CR du 21 février 2021

Extrait de Gosho N°22

22 - Kaimoku Sho

« Même si moi et mes disciples devons rencontrer diverses difficultés, si nous n'instillons pas le doute dans nos cœurs, nous réaliserons naturellement la bodhéité. N'ayez pas de doutes simplement parce que les cieux ne vous accordent pas leur protection. J'ai enseigné cela jour et nuit à mes disciples, mais malgré cela, ils commencent à douter et abandonnent leur foi. Au moment crucial les hommes insensés oublient leurs promesses. » (Traité pour ouvrir les yeux, Sado, 1272)

 

Commentaires de Bertrand

  • Attention aux extraits, d’autant plus s’ils sont courts !
    • Toujours les replacer dans leur contexte 
    • Extrait néanmoins très connu dont il est bon se souvenir
  • A la différence de Shakyamuni ou de Jésus, Nichiren a laissé de nombreux écrits, le Gosho, un ensemble de lettres et traités 
    • Précisant son enseignement tant sur un plan théorique que pratique
    • S’expliquant les uns les autres, à lire pour mieux comprendre sa pensée
    • Constituant un mode d’emploi et la base de notre étude pour nous aider à pratiquer et appliquer son enseignement au quotidien
  • Pourquoi certaines personnes arrêtent-elles de pratiquer ?
    • Nichiren sait que son enseignement suscite obstacles, difficultés et forces négatives
    • Souvent l’objet de cet abandon est lié à une pratique négligente ou à des buts futiles
    • Pourtant, quand on pratique, vent contraire nécessaire
      • Caractéristique de toute activité : faire du vélo, par ex., exige endurance, souffle, le savoir d’aller par monts et par vaux, etc.
      • Dans nombre de goshos, Nichiren parle des difficultés (note). Or face à elles, bien qu’elles existent depuis la nuit des temps, « le sage se réjouit tandis que l’insensé s’enfuit » (réf.) 
  • Pratiquer = aller au-delà de l’éphémère, de l’impermanent
    • Réussite, fortune, disgrâce, louange, critique, etc. ne font que passer
    • Quand surgit une difficulté, notre processus vital est-il contrarié ? Si ce n’est pas le cas
      • Continuer de pratiquer
      • Reconnaitre que malgré cette difficulté, nous jouissons d’une grande protection
      • Etre aussi sûr que Nichiren que les forces de l’univers (forces de la nature = « divinités bouddhiques ») nous protègeront
    • S’il s’agit d’une grande difficulté,  le doute surgit et c’est normal ! Se rappeler
      • Image de l’eau passant dans un tuyau : pratiquer enclenche le nettoyage de notre karma (= le tuyau). Autrement dit, c’est comme si pratiquer équivalait à faire entrer dans ce tuyau de l’eau claire qui poussera vers l’extérieur les impuretés agglutinées le long de ses parois. Mais ce qui en sortira, ce sera de l’eau sale (nos impuretés)
      • Image que Nichiren utilise dans Les Huit vents : un homme, au service d’un seigneur auprès duquel il a contracté une dette, décide un jour de le quitter. Mais cet homme devra d’abord rembourser sa dette avant de pouvoir le quitter
        • Cette dette = son karma (effets latents qu’il ne connait pas)
        • Difficultés inhérentes à ce karma vont nécessairement se manifester et provoquer des sentiments en lui qu’il aura du mal à comprendre
        • C’est pourquoi existe le Trésor du Sangha, son rôle étant de soutenir, rassurer et encourager quelqu’un en proie aux difficultés
    • Dans cet extrait, Nichiren met également en garde en rappelant que si nous arrêtons de pratiquer, nous perdrons le bénéfice de la pratique qui est celui d’atteindre la bodhéité.

