Définition 
          de Bouglé  : 
         "Nous 
          dirons qu’une société est soumise au régime 
          des castes si elle est divisée en un grand nombre de groupes 
          héréditairement spécialisés,  hiérarchiquement 
          superposés et mutuellement opposés,  si elle s’oppose 
          à la fois aux mélanges de sang,  aux conquêtes de 
          rang et aux changements de métiers"
                  
         
        Origine des castes
        Sur l'origine 
          des castes,  il y a beaucoup d'essais d'explication,  mais aucune pleinement 
          satisfaisante à ce jour. Sans doute se trouve-t-il des éléments 
          exacts dans chacune.
          Les données historiques,  bien qu'insuffisantes,  sont instructives 
           : rappelons que vers 1500 avant notre ère,  des bandes originaires 
          du Caucase et qui s'appelaient eux-mêmes "Arya" envahirent 
          l'Inde par le nord-ouest jusqu'aux plateaux du Deccan  : d'où 
          les langues indo-européennes parlées dans la moitié 
          nord,  alors que le sud parle des langues dravidiennes.
         Facteurs 
          structurels
         1) division 
          du travail 
          Le sociologue Ghurye considère le système des castes comme 
          le développement sur le sol indien d'une institution indo-européenne 
          plus large. On connaît les trois grandes fonctions qui,  selon 
          Georges Dumézil,  ont déterminé les classes sociales 
          communes aux sociétés indo-européennes  : prêtre 
          - guerrier - agriculteur. Et certains ont voulu voir une origine "raciale" 
          au système des castes  : une structure imposée par les 
          envahisseurs aryens. Sans doute la culture de ceux-ci a-t-elle eu une 
          influence,  mais cela ne veut pas dire que les populations dravidiennes 
          n'étaient pas déjà elles-mêmes organisées 
          en castes,  suivant le principe défendu par Louis Dumont dans 
          son grand ouvrage,  "Homo hierarchicus",  qui fait référence 
          même s'il est contesté.
          2) endogamie 
          Claude Lévy-Strauss,  dans "Les Structures élémentaires 
          de la parenté",  après avoir souligné 
          l'universalité de la prohibition de l'inceste,  jette les bases 
          d'une classification des groupes humains selon le type de mariage. 
         Endogamie 
           : Règle (ou pratique) enjoignant à un individu 
          de choisir son conjoint à l’intérieur de son propre 
          groupe (groupe de parenté,  groupe territorial,  groupe statutaire,  
          etc.). 
         Exogamie 
           : Règle (ou pratique) enjoignant à un individu de choisir 
          son conjoint à l’extérieur de son propre groupe 
          (groupe de parenté,  groupe territorial,  groupe statutaire,  etc.).
         Emmanuel 
          Todd,  dans "La diversité du monde" 
          analyse les conséquences des différences structurelles
          "Le trait original et fondamental du système familial de 
          l'Inde du Sud est le mariage préférentiel asymétrique,  
          qui repose sur un double postulat  : un interdit d'ordre exogamique sur 
          l'alliance avec les parents du côté du père,  une 
          prescription d'ordre endogamique obligeant à l'alliance du côté 
          de la mère. Le conjoint est,  idéalement,  une cousine croisée 
          matrilatérale (fille du frère de la mère). Mais,  
          dans certains cas,  il peut s'agir d'une nièce,  c'est-à-dire 
          d'une fille de la soeur. Les deux faces de ce mécanisme - exogamie 
          patrilatérale et endogamie matrilatérale - sont également 
          importantes. C'est leur combinaison qui engendre les principales idéologies 
          indiennes,  et en particulier les castes.
         L'existence d'un modèle endogame au niveau familial 
          explique celle d'une idéologie endogame au niveau social. La 
          fermeture matrimoniale de la famille sert de modèle à 
          la fermeture matrimoniale de la caste. Mais plus subtilement,  le système 
          matrimonial encourage une perception asymétrique de l'espace 
          social  : tous les individus n'occupent pas des positions équivalentes,  
          tous ne sont pas épousables,  tous ne sont pas égaux. Dans 
          un tel environnement anthropologique et mental,  l'idée d'égalité 
          des hommes ou d'équivalence des peuples paraît singulièrement 
        abstraite".