Séjour du Révérend Ryusho en France

27 février au 4 mars
(par Nathalie)

Lorsque la silhouette du Révérend Ryusho Jeffus entra dans le bar de l'hôtel, j'étais plutôt surprise de ne me sentir ni stressée, ni intimidée, ni même euphorique, comme il en est de mes méchantes habitudes…,  juste submergée par une vague très naturelle de joie tranquille.
Jeans, sweet-shirt et sac à dos, un bonnet en tricot sur son crâne rasé, il arborait un look de touriste ordinaire certes, mais doté d'une indéniable aura de paix et de sérénité qui devait d'ailleurs attirer la sympathie de ceux que nous devions croiser au fil de nos visites parisiennes de la journée.

J'aime à croire que les rides profondes qui taillent et jalonnent son visage représentent les stigmates des souffrances de tous ceux qu'il a soulagés…

Endossant son rôle de conseiller spirituel ou celui d'aumônier médical à l'hôpital de Charlotte en Caroline du Nord, il veille et secourt les gens qui font appel à lui, ceux qui sont perdus, ceux qui souffrent, frappés par un événement grave ou atteints de maladies incurables, aux douleurs insupportables, parfois, trop souvent jusqu'à leur dernier soupir.

J'ai cherché longtemps comment vous décrire son regard, a priori sans aucune particularité. Des yeux bleus azur compatissants et empathiques qui s'illuminent encore davantage par son grand sourire ouvert qui exprime l'entièreté de la joie.

Comment vous le décrire encore mieux encore… Sur un visage vieilli par le temps et la rudesse de l'existence, ses yeux dévoilent, très agréablement et par contraste, l'ardeur de la jeunesse, la naïveté de l'ingénu, et la douceur de la bienveillance.

Lorsqu'il vous écoute, il vous fixe intensément pour chercher à assimiler avec sincérité ce que vous ressentez intimement, il vous entoure de ce voile affectif qui vous met en confiance et qui vous apaise tranquillement pour vous laisser porter par vos confidences les plus intimes ou abstruses.

Ce regard, celui que je tente, aussi bien que possible, de vous dessiner, ce regard…, je l'ai déjà rencontré et je l'ai reconnu. Il y a quelques mois seulement, ce regard m'a sauvé. Certains d'entre vous le connaissent bien aussi... C'est celui de Madame Kolitcheff… Isabelle… ou Babou (pour Babouchka, qui signifie en russe Grand-Mère).

Babou lui va si bien. Elle est toute en rondeurs, comme ces jolies poupées russes colorées. Sa voix est ronde aussi lorsqu'elle vous souhaite la bienvenue, ses yeux sont ronds aussi quand elle vous enveloppe de son amour altruiste et vous protège par sa bulle maternelle et protectrice… Ses joues sont douces et rondes lorsqu'elle nous sourit.

Babou c'est aussi la sévérité indulgente compréhensive et opportune, celle qui ne mâche pas ses mots, qui assène quelques chiquenaudes sur la nuque et qui n'hésite pas à vous botter le popotin, lorsqu'elle veut que l' "élève" rejoigne le bon chemin.

Pour moi,  Babou, c'est la "sage" – femme qui m'a fait renaître du monde obscur dans lequel je m'enlisais ostensiblement, celle qui m'a tendu la main, encore et encore, sans impatience mais avec persévérance, jusqu'à ce que je la saisisse, pour y trouver refuge et pour m'y accrocher depuis.

Ce portrait c'est aussi la "leçon" que l'élève aimante lui inflige aujourd'hui puisqu'elle aussi doit apprendre à s'ouvrir à recevoir.
D'ailleurs le Révérend Ryusho a bien insisté "sur le fait qu'il est fondamental que chacun d'entre nous, apporte ses dons au temple que Babou-Isabelle nous ouvre dans sa maison. Ces dons s'inscrivent sous n'importe quelle forme, nourriture, assistance, argent, soutien logistique,… mais c'est important d'amener en cet endroit, un don de soi pour le nourrir, comme le nourrit Isabelle, pour nous tous…"

