en main du temps passé à faire daimoku. Cela étant dit, il est important de faire daimoku méthodiquement de sorte à refléter votre dévotion et votre objectif.   Un jour, j’ai parlé avec des moines bouddhistes du Vietnam qui trouvaient que les Américains étaient trop paresseux et peu sincères dans leur pratique du bouddhisme. Selon eux, les Américains pensaient qu’il suffisait de pratiquer de temps en temps. Même ceux qui étaient plus engagés dans le bouddhisme consacraient moins d’une heure par jour à la pratique du Bouddhisme. Il serait assez risible de penser que l’on peut ainsi obtenir du bouddhisme n’importe quelle prestation, et encore moins la bodhéité.

À y regarder de plus près, la majorité des gens sont disposés à passer plus de temps faire autre chose qu'à rechercher l’Éveil. La plupart acceptent de passer une heure à regarder la télévision ou de jouer à des jeux vidéo, ou bien à faire des tas d'activités qui prennent encore plus de temps. Mais, tout en affirmant leur dévotion, il leur semble irréaliste de passer une heure ou deux par jour à se consacrer à ce qu’ils affirment être la plus importante de leur vie. Il est pourtant essentiel d’accorder nos actions à notre pensée. Bien sûr, il y a des moments où on ne peut passer une ou deux heures mais si cette pratique est, comme vous le dites, importante pour vous, vous allez en trouver le temps. Certaines choses devront être changées mais c’est justement le propos de la bodhéité. Changer ce qui a régi votre vie, est le moyen le plus sûr pour acquérir un bonheur authentique. C’est ce que propose le bouddhisme : votre Éveil. Nous prononçons Namu mais nous ne vivons pas Namu. Nous prononçons Myoho Renge Kyo, mais est-ce que nous vivons Myohorengekyo?

Nous sommes au début de cette nouvelle année et je vous encourage à jeter un regard critique pour savoir si votre pratique est en accord avec vos attentes. Je vous suggère de faire du Sutra du Lotus le centre de votre vie. Développez dans votre esprit le sentiment que Myohorengekyo est la chose la plus importante et que réciter daimoku est ce qui a le plus de valeur et qui doit se placer en première place.
Je je pense qu’il n'était pas inutile de rappeler ces quelques notions de base.

Lorsque j’ai commencé à pratiquer le bouddhisme j’étais dans les Marines ; c’était il y a fort longtemps, en 1969. Je demandais à mon aîné, mon mentor dans cette foi, comment trouver le temps pour pratiquer et assister aux rencontres — à l’époque nous allions aux réunions tous les soirs et elles duraient deux heures. J’ai demandé comment c’était possible de faire tout mon travail de militaire, tout ce que je devais faire par ailleurs et en plus prendre le temps pour pratiquer 1 heure par jour. Mon mentor m’a demandé quelle était la première chose que je faisais après mon quart en rentrant de la caserne. J’ai répondu que je m’asseyais sur mon lit de camp, fumais une cigarette, enlevais mes bottes et me détendais. Il m’a suggéré de mettre daimoku en premier et de voir ce que cela donne. Essaie de pratiquer avant quoi que ce soit. Il m’a dit que si l'on donne la première place à ce qui compte dans notre vie, alors tout le reste prendra sa place automatiquement.

Aujourd’hui, en affaires, les personnes qui ont réussi mettent continuellement l’accent sur l’objectif le plus importent sans se laisser distraire.  Dans la vie quel est votre objectif principal, celui que vous mettez en premier ? Si c’est d’être heureux, d’éliminer les souffrances et d’établir des bases solides pour la joie, le moyen le plus sûr est de réciter daimoku. Si vous placez d’autres choses avant, c’est que vous ne mettez pas les choses importantes dans le bon ordre. Bien sûr, il est possible que vous ne soyez pas vraiment intéressé par l’Éveil, et c’est votre choix. Mais dans ce cas, vous n’êtes pas bouddhiste car c’est précisément ce qui le caractérise. Les bienfaits (kudokus) que vous allez en tirer dépendent du degré de votre dévotion ; ou si vous n’aimez pas ce terme, de votre application, de votre engagement, de votre pouvoir de concentration. Les bienfaits se manifesteront selon votre participation et c’est le niveau de votre participation qui déterminera le niveau des changements dans votre vie. Il n’y a pas de récompense sans effort. J’invite chacun de vous à prendre la décision de recentrer vos efforts à partir d’aujourd’hui pour pratiquer tous les jours avec la joie dans le cœur, sachant que ce que vous faites entrainera un changement phénoménal dans votre vie.

Lorsque j’ai commencé à pratiquer le bouddhisme j’avais dix-neuf ans. À l’époque, on m’a récommandé de ne pas abandonner ni même me relâcher pendant dix ans. Tenir dix ans me semblait alors impossible.  Mais je savais que je voulais changer de vie et que c’était important pour moi. J’étais aussi persuadé qu’en changeant de vie je pourrais aider les autres à en faire de même. J’étais militaire alors que j’étais totalement opposé à la guerre. J’avais un but, on pourrait dire une orientation de vie. C’était important pour moi et je sentais que c’était aussi important pour les autres. J'ai donc suivi la recommandation et entrepris ma quête. En réexaminant mes 45 années passées je peux dire que ma vie actuelle est incomparablement plus vaste que celle que j’aurais pu avoir sans le bouddhisme. J’espère sincèrement que vous aussi pourrez créer une vie pleine de sens dont chaque moment aura un sens. Je vous promets que si vous développez l’esprit de pratiquer tous les jours, pour commencer la journée et pour la terminer, et si vous le faites pendant dix ans, vous pourrez constater un changement remarquable. Et si vous continuez ainsi toute votre vie et vous aurez vécu une existence pleine de joie et de bonheur indestructible.  C’est en cela que le Sutra du Lotus est le Roi des sutras. Le bouddha répète inlassablement que cet enseignement est le plus important et qu'il est supérieur aux autres qu’il avait dispensés jusqu’alors. Il dit qu’il a exposé ce grand Sutra pour que ceux qui croient en lui, qui le vénèrent et le gardent soient surs d’atteindre la même bodhéité que celle de bouddhas de tous les temps.

J’espère que vous garderez cette promesse du Bouddha dans votre esprit tout au long de votre vie. J’espère aussi que vous allez reconsidérer avec attention ce que vous vénérez dans votre vie, ce qui est le plus important pour vous, et que vous ferez en sorte que vos actions soient en accord avec vos rêves. Il n’y a pas de rêve plus grand que d’atteindre la bodhéité, gardez cela dans votre cœur, votre esprit et vos actions.

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