Rencontre en France avec le Révérend Tarabini du temple Guhozan Renkoji
les 7 et 8 mars 2009

 

Questions - Réponses

 

Question : Est-ce que la Nichiren Shu considère Nichiren comme un Bouddha ?

 

Réponse du Rév. Tarabini : Il faut commencer par connaître l’historique. Après la mort de Nichiren Daishonin, le 13 octobre 1282, un des six « disciples aînés », Nikko (1246-1333), a quitté le Mont Minobu pour s’établir dans la pleine au pied du Mont Fuji. En 1290, Nikko établit ce qui deviendra plus tard le temple du Taiseki-ji, l’actuel centre de la Nichiren Shoshu à Oishigahara. L’année suivante, il s’installa à Omasu Kitayama, à un kilomètre du Taiseki-ji et quelques années plus tard il fonda le temple Honmon-ji à deux kilomètres du Taiseki-ji et y vécut jusqu’à la mort.

 

Le successeur de Nikko était Nichimoku (1260-1333). Le temple d’Omasu Kitayama devint une école du bouddhisme chargée de former les futurs moines. Le Taiseki-ji se développa et devint plus important que le Honmon-ji. Mais tous les trois étaient étroitement liés. Avec le temps le Taiseki-ji développa une grande dévotion à l’égard de Nichiren et fit faire une statue de ce dernier, alors que le Honmon-ji abritait une statue de Nikko. Les statues étaient alors très courantes dans tous les temples, ce qui était une façon de rendre certaines notions compréhensibles aux gens qui ne savaient pas lire.   

 

A l’époque de Nichiu (1402-1482), le 9ème Grand Patriarche de l’école Fuji, une grande partie d’écoles bouddhistes du Japon considérait Shakyamuni uniquement comme le bouddha historique. Ainsi l’école de la Terre Pure vénérait le bouddha Amida et le Shingon vénérait le Dainichi Nyorai. L’école Fuji estimait que si Nichiren avait été en mesure d’inscrire le Gohonzon et de proclamer le Daimoku c’est qu’il était nécessairement un bouddha. Nichiu développa cette idée, sans toutefois en faire un dogme. C’est seulement Nichikan (1665-1726) le vingt-sixième grand patriarche de l’école Fuji qui rendit cette croyance obligatoire, creusant ainsi un fossé entre la Nichiren Shoshu et les autres lignées de Nichiren. C’est également à cette époque que les statues de Shakyamuni furent retirées des temples des écoles Fuji.

 

Les autres écoles nichireniennes s’en sont tenues à ce que Nichiren dit de lui-même. Jamais il ne se proclame bouddha mais se présente toujours comme le Pratiquant du Sutra du Lotus, missionnée par Shakyamuni ou bien comme le boddhisattva Jogyo. Dans les temples, on trouve les statues de Shakyamuni et de Taho et les statues de Nichiren. Même si on vénère Nichiren à l’égal d’un bouddha, on respecte son vœu d’accorder la première place à Shakyamuni. Nichiren a, en effet, consacré beaucoup d’énergie à réfuter la primauté d’Amida.

 

Question : A quoi reconnaît-on qu’il s’agit de la statue de Shakyamuni et non pas d’Amida.

 

Réponse : Au Japon (la situation est différente au Tibet), Shakyamuni est représenté dans deux attitudes spécifiques 1) il fait le mudra avec les doigts d’une main posés sur les doigts de l’autre avec les pouces qui se joignent se touchant presque ; les pouces et les indexes forment ainsi une roue (la roue du Dharma) 2) la main gauche, paume en avant, touche le sol alors que la main droite repose contre l’abdomen avec la paume tournée vers le ciel.

Le Bouddha Amida joint le pouce et l’indexe de chaque main, les autres trois doigts non pliés. Lorsque les deux mains se rejoignent cela forme comme un huit.

 

Note : on peut voir une illustration dans le dictionnaire de nichiren-etudes à la lettre S (statue).

 

Question : Pourquoi est-ce qu'on étudie seulement le Sutra du Lotus ?

 

Réponse : Le bouddha Shakyamuni ne pouvait pas transmettre le Dharma. Il a fallu qu’il les prépare par différents enseignements. Mais à la fin de sa vie certains disciples pouvaient comprendre son enseignement et il leur a enseigné le sutra du Lotus.

 

Le Sutra du Lotus est composé de 3 parties : l’introduction qui est le sutra des Sens Infinis, puis les Sutra du Lotus proprement dit et enfin le sutra Fugen qui est la conclusion.

 

Nous allons étudier le Sutra du Lotus. Aujourd’hui nous allons voir le début du 1er chapitre et à ma prochaine venue nous allons continuer, et ainsi jusqu’au bout.

 

A l’époque de Shakyamuni on n’écrivait pas les enseignements. Les disciples apprenaient par cœur ce que disait le maître et le récitaient souvent. C’est encore ce qui se pratique dans les écoles musulmanes. Le maître dit une chose et les élèves doivent le répéter et le connaître par cœur. Les disciples de Shakyamuni faisaient de même, à cette époque il n’y avait pas de médias alors ils apprenaient par cœur pour le transmettre à d’autres. Mais parfois ils n’étaient pas sûrs de ce qu’ils avaient retenu et ils ne voulaient pas déformer la pensée du maître. Alors ils commençaient par dire « Ainsi ai-je entendu »

 

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