Fiche de lecture

Histoire des moines guerriers au Japon




Auteur : Gaston Renondeau (1879 - 1967)
Suivi d’une étude de Paul Demiéville (1894 - 1979) : Le Bouddhisme et la guerre
Maison d'édition : Presses Universitaires de France
Collection : Bibliothèque des Hautes Etudes Chinoises, Tome XI
Nb. de pages : 385 pages et 5 cartes
Année de parution : 1957

Point de vue de nos lecteurs : Qui mieux que le général Renondeau pouvait réunir la connaissance approfondie du bouddhisme japonais et celle de la stratégie militaire pour nous conter la tumultueuse histoire des moines guerriers (soheï ou shuto) du Japon ? Durant plus de six cent ans, plusieurs ordres monastiques japonais ont vu se développer en leur sein des sortes de milices, voire des armées pour les plus nombreux, qui ont entretenu un état de désordre permanent dans ces écoles, se sont livrés à toutes sortes d’exactions et ont représenté une menace continuelle pour les autorités séculières. Les plus remuants ont été Tendai et les Amidistes. Finalement c’est le shogoun OdaiNobunaga qui, vers la fin du seizième siècle, défit les troupes de ces moines guerriers et le plus souvent incendia leurs temples. L’existence de ces bandes de religieux armés et belliqueux est propre au bouddhisme japonais. L’étude de G. Renondeau permet de se faire une idée du manque consternant de connaissance de l’éthique bouddhique de la majeure partie du clergé d’alors. L’une des qualités de ce livre est de présenter l’ampleur de ce phénomène alors que dans la présentation du bouddhisme pour les occidentaux à laquelle les différents courants bouddhiques se livrent, ces évènements sont généralement passés sous silence. Rappelons, dans le cadre des Etudes-Nichireniennes , que le développement du bouddhisme de Nichiren s’est heurté à la menace que représentaient ces bandes armées. Notamment en 1536 à Kyoto, où les fidèles de Nichiren étaient devenus prépondérants (mouvement connu sous le nom de Hokke Ikki), ils ont été défaits par les moines guerriers du Tendai qui ont détruit tous les temples.

L’étude de Paul Demiéville qui conclut ce livre examine les liens existant entre le bouddhisme et la guerre, la morale bouddhique et le meurtre, dans une confrontation des textes et de l’histoire. Les bouddhistes pourront en sortir plutôt rassurés, leur religion aura été moins nocive aux différents peuples de notre planète que d’autres. L’exemple de ces moines guerriers semble donc une particularité historique du bouddhisme japonais.

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