Sur les hauteurs de Prague, |
Cf. https://www.academia.edu/ Alice Necova qui a veillé sur les archives de l'OSCE pendant des années vient de quitter son poste |
La documentaliste Alice Nemcova a régné durant près de trois décennies sur cet univers de boîtes en carton refermant des milliards de feuilles A4 jaunies. Elle a quitté son poste en juin après avoir vu le fonds d’archives s’épaissir au fil des ans. «Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) a créé un précédent en voulant accéder à nos dossiers», explique à l’AFP Alice Nemcova. La magistrate Carla Del Ponte, alors procureure auprès du TPIY, «n’arrêtait pas d’en redemander. Elle a reçu quatre boîtes en aluminium remplies de témoignages, de photos de fosses communes», confie l’archiviste de 63 ans. |
Suivant l’exemple de Carla Del Ponte sur l’ex-Yougoslavie, la justice internationale s’intéresse aux milliers de comptes rendus des missions réunis par de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe |
Elles prennent la poussière sur des étagères mais font trembler les criminels de guerre: pour prouver des exactions, la justice internationale a de plus en plus recours aux archives de l’OSCE, une organisation née de la Guerre froide et présente sur de nombreux terrains de conflit. Aucun média n’avait auparavant pénétré dans l’élégante villa blanche abritant, sur les hauteurs de Prague, les rapports de terrain des observateurs de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), qui documentent les combats sur le Vieux Continent. Le précédent de l’affaire Slobodan MilosevicC’est pourtant auprès de cette institution, créée dans les années 1970 pour améliorer le dialogue entre les Occidentaux et l’URSS, que la célèbre procureure Carla Del Ponte est venue chercher des éléments permettant d’inculper en 2002 l’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic.
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«La Cour pénale internationale (CPI) a effectué une demande concernant la Géorgie en 2012», dévoile Alice Nemcova. Quatre ans plus tard, la CPI, basée à La Haye, aux Pays-Bas, démarrait une enquête sur le conflit ayant opposé ce pays du Caucase à la Russie. La Force pour le Kosovo (KFOR) a également déposé une demande d’accès à l’OSCE en 2017, tout comme la Croix-Rouge, qui recherchait des personnes disparues. Selon le chercheur Nicolas Badalassi, l’OSCE «fait référence en matière judiciaire» car elle s’est «spécialisée dans les questions de démocratie, de liberté et de droits des minorités» et est «présente sur le terrain tout le temps», dans un secteur «bien plus large que celui de l’Union européenne ou de l’Otan». Avec ses 57 états participants couvrant toute l’Europe, les anciennes républiques de l’espace soviétique, mais aussi les Etats-Unis et le Canada, l’organisation dispose d’un corpus d’archives «énorme», selon ce maître de conférences en histoire contemporaine à l’IEP d’Aix-en-Provence (France). |