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La loi de l'attraction, des habitudes, du caractère (Gati)
et des envies (Āsava)

par

Lal  Ariyaratna Pinnaduwage (note)

Révisé le 24 octobre 2018; 2 mars 2020

https://puredhamma.net/three-levels-of-practice/moral-living-and-fundamentals/law-of-attraction-habits-gathi-and-cravings-asavas/?highlight=attraction

Le dicton « Les oiseaux du même plumage s'assemblent sur le même rivage » est vrai et nous pouvons le constater tout autour de nous.
  • Nous pouvons classer les gens dans différentes catégories : sportifs, voleurs, politiciens, assassins, fidèles, écologistes, libéraux, conservateurs, etc.
  • Dans une école, les enfants ont également tendance à entrer dans différents groupes: ceux qui font du sport, qui aiment les jeux, les intellos, les geeks, etc.

  • Bien sûr, il peut y avoir des chevauchements, mais nous pouvons clairement voir que les gens ont tendance à s’associer  avec ceux qui ont des intérêts, des goûts communs, etc.

2. C'est un principe universel. Comme en chimie la liaison des molécules.

  • Nous savons tous que l'huile et l'eau ne se mélangent pas ; les deux molécules sont très différentes. D'autre part, les molécules d'eau restent heureusement ensemble, tout comme les molécules d'huile de leur côté.

3. Le bouddhisme décrit les lois de la nature. Il n'est donc pas surprenant que la loi de l'attraction s’inscrive naturellement dans le Dhamma. Il y a trois mots-clés pertinents dans le Dhamma : les habitudes, le caractère (gati)  et les envies (āsavā) ; voir Habits and Goals, and Character (Gati). En fait, certaines de nos habitudes nous suivent d’une vie à l'autre ; voir Saṃsāric Habits, Character (Gati)  and Cravings (Āsava).

4. La loi d'attraction peut être expliquée avec Paṭicca Samuppāda, le principe bouddhique de causalité ; voir Paṭicca Samuppāda – Introduction

  • «Pati + iccha» signifie associer ou se lier à quelque chose que l'on aime. « Sama + uppāda » signifie que le résultat (uppāda) est quelque chose de nature similaire (sama); c'est-à-dire que cette association conduit à un résultat du même type.
  • Si un enfant fréquente volontiers et avec enthousiasme d'autres qui aiment travailler dur et obtenir de bonnes notes, alors il  continuera sur cette voie vers la réussite. Plus un enfant traîne volontairement avec un gang criminel, plus son esprit devient sensible au comportement criminel et il devient un criminel capable de commettre des crimes atroces.

  • Ainsi, dans le Bouddha Dhamma, il est dit: « gati (caractère) attire un gati similaire ». Nous verrons que cela a  une signification très profonde.

5. Cependant, le Dhamma dit que cette loi d'attraction n'est pas un fatalisme, c'est-à-dire qu'une personne ayant un ensemble de mauvaises habitudes / envies n'est  pas obligée de suivre une pente glissante. On PEUT changer ces habitudes / envies GRADUELLEMENT et ainsi changer son caractère (gati). Cependant, un enfant n'est pas capable de le faire seul. C'est pourquoi c'est la responsabilité des parents de diriger l'enfant :

  • Les parents peuvent apporter une énorme contribution à la mise en place de bonnes habitudes / envies chez un enfant, dès sa conception. L'amour et l'attention que les parents ressentent l'un envers l'autre sont ressentis par le fœtus. C'est aussi important, peut-être plus important que la nourriture consommée par la mère. Un enfant né dans un environnement d'abus ou de violence peut développer des problèmes pour toute la  vie.

  • A mesure que l'enfant grandit, son comportement et ses habitudes sont fortement influencés par les parents, les amis et l'environnement scolaire. Il est de la responsabilité des parents et des enseignants de guider l'enfant.

