Le chapitre I du Sutra du Lotus

Echange autour de Ryugan-Mark Herrick et Ryuei-Michael McCormick

29 novembre 2020

Cet échage a voulu prolonger les réflexions et commentaires sur le chapitre I du Sutra du Lotus  en donnant la possibilité aux participants de transmettre leurs citations favorites ou de poser des questions quant à des passages qu’ils n’étaient pas sûrs d’avoir bien compris.

Pour mettre les participants à l’aise, le révérend Ryuei a d’abord pris la parole en évoquant un ouvrage regroupant en shindaku des chapitres entiers ainsi que des passages seuls du Sutra du Lotus que les moines récitent selon les occasions. Par exemple, Ryusho avait choisi de lire un long passage du chapitre I lorsqu’il pratiquait pour soutenir les personnes affectées, sous quelque forme que ce soit (personnelle, familiale, professionnelle…), par le Covid. En ce qui concerne Ryuei, il apprécie particulièrement le début de ce chapitre qui évoque tous les êtres des dix mondes-états rassemblés sur le Pic du Vautour, êtres qui figurent également sur le Gohonzon. Connaissant l’exiguïté du Pic en question, ce passage le fait de plus bien sourire…

La réflexion suivante porta sur un extrait évoquant le Véritable enseignement (p.40, « Each proclaiming the True Teaching… »), et conséquemment sur le concept de Voie véritable (One True Way) et de Signification Unique (One Meaning). Ne serait-ce pas simpliste de penser ainsi ? Certainement pas, pense Ryuei, car le bouddhisme de Nichiren s’inscrit dans la période des Derniers jours du Dharma (Mappo).

Bien que Nichiren ait été formé comme ses prédécesseurs dans la tradition Tiantai, Honen et son disciple Shinron croyaient que le Bouddha Amida était en mesure d’apporter la libération aux personnes qui l’invoquaient, mais dans un autre monde. Le Sutra de la Terre Pure (Pure Land Sutra) comporte non pas 28 chapitres comme le Sutra du Lotus, mais 28 vœux que ses adeptes verront s’exaucer s’ils invoquent Amida. Leur succéda le moine Dogen (décédé en 1253, l’année où Nichiren proclama la suprématie du Lotus) qui chercha lui aussi assidûment ce qu’il pouvait faire pour alléger les conditions dramatiques des famines, épidémies, luttes rivales impériales, etc., dans lesquelles se trouvait le Japon à l’époque. Mais sa façon de procéder était plutôt élitiste.  Nichiren en revanche cherchait un moyen qui libérerait chaque personne, quelle que soit sa condition, et ici et maintenant.

L’intervention suivante a porté sur un passage évoquant le rai de lumière du Bouddha qui jaillit entre ses sourcils et illumine les dix mondes-états, provoquant le tremblement du monde de six façons différentes et transformant toutes les terres des mondes-états en terres de Bouddha.  Bien que les humains naissent dans l’un des 6 premiers mondes-états et soient soumis à leurs caractéristiques peu réjouissantes, ces mondes-états « bas » ont cependant tous une valeur, celle notamment d’éveiller en nous compassion et empathie, sans lesquelles nous ne serions pas véritablement des êtres humains et encore moins des bodhisattva. Car c’est bien ce 9e monde-état qui ouvre tous les autres états pour nous permettre d’agir en toute liberté. C’est pourquoi aussi le Sangha est important, nous permettant de concrétiser la pratique pour soi et pour les autres.

Pour avoir cette ouverture d’esprit : une analogie faite entre le rai de lumière du Bouddha qui plonge et transperce les mondes-états, et un monument qui se trouve à Rome, le Panthéon, qui laisse pénétrer la lumière du haut de l’édifice. De même le Gohonzon peut-il irradier sa lumière selon notre état d’esprit. 

