Si nous souffrons dans la vie c’est parce que nous résistons aux changements qui surviennent.
La vie n’est que changement.
Bien sûr, moi aussi je fais résistance aux changements (et j’en souffre) comme tout le monde, mais j’ai appris la leçon et sais mieux m’adapter. J’ai appris la flexibilité car
tout change, et ceci est vraiment beau.
La souffrance due aux changements
Que faut-il entendre quand je dis que notre souffrance vient du fait que nous opposons une résistance farouche aux changements de la vie?
Voici quelques exemples de ce qui nous perturbe:
- Au travail, quelqu’un vous crie dessus. Dans ce cas, le changement vient du fait que normalement nous nous attendons à ce que les gens se comportent gentiment et honnêtement et qu’ils nous respectent. La réalité est qu’ils ne le font pas toujours. Quand c’est le cas, nous résistons à la réalité car nous prétendons que les choses soient comme nous le voulons. Ceci nous rend fous, nous blesse ou nous vexe.
- Votre fils de trois ans (même de 13) ne vous écoute pas. Là aussi, vous vous attendez à ce que votre fils se comporte d’une certaine manière, mais la réalité est différente. Et quand la réalité ne se conforme pas à vos attentes, vous êtes stressés.
- Vous perdez votre job. Voilà un grand bouleversement qui va avoir des répercussions sur votre stabilité financière, mais aussi sur votre identité! Si vous perdez votre emploi, vous devrez entre autres affronter la façon dont vous vous voyez, ce qui comporte généralement d’énormes difficultés. Résister à ces changements (et les contraintes financières qui s’en suivent) peut être très pénible.
- Trop de choses à faire et vous êtes dépassés par les événements. Où est le changement, me direz-vous? Nous voulons tout contrôler, même si cela est impossible. Ici surgissent de nouvelles tâches, là de nouvelles requêtes. Et ces changements sont très difficiles à gérer car nous pensions bien contrôler le déroulement de notre journée alors que maintenant, tout semble foutu. Ceci nous dépasse et nous stresse.
- Un être aimé meurt. Un des changements ultimes dans la vie est la mort. Que change-t-elle? Tout d’abord cet être bien-aimé n’est plus là (du moins, pas de la même façon) et sa disparition engendre une souffrance car nous ne sommes plus la même personne quand quelqu’un de proche s’en va. Nous devons alors changer notre identité: maintenant veuves au lieu d’épouses, pères sans leur fille, etc. Nous voudrions que la vie soit comme elle était auparavant, mais ça ne se passe pas ainsi. Alors, nous portons le deuil, nous nous désolons et nous éprouvons même de la rage.
Voilà quelques exemples. Les choses changent tout le temps et nous résistons. Notre jour change, nos relations, les gens ne se comportent pas comme nous l’espérons, nous-mêmes changeons constamment: tout ceci est dur à envisager, encore plus à en tenir compte.
C’est ce que j’appelle la souffrance du changement, de ne pas tout contrôler, de ne pas voir nos attentes respectées.
Que faire, alors?
La beauté des changements de la vie
Nous pouvons gérer la souffrance de plusieurs manières: en nous fâchant et en criant, en buvant et en nous droguant, en mangeant des cochonneries, en regardant la TV ou en nous distrayant de mille autres façons. Nous pouvons aussi trouver des moyens “positifs” pour traiter le stress, la rage et la souffrance: faire des exercices physiques, parler de nos problèmes avec des amis, ou essayer de trouver une solution (en programmant mieux notre journée, en agissant, en discutant sérieusement de nos différents, etc.).
Ou alors, nous pouvons accepter le changement.
Mais puisqu’il s’agit d’un événement de la vie (car la vie, rappelons-le, n’est que changement), pourquoi y opposerais-je une résistance? Pourquoi ne pas “faire avec” et m’en réjouir?
Constatez la beauté du changement.
C’est dur, je sais, parce nous sommes tellement habitués à résister.
Mettons de côté la résistance et les préjugés et regardons ensemble ce qu’il y a de beau:
- Au travail, quelqu’un vous crie dessus. Cette personne est blessée, frustrée, fâchée et essaye de vous transmettre ses propres sentiments négatifs. En fait, elle vous tend la main en demandant de l’aide. Elle a surement une vie chaotique qu’elle essaye désespérément de contrôler (impossible) et n’y arrive pas. Pouvez-vous compatir avec elle? N’avez-vous jamais ressenti les mêmes frustrations? Il y a de la beauté dans les ressemblances, dans nos souffrances communes, dans notre connections aux autres. Alors, acceptez mentalement cette belle personne, embrassez-la dans votre esprit, ressentez sa souffrance et donnez-lui toute votre compassion.
- Votre fils de trois ans (même de 13) ne vous écoute pas. Aussi bizarre que cela puisse paraître, votre enfant est en réalité en train d’expérimenter son indépendance. Il montre qu’il est une être humain complet, pas juste un robot qui suit des ordres. Vous mêmes, n’avez-vous jamais été dans cette situation? N’avez-vous jamais été frustrés par quelqu’un qui essayait de vous contrôler? Il y a de la beauté dans l’indépendance, l’esprit batailleur, la rébellion. C’est la vie qui est ainsi (d'accord, la vie est un changement perpétuel, mais aussi une rébellion contre le contrôle). Souriez face à cette beauté, aimez-la, laissez de l’espace à votre fils pour qu’il grandisse.
- Vous perdez votre job. Aussi difficile que cela puisse paraître c’est, certes, une fin, mais aussi un début de quelque chose (toute porte est une sortie mais aussi une entrée vers un autre espace). C’est le début d’un nouveau voyage, la chance de renouveler votre vie, de réinventer ce que vous êtes. Voyez la beauté que vous offre cette opportunité, cette libération de la “routine”.
- Trop de choses à faire et vous êtes dépassés par les événements. Difficile, c’est vrai, sans aucun doute, mais on peut parvenir à renoncer au chaos des tâches, des informations permanents qui vous bombardent, des requêtes incessantes à assouvir. Vous ne pouvez pas les accueillir toutes à la fois, mais vous pouvez renoncer à vouloir tout contrôler complètement. Regardez la beauté du chaos: il est aléatoire, il est fou, c’est la vie! Constatez la souffrance de votre résistance mais aussi la beauté de cette lutte; puis comprenez que vous ne pouvez accomplir qu’une tâche après l’autre, et agissez en conséquence. En acceptant le chaos et en y voyant la beauté, nous pouvons être moins stressés et accablés.
- Un être aimé meurt. Surement le plus dur de tous et clairement le fait le plus triste. Mais la vie est une fin nécessaire.Les fins sont nécessaires à la beauté: si les choses étaient illimitées, nous ne les apprécierions pas. Les limites font aussi partie de la beauté, et la mort est la limite ultime car elle nous rappelle que nous devons apprécier cette chose merveilleuse qu’est la vie (tant qu’elle est là). Mais la mort est aussi un commencement (pas dans les sens de la vie après la mort) car c’est un nouveau départ pour les survivants. Tout comme la perte du travail, c’est une occasion de se réinventer. Malgré la souffrance, la tristesse, quand un être proche meurt nous sommes forcés de réinventer notre vie. Pour moi, ceci est très beau. De plus, la mort est une occasion d’évoquer la vie de cette personne et de lui exprimer notre gratitude pour le bonheur qu’elle nous a donné.
Les possibilités de trouver la beauté dans nos difficultés sont illimitées. Et ça, en lui-même, est déjà très beau. |