La raison en est que le manōmaya kaya de l'enfant est conscient de l'environnement même dès les tout premiers stades de sa vie et  même s'il n'a aucun contrôle sur la situation, il est affecté par l'environnement; voir Manomaya Kaya (Gandhabba) and the Physical Body

6. Quand on devient adulte, on a le plein contrôle de sa vie (dans un sens banal). Même si les années de l'enfant n'étaient pas bonnes, et même si l'on a acquis un ensemble de mauvaises habitudes (ou même si des habitudes saṃsāriques ont façonné son caractère de manière fondamentale), il est POSSIBLE de les changer.

  • On peut utiliser le même principe de Paṭicca Samuppāda pour changer de direction.
  • Il suffit de changer la partie « pati + ichcha », c'est-à-dire de changer ses goûts ou ses habitudes. Alors « sama + uppāda » se produira automatiquement. C'est la loi de la nature. Voir Paṭicca Samuppāda  

 

7. Cependant, il faut tout d’abord  convaincre son propre esprit que le chemin actuel mènera à un mauvais destin;  il faut envisager les mauvaises conséquences de rester sur la même mauvaise voie. ET il faut également envisager les avantages de cultiver de bonnes habitudes.

 

  • Par exemple, un fumeur ne peut pas simplement prendre une « résolution du Nouvel An »  et arrêter de fumer (quelques-uns  le peuvent, mais pas  la plupart). Il est préférable de commencer par examiner toutes les attestations médicales qui montrent des preuves solides que l'on peut mourir prématurément et que l'on peut également souffrir de problèmes pulmonaires à un âge avancé si l'on continue de fumer. On pourrait parler à quelqu'un qui a arrêté de fumer et écouter la «success story» de cette personne, ou arrêter ne pas voir l'énervement de personnes  quand on allume une cigarette, etc.

 

8. Quand quelqu’un  acquiert de bonnes habitudes ( lentement et avec efforts au début), il est attiré par les gens, les milieux, les lieux de travail, les environnements qui nourrissent et développent davantage ces habitudes, ce qui à son tour change son caractère; ainsi le processus une fois commencé devient auto-alimenté.

  • C'est la loi de l'attraction telle qu'elle est contenue dans Paṭicca Samuppāda : « pati + ichcha » menant à « sama + uppāda ». Ainsi, il est essentiel de développer un goût (chanda) et un élan ( citta ) pour ce que l'on veut accomplir, d'analyser de manière critique la situation ( vimansa ) et de faire un effort ( viriya ); voir “The Four Bases of Mental Power (Satara Iddhipada)“.

 

  • Quand on adopte certaines mentalités  et activités (bonnes ou mauvaises), celles-ci deviennent des habitudes. En cinghalais, on dit que «නිතර කරන දෙය ගති වෙනවා». Quand on continue à faire quelque chose encore et encore - et peut-être même au cours de nombreuses renaissances -  cela devient profondément ancré, des envies profondes (āsavā ). Ce gati (caractère) devient également  bhava ; tout ce qui est aimé devient notre existence (bhava ) ou réalité; en cinghalais, «තිබෙන බව»).
  • Quand on a un certain caractère (gati ), il devient facile de se mettre dans certain  état,   mener une existence qui lui  correspond ; c'est une des signification de bhava . Par exemple, une personne qui a l'habitude de boire  renaitra  facilement  dans cet état, c'est-à-dire que la simple vue d'un bar pourra  l’amener à se saouler. C'est ce concept qui est  explicité dans le bouddisme. Il est facile de «naître» avec ces caractéristiques dans la nouvelle naissance ( uppatti bhava ) ou même dans la vie présente ( pavutti bhava ). Ce concept est plus approfondi  dans la section Paṭicca samuppāda ; voir, par exemple, Akusala-Mula Paṭicca Samuppāda

 

