Le Grand arrêt et Examen de Zhiyi (école Tiantai) donne des instructions sur la façon de pratiquer. Cet ouvrage y consacre des centaines de pages que je ne puis mentionner ici, dans le cadre de cet article. Nichiren étudia également ce texte tout au long de sa vie. Si je devais le résumer brièvement, je dirais qu'il s'agit de cultiver une façon d’être, pleinement présente à chaque instant, et de laisser cet instant nous révéler sa vérité sans que plus rien n’interfère - illusions, suppositions, préjugés, etc. Comment y parvenir ? Pris dans nos schémas de pensées habituels, il est très difficile sinon presque impossible d’y arriver lors de nos activités quotidiennes, que nous soyons en famille, sur notre lieu de travail ou de loisirs.

Zhiyi synthétisa toutes ces techniques en quatre types de pratique qu’il appela samadhis ou états d'unification et de clarté mentale.

La première pratique, qui peut durer 90 jours, consiste à s'asseoir de manière traditionnelle pour méditer en silence et tâcher de ne plus se laisser entrainer dans des schémas de pensées habituels, à savoir être simplement pleinement présent à ce moment-là, et l’observer en silence. C’est une pratique très difficile et très ciblée.

La deuxième pratique consiste à réciter des sutras en marchant pendant 90 jours autour d’un temple et à utiliser cette pratique dévotionnelle pour arrêter ses pensées et ruminations habituelles. Il s’agit là aussi d'une pratique difficile et ciblée qui, contrairement à l'assise silencieuse, permet néanmoins de se déplacer et de s’exprimer à haute voix. Cette pratique intègre même une pratique de visualisation qui, au lieu d'essayer de rester assis et d’observer sans n’avoir rien à faire, permet une activité centrée sur des symboles aidant à imaginer ce qu’est l’éveil d’un bouddha.

La troisième pourrait être une pratique hybride entre méditation assise et méditation déambulatoire. Moins rigide, elle semble moins difficile que les deux premières. Mais comme elle permet de réagir à la fois au corps et à l’esprit en proie aux ruminations, cette troisième possibilité peut s’avérer plus difficile que les deux premières puisqu’en fin de compte, il s’agit d’apprendre à contempler la réalité avec sérénité et lucidité.

La quatrième pratique serait simplement de vivre notre vie de manière habituelle, tâchant d’être pleinement conscient de nos sensations corporelles, de nos sentiments, de nos états mentaux et des phénomènes en général afin d’observer leur vraie nature. Bien que cette technique puisse sembler facile et naturelle, il s’agit en fait de la pratique la plus difficile d’entre toutes, constamment perturbés que nous sommes par les caprices de notre état d'esprit chaotique, égocentrique et anxieux, prisonnier de nos conditions quotidiennes aussi exigeantes que stressantes.

L’objectif des trois premières pratiques formelles est néanmoins de nous aider à pratiquer la quatrième d’entre elles, et de rester ainsi serein et lucide à tout moment.

La récitation de Daimoku équivaut aux trois premières pratiques formelles car elle inclut les pratiques de soutien que sont la récitation du Sutra et les prières composant Gongyo. C'est ce que l’école Nichiren Shu nous propose de vivre chaque jour : des moments de répit pour cultiver des états d'observation sereins et lucides de nous-mêmes et des phénomènes.

Il existe bien sûr d'autres pratiques spirituelles qui cultivent « l’Arrêt et l’Examen » lesquelles ont cependant, comme le souligne le bouddhisme, différentes motivations et perspectives. Notre pratique du bouddhisme de Nichiren exprime symboliquement à travers le mandala Gohonzon et le Titre sacré que représente Daimoku, ce que nous considérons être le but et la perspective la plus élevée qui soit pour tous les êtres, quels qu’ils soient.

Finalement, notre objectif est d'aller au-delà des symboles pour comprendre la réalité telle qu’elle est. Cette expérience transcendante est représentée par la Cérémonie dans les Airs. Nous commençons d’abord par ce que représentent ces symboles pour ouvrir notre esprit et notre cœur à cette réalité, puis nous découvrons que la réalité opère à travers ces symboles et n'en est pas séparée. Nous réalisons enfin que les mots, tout comme les symboles, contiennent, tous, ces vérités. En d'autres termes, si les moyens habiles ont des significations ou sont des stratégies provisoires pour éveiller notre bodhéité, cette dernière consiste à maîtriser les moyens habiles et à les utiliser sans que ces moyens ne nous piègent.

Namu Myoho Renge Kyo,
Révérend Ryuei McCormick


Source : https://www.nichirenbayarea.org/voices-from-the-sangha/guidance-for-how-to-practice