ILE de FRANCE

Cours du 9 octobre 2016 par Béatrice

Sens chinois du caractère MYO

Dans le gosho intitulé Wou-long et Yi-long, Nichiren écrit :

Ainsi, pendant que je réfléchissais, un bouddha doré apparut soudainement dans l’enfer des souffrances incessantes. […] Tandis que mes tourments diminuaient légèrement, je joignis les mains en prière pour lui demander quel type de bouddha il était. Le bouddha répondit : «Je suis le caractère myo».” (Wulong et Yilong, Gosho Zenshu p. 1580 - Ueno ama gozen gohenji)

Le mot que les bouddhistes des écoles Nichiren prononcent Myo se compose de deux graphèmes chinois : à droite Shao, à gauche Nu

Nu, pris tout seul, signifie à la fois “jeune fille” et “toi”, “tu”, pronoms considérés dans ce cas comme étant respectueux. Le caractère Shao représente quelque chose de petit qui a été coupé en deux – quelque chose de “fin”, donc de “subtil”, de “difficile à percevoir”. Kumarajiva, le célèbre traducteur du Sutra du Lotus,  utilisait ces deux symboles  dans le sens de “merveilleux”, “excellent”, “subtil”, “fin” (comme dans une “fine remarque”) et “mystérieux”.

Il correspond au mot sanscrit Sad qui signifie “doté de perfection” ou “complet” (Saddharma-pundarīka).
Comment est-on alors passé de “mystérieux” à  “jeune fille” ? La réponse se trouve dans le graphème nu. Le coup de pinceau à droite dessine le premier croissant de la lune.  La nouvelle lune en effet se montre d’abord comme un mince croissant qui grandit jusqu’à devenir parfaitement rond, exprimant ainsi au sens figuré la maturité d’une jeune fille qui devient une vraie femme (une femme enceinte). La nouvelle lune est comme la jeune fille. La pleine lune est la femme mûre. Par extension, la lune est l’expression du cycle de vie et de mort, ce qui lui donne son caractère d’universalité. La nouvelle lune illumine très partiellement toute la lune, ce qui, au sens figuré, se traduit par “tout n’est pas révélé”, et reste donc “mystérieux”.

La lune éclaire l’obscurité tout comme l’espoir (myo) ranime le maussade. L’espoir ouvre les portes du Hoben Pon du Sutra du Lotus qui sont “difficiles à pénétrer”. Le chemin illuminé par myo représente ainsi le bon médicament pour tous les êtres vivants.

Dans ce même gosho, Nichiren écrit aussi "Tout comme la lune, dès qu'elle s'élève au-dessus des montagnes, à l'est, se reflète immédiatement dans l'eau" (Wulong et Yilong, Gosho Zenshu p. 1580 - Ueno ama gozen gohenji).

Notre monde est illuminé par notre initiation à Myo, le Premier Bouddha du Sutra du Lotus.

Caractère chinois HO

Le caractère que les bouddhistes des écoles Nichiren prononcent ho est fa en chinois (et dharma en sanskrit). Il signifie “règle”, “loi” et, par extension, “modèle” ou “motif, patron”. La forme moderne utilisée dans le kyobon se compose de deux graphèmes : Chu, à droite et Shui à gauche.  

 http://www.nichiren-etudes.net/dico/myo-chinois/myo-chinois-chu.jpg

Chu ressemble à un pupitre à musique. La base triangulaire du pupitre est un récipient ou un pot. Ce qui ressemble à un poteau téléphonique au-dessus représente le couvercle du récipient. Chu signifie “enlever”, “mettre de côté”, “partir”. Si l'on enlève le couvercle et le contenu, le récipient est vide.  

http://www.nichiren-etudes.net/dico/myo-chinois/myo-chinois-shui.jpg

Shui est formé par deux points et une ligne oblique. La ligne représente le ruisseau et les deux points, des vortex : des tourbillons. Cela veut donc dire “eau”.

En résumé, comment ces significations - récipient (jarre) et eau - deviennent-elles la “Loi”?  La loi (fa) enlève (chu) les vices et rend ainsi la morale flexible, aussi fluide que l’eau (shui). 

Toutefois, on peut remonter  plus loin dans le temps pour construire le caractère fa (jap. ho, français loi). Autrefois, Fa se composait des caractères chi et cheng

Le premier caractère Chi représente un triangle. Il signifie “l’union” ou la “jonction de différents éléments” mais aussi “adaptation au tout”. Pour mieux comprendre, imaginons les côtés du triangle convergeant vers un seul point. 

Le second caractère Cheng représente des empreintes qui mènent directement à la crête de la colline pour accéder à une vue panoramique dans toutes les directions. Et puisque les empreintes ne zigzaguent pas, cheng signifie “droiture”.

Fa signifie donc “s’adapter (chi) à la droiture (cheng)” — d’où le sens de “loi”.   

http://www.nichiren-etudes.net/dico/myo-chinois.htm

Pour la graphie voir les fichiers AVI et

 

Retour

haut de la page