  • 9. Le problème que beaucoup de gens rencontrent est qu'ils aimeraient changer rapidement or cela ne se produit normalement pas. Au début les progrès  peuvent être lents. Cependant, si on a reçu l’impulsion , le processus s'accélère. C'est comme essayer d'inverser la direction d'une voiture en mouvement. Il faut d'abord arrêter d'aller dans la mauvaise direction. Ensuite, quand on démarre la voiture dans la bonne direction, il faut un peu de temps pour accélérer et augmenter la vitesse. Voir «Habits, Goals, and Character (Gati)  et les liens qui s'y trouvent. Prenons deux exemples:
  • Si l'on veut être un homme d'affaires prospère, alors il faut essayer de «construire» les habitudes d’ homme d'affaires: connaissance de l'entreprise, apprentissage des compétences pertinentes, travail acharné, etc. ALORS la loi de l'attraction commence à fonctionner et on sera attiré automatiquement par d'autres ayant les mêmes intérêts et des environnements ou des conditions de vie similaires.
  • Si un lycéen veut aller à l'université, alors il  devrait faire un effort pour acquérir  cet état d'esprit. Passer plus de temps pour décider quels  sujets étudier et ensuite s'y «immerger». Les parents et les enseignants peuvent être déterminants en encourageant et en guidant vers le bon chemin.
  • Si quelqu'un veut atteindre « nirāmisa sukha » (voir Three Kinds of Happiness – What is Niramisa Sukha? Il devra y passer  du temps et d'abord apprendre le vrai Dhamma.  A mesure que l'on apprend, on se motive pour en apprendre davantage, car on va commencer à ressentir le changement de son caractère ( gati ).

Dans tous les cas, on attirera des influences extérieures (amis, autres intérêts, etc.) propices à cet effort. ET on perdra aussi certaines des anciennes influences. De toute évidence, les paramètres idéaux pour les exemples ci-dessus peuvent  être différents les uns des autres, mais pas contradictoires. Avant d'essayer d'atteindre Nibbāna, une personne ayant des responsabilités familiales devra les remplir en gagnant un revenu pour subvenir aux besoins de la famille ; un enfant doit bien étudier et trouver un bon emploi. Si l'on ne satisfait pas aux  nécessités de la vie (nourriture, logement, vêtements et médicaments), il n'est pas possible de mener une vie contemplative à méditer.

 

10. Enfin, la loi d'attraction fonctionne également dans le processus de renaissance saṃsārique .

 

  • Au moment de la mort, l'esprit s’arroge automatiquement une «naissance correspondante» selon son kamma vipāka, mais aussi  selon ses habitudes et ses tendances. Celui qui a vécu une vie immorale est susceptible d'obtenir un résultat similaire dans la vie suivante. Quelqu'un qui «vit comme un animal» est susceptible de naître en tant qu’ animal. Celui qui vit comme un « Deva » (un être dépourvu de haine) ou un « Brahma » (un être dépourvu d'avidité et de haine), renaîtra probablement comme un Deva ou  Brahma .
  • Ainsi, en cultivant de bonnes habitudes et en se débarrassant des mauvaises, on PEUT changer le sens de sa vie actuelle (caractère) ET également  de sa vie future.
  • La meilleure façon d'y parvenir est d'être tout le temps attentif. Voyez les mauvaises conséquences des mauvaises actions et des mauvaises habitudes et évitez-les; voyez les bonnes conséquences de bonnes actions et de bonnes habitudes et adoptez-les. Au niveau très basique, c'est Ānāpānasati et Satipaṭṭhāna Bhavanā (prendre ce qui est bon et se débarrasser de ce qui est mauvais.) Voir 9. Key to Ānapānasati – How to Change Habits and Character (Gati).

 

11. Actuellement, on écrit beaucoup  sur la loi de l'attraction et comment on peut utiliser certaines procédés pour atteindre des buts, établir des relations, etc. Le Bouddha les a décrits il y a 2500 ans et plus.

 

12. Beaucoup de gens pensent que le kamma est déterministe, par exemple, si on est né dans la pauvreté, c'est le destin, mais ce n'est PAS le cas. Kamma n'est pas déterministe; voir: What is Kamma? – Is Everything Determined by Kamma?  L'esprit humain est très puissant, et s'il est utilisé correctement (en le purifiant puis en l'utilisant de plus en plus consciemment), les possibilités sont infinies: voir Le Power of the Human Mind – introduction et les deux articles qui suivent pour plus de détails.
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