DICTIONNAIRE des TERMES BOUDDHIQUES

français, japonais, chinois, sanscrit, pali


Parabole du chemin blanc

Texte de Shandao cité par Honen


En outre, je m’adresse ici à tous ceux qui souhaitent naître dans la Terre Pure ! Je vais exposer une parabole pour les pratiquants, afin de protéger leur foi et de les prémunir contre les objections extérieures de ceux qui ont des vues fausses ou divergentes.

Supposons un homme qui se rend d’est en ouest, à des centaines de milliers de lieues. Soudain, il voit deux rivières qui convergent sur son chemin. L’une est une rivière de feu, située au sud ; l’autre est une rivière d’eau, située au nord. Ces deux rivières sont chacune large de cent pas, et leur profondeur n’a pas de fond. Elles sont sans limite au sud et au nord. Exactement entre l’eau et le feu se trouve une voie blanche, qui doit faire quatre ou cinq pouces de large.

Comme cette voie mène de la rive orientale à la rive occidentale, elle est également longue de cent pas. Les vagues de la rivière d’eau se déchaînent et trempent la voie, tandis que les flammes de la rivière de feu viennent la brûler aussi, l’eau et le feu jaillissant ensemble sans jamais se calmer.

Or notre homme était déjà arrivé dans une immense plaine vide. Personne ne s’y trouvait, si ce n’est de nombreux brigands et des fauves, qui, le voyant seul, couraient vers lui dans le dessein de le tuer. Par crainte de la mort, il avait avancé dans la direction de l’ouest et c’est alors qu’il vit soudainement ces grandes rivières.

Maintenant, il se dit à lui-même “Je ne vois pas de limite à ces rivières, ni au sud ni au nord. Je ne vois qu’un chemin blanc entre elles, mais il est si étroite ! Même si les deux rives ne sont pas bien éloignées, comment pourrais-je l’emprunter ? Ce jour est certainement celui de ma mort, cela ne fait pas de doute ! Car si je rebrousse chemin, les brigands et les fauves me rattraperont !

Si je fuis au sud ou au nord, des fauves et des insectes venimeux se précipiteront surmoi ! Et si je poursuis par cette voie vers l’ouest, je risque de tomber dans ces deux rivières d’eau et de feu !“ Son effroi est alors inexprimable. Puis, il réfléchit : “Maintenant, si je m’en retourne, je mourrai ! Si je reste sur place, je mourrai aussi ! Et si j’avance, je mourrai également ! Mais s’il n’y a pas moyen d’échapper à la mort, autant poursuivre sur ce chemin en allant de l’avant ! Puisque ce chemin existe bel et bien, on doit pouvoir traverser ?’

A l’instant où il se fait cette réflexion, il entend soudain quelqu’un qui l’exhorte depuis la rive orientale en criant “Ami, marche en poursuivant seulement sur ce chemin avec détermination ! Il n’y a absolument aucun danger de mort ! Mais si tu restes, tu mourras !”

Et sur la rive occidentale aussi, quelqu’un l’appelle en disant : “Toi ! Viens directement avec la pensée correcte d’un coeur unique ! Je te protégerai ! Ne crains absolument pas le danger de tomber dans l’eau ou le feu.”

Entendant l’exhortation de celui-ci et l’appel de celui-là, notre homme se ressaisit de corps et d’esprit et poursuit sur cette voie avec détermination, en avançant directement sans produire de doute ni d’hésitation

Mais à peine a-t-il avancé d’un ou deux pas, que les brigands de la rive orientale l’appellent : “Ami, reviens ! Cette voie est pernicieuse, tu ne traverseras pas ! Tu mourras forcément, cela ne fait pas de doute ! Mais nous, nous n’avons aucune mauvaise intention ! Rejoins-nous !”

Bien qu’il entende leurs cris, notre homme ne tourne même pas la tête. D’un seul coeur, il avance directement et marche en ne pensant qu’au la chemin.

Instantanément, il atteint la rive occidentale et quitte les difficultés pour toujours. Il rencontre son ami-de-bien et s’en réjouit sans limite.

Telle est la parabole.

Référence : Honen. Le gué vers la Terre Pure, (Senchaku-shu), traduit du sino-japonais par J. Ducor, Fayard, 2005
http://www.esperer-isshoni.fr/spip.php?article135

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