Le programme de Ryusho a été réparti sur quatre jours.
Vendredi : consacré à une grande visite parisienne des monuments les plus importants. "Chaque chose qu'il voit est surprise et joie", disait-il car tout est nouveau pour lui, et le charme avéré de notre Capitale a rendu la tâche très facile à son guide. Il a adoré nos vieilles pierres, les gens dans la rue, les discussions à la volée, les promenades pédestres, en bus ou Métro.
"D'où que l'on regarde la ville, le spectacle est magnifique" !
Sur les rotules, il a regagné son hôtel pour se coucher avec un frugal sandwich et se préparer pour la journée du…
samedi avec Luca, venu tout spécialement du Luxembourg pour le rencontrer. Je vous laisse découvrir son "carnet de bord" relatant leur périple dont l'après-midi fut consacré à ses "fans", réunis chez notre Isabelle…
Dimanche : dédié à Chartres, sa Cathédrale et Tatiana, qui exposera sans nul doute son récit sur le site.

Lundi : journée laïque… Rencontre avec des "curieux"… Ryusho m'a confié combien ce type de rencontres était précieux à ses yeux… Selon lui, "chaque pierre déposée pour amener une seule et nouvelle personne vers l'éveil au bonheur, contribue à l'édifice du Sangha". "Chaque début d'intérêt pour l'Éveil est une victoire sur l'ignorance de la vie et l'addition d'une nouvelle énergie vers l'illumination du Monde".

Dans cette optique, nous avons été invités à déjeuner par Monsieur Marcel Laurent,  Grand Maître de la G.L.C.S qui nous a présenté trois autres de ses "Frères maçonniques" profondément motivés et honorés de recevoir notre Révérend.

Ryusho a donc été reçu, à son domicile, avec beaucoup d'enthousiasme et en toute simplicité… Notre hôte, extrêmement chaleureux et hospitalier lui avait fait préparer un repas thaïlandais qui fut apprécié et savouré dans une ambiance décontractée et fraternelle.

De très nombreuses analogies notoires existent entre la philosophie bouddhique et celle des Francs-Maçons et tout particulièrement cette Obédience, une petite Jeunette née il y a à peine 10 ans pour répondre à un besoin de ses fondateurs qui ne trouvaient pas dans les anciennes institutions les réponses à l'ensemble leurs attentes.

Pour défendre leurs convictions, et ratifier l'entièreté de leur quête, ils décident alors d'édifier un temple dédié à la Culture et la Spiritualité, accueillant les femmes et les hommes désireux d'approfondir ces sujets fondamentaux. GLCS devient alors l'unique obédience Française théiste, laïque et mixte.

Leur objectif repose prioritairement sur la mise en commun des efforts de tous, de l'enrichissement de chacun par les différences de l'autre, pour s'éclairer mutuellement… Le respect de l'autre, une attention amicale et compréhensive, une écoute profonde et le respect sont les règles de fondement de cette fraternité.

Étrange similitude, vous en conviendrez, avec la volonté de Nichiren d'ouvrir à tous, laïcs, femmes, instruits ou incultes, l'enseignement du Bouddha Shakyamuni invitant chacun à emprunter le chemin de l'Éveil, y trouver le bonheur et par de bonnes actions individuelles et collectives, rendre le monde un peu meilleur.

Des questions d'approche ont été posées de part et d'autre des participants, sans grande portée immédiate, certes… Mais c'est un pas, un tout premier pas, néanmoins nécessaire et incontournable vers un rapprochement amical. De cette rencontre sont nés incontestablement l'envie d'échanges, la volonté de s'ouvrir, le désir simple de donner et de recevoir, sans lequel le brassage et l'enrichissement des cultures ne pourraient être envisagés.

Il semble que c'est dans un climat d'authenticité que l'on se salua avec Gassho et embrassades occidentales. Puis l'on se quitta (heureusement avides) avec les promesses de s'inviter chacun et de persévérer dans cette voie du développement de l'échange.

Ne prends pas comme amis ceux qui font du mal ou ceux qui sont bas.
Fais ta compagnie des bons,
Recherche l'amitié des meilleurs parmi les hommes. » (Bouddha Shakyamuni)

 
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