Questions/Réponses

  • Comment distinguer Bachi (rétribution négative) de Sanshoshima (Trois obstacles, Quatre démons) ? Autrement dit, comment reconnaitre les obstacles liés à notre chemin vers la bodhéité de ceux provoqués par nos erreurs de pratique ?
    • Bachi : un concept propagé par la SGI venant d’une notion empruntée au Shinto et étranger au bouddhisme.
    • Cf. les traités de Nichiren, Kanjin no Honzon Sho et Kaimoku Sho qui répondent à cette question 
      • Apprendre à voir l’aspect positif des difficultés
      • A Sado, bien que Nichiren soit confronté au froid, à la faim, à l’exil et ait failli être décapité, les sanshoshima pour lui n’existent plus
      • C’est en effet sur l’ile de Sado, dans ces pires conditions de vie, qu’il découvre qu’il lui faut changer de mentalité : purifier ses six sens pour voir « le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide »
      • De même, nos difficultés devraient nous aider à mieux comprendre les souffrances de ceux qui nous entourent et transformer ainsi notre pire ennemi : notre ego
  • Les sentiments, des ombres éphémères
    • La pratique : une activité au-delà des sentiments de plaisir/déplaisir, (j'aime / je n'aime pas)
    • Vivre dans une belle maison, avoir une bonne position sociale, professionnelle ne manquent bien sûr pas de charme et peuvent être nécessaires à notre équilibre, voire être importants pour « prouver » aux autres la véracité, « la preuve vécue », de notre pratique, mais n’oublions pas que notre objectif reste celui de la bodhéité : l’état même auquel parvint le Bouddha 
    • En général, quelqu’un commence à pratiquer parce qu’il a un problème
      • Peut-être ce quelqu’un n’est-il d’ailleurs lui-même pas bien conscient de son problème
      • Restons néanmoins très respectueux face à cette personne, car ce sont ses difficultés qui lui permettent de pratiquer
      • Considérons donc ses difficultés comme extrêmement respectables, et tâchons de comprendre, et non de juger cette personne
  • Voir et apprécier sa pratique sur le long terme
    • Entre nos débuts de pratique et aujourd’hui, notre pratique a nécessairement évolué : les désirs ou besoins que nous exprimions initialement se sont modifiés
    • Certes, le Gohonzon reflète notre état de bouddha, mais prendre conscience que c’est uniquement lorsque nous pratiquons que nous pouvons nous éveiller à cet état et l’actualiser
      • Une fois la pratique terminée, nous quittons ce monde-état et revenons à l’un des neuf autres mondes-états dominant le plus notre vie
      • L’objectif de notre pratique est donc de faire en sorte que notre monde-état dominant soit celui de bouddha, le 10e 
    • L’expression « atteindre la bodhéité » est maladroite, voire impropre, puisque
      • La bodhéité est en nous :  ce verbe induisant un cheminement contredit donc l’idée d’immédiateté et d’immanence de ce monde-état
      • Le bouddhisme = un système qui cherche à harmoniser notre propre dualisme
        • Etre conscient de ses problèmes = un 1e pas pour les transformer
        • Se servir de ses problèmes = un autre 1e pas pour les transformer et, ce faisant, aider ceux qui font face à une difficulté similaire
      • Il s’agt aussi d’une démarche collective, altruiste, la bodhéité étant
        • "Joie intérieure et sagesse profonde permettant d’être équanime (accepter autrui comme soi-même)
          C'est également la joie de vivre, la joie partagée (mudita) qui sert de critère pour nous indiquer si nous sommes dans la bonne voie (malgré lesdifficultés)
        • La réalité des Quatre vertus du Bouddh
    • Par ailleurs, la pratique aide à surmonter ses difficultés personnelles « sans changer d’apparence » (note)
      • Notre vie reste nôtre dans sa profondeur et avec ses caractéristiques
      • Notre pratique nous aide à nous comprendre, c’est-à-dire à comprendre notre propre nature
      • L’enseignement du Lotus encourage et incite à éclaircir la problématique de ses six sens, source de méprise sur soi-même et son environnement.

Retour

haut de la page