Mark a évoqué l’ouvrage « Stages of Faith » (Les étapes de la Foi) qu’il est en train de lire dans lequel il est expliqué que depuis notre naissance, nous vivons tous de façon naturellement dépendante (nos parents, notre alimentation, notre éducation, etc.) Cette dépendance a pour conséquence qu’au lieu de ressentir notre environnement comme un espace sécurisant, il nous effraie terriblement ! Comment dépasser cette peur ? Car si nous avons peur, nous voulons des sauveurs…

« Truth and confidence ! », c’est-à-dire faire confiance dans la Réalité/la Vérité ultime.  La récitation de Daimoku a pour objectif de retrouver ou d’établir cette confiance, puisque le réciter demande d’être dans le faire (« it is to be and to do »). C’est l’attitude d’Ichinen Zuiki préconisée par Nichiren : accorder notre confiance à la pratique, ressentir la joie pendant ce moment. Car vivre est difficile, et d’autant plus à l’époque de Mappo. Alors, en joignant nos mains (c’est-à-dire en associant les Bouddhas Shakyamuni et Taho), recherchons le rai de lumière du Bouddha, recherchons le Bouddha en nous qui nous contemple.

Nous pouvons aussi nous y aider en nous souvenant que même Maitreya, présent dès le chapitre I et auquel le Sutra du Lotus prédit qu’il sera le Bouddha des temps futurs, en doute ! Autrement dit, lorsque nous récitons Daimoku, efforçons-nous d’être le plus présent à notre récitation (« chant mindfully ») et vivons-le pleinement (« live totally »). Daimoku, c’est l’unité entre le Bouddha et soi.

Mise en parallèle entre l’ouvrage « The Six perfections » (Les Six Perfections, ou Paramita) et le chapitre I du Sutra du Lotus où à la p.47 de l’édition anglaise, The Threefold Lotus, le Bouddha parle des Quatre nobles Vérités, des 12 liens causaux et des 6 perfections. A la p.55, il est question de Maitreya qui, ayant pratiqué les 6 paramita, a donc pratiqué la Voie et pourra devenir Bouddha : voilà un message de paix et d’espoir, explique Mark, qui nous enseigne que quel que soit l’endroit où nous sommes, nous y trouverons ce dont nous avons besoin.

Très contents de cette nouvelle façon de procéder, les animateurs proposent que chaque 1e dimanche soit l’objet d’une présentation d’un chapitre et le 3e dimanche, un moment d’échange d’impressions et de commentaires à partir du texte original dudit chapitre 

Messages écrits dans le « chat » :

http://www.buddhanet.net/e-learning/qanda03.htm

We grow in Sangha / Nous grandissons dans le Sangha

Practice for oneself and practice for others / Pratique pour soi et pratique pour les autres

De Mark Ryugan à tout le monde:  10:55 PM

Shodaigyo = silent + Chanting = PERFECT!!!! / Shodaigyo = silence + pratique = PARFAIT

https://en.wikipedia.org/wiki/Pantheon,_Rome#/media/File:Rome-Pantheon.jpg

Eight children of a Buddha: Having Intention: Good Intention; Infinite Intention; Precious Intention; Increasing Intention; Undoubting Intention; Resounding Intention; Dharma Intention

Mark, you always mention the importance of setting the intention! :-)

Les huit enfants d’un Bouddha [qui apparaissent dans le chapitre 1] : Muni-d’Intention, Bonne-Intention, Intention- Incommensurable, Intention-Précieuse, Intention-Auguste, Intention-Indubitable, Intention-Résonante, Intention-de-Loi

Mark, vous mentionnez toujours combien il est important de se fixer un but/d’avoir une intention !

https://networks.h-net.org/node/5561624/pdf

https://youtu.be/nwIkRfCPIkg

Les pages renvoient à la traduction anglaise qu’utilisent les pratiquants de la Nichiren Shu, The Threefold Lotus Sutra: A Modern translation for Contemporary Readers

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