Article paru à l'occasion de l'inauguration du premier temple
Shintoïste en France
le 1 novembre 2006 (Temple Komyo-In ; La Montagne ; 89350 Villeneuve
Les Genêts ; www.komyo-in.net)
Bouddhisme et shintoïsme
Les japonais sont davantage attentifs à la qualité
de leur ressenti intérieur au niveau du cœur, le "kimochi"
plutôt qu’aux théories ou aux dogmes, aussi ils peuvent
faire coexister plusieurs approches sans conflit dans leur vie spirituelle.
Un dicton dit que "les Japonais naissent shintoïstes, ils
peuvent éventuellement appartenir à une autre religion
durant leur vie mais à la fin ils deviennent pourtant tous bouddhistes".
Depuis des siècles, le Bouddhisme et le Shintoïsme participent
ensemble harmonieusement à la vie spirituelle des japonais pour
leur bonheur.
Classiquement on dit que le shintoïsme s'occuperait plutôt
de la vie ici-bas alors que les prières des moines bouddhistes
assureraient le salut des âmes après la mort. Mais ce n’est
pas si simple parce que beaucoup de temples en particulier dans le Bouddhisme
Shingon ont pour vocation d’apporter par leurs rituels un mieux
être dans la vie quotidienne.
Autrefois le Bouddhisme a fortement influencé le Shintoïsme
tant au niveau de son architecture que de ses divinités dont
certaines appartiennent maintenant aux deux religions comme «
Inari » dans le shintoïsme qui est appelé dans le
bouddhisme « Dakini-ten», ou encore le dieu protecteur
Daïkokou (mahakala) qui est prié aussi dans les temples
shintoïstes de Kasuga-jinja ou de Miwa.
De nombreux temples bouddhistes au Japon possèdent sur leur terrain
un petit temple shintoïste dont la divinité est rattachée
au Bouddhisme qui la considère soit comme la représentation
des divinités de la région, gardiennes des lieux, soit
comme une manifestation concrète d'un des Bouddhas du vaste panthéon
bouddhique.
Le Bouddhisme Shingon, auquel se rattache Kômyô-in, a beaucoup
de points communs avec le Shintoïsme car il considère que
la vie de la nature et de tout les êtres sont les différents
aspects de la manifestation d'une même source, le Bouddha appelé
Grand soleil, Daïnitchi nyoraï
Les shintoïstes sont polythéistes, pour eux la variété
de la vie de la nature est l'expression d'un nombre infini de divinités
qui expriment leurs points de vue différents.
Ces deux religions ont en commun leur amour et le respect
de la vie comme l'expression d'une réalité qui dépasse
l'entendement humain.
Le Shintoïsme
L’homme appartient à la grande force de la vie de la nature
qui lui donne sa santé et oriente son destin. Le shintoïsme
est la voie des Dieux, il s'agit de retrouver en soi l'harmonie en rendant
un culte aux divinités de la nature.
Les objets de culte sont variés et d'origine naturelle, ils sont
considérés comme sacrés car habités par
des forces archaïques et sont alors entourés alors d'une
corde en paille de riz tressé, le « Shiménawa »
dans lequel sont insérés des papiers découpés.
De même le caractère sacré d’un lieu est signifié
par la présence d’un portique appelé, « Torii
» qui signifie que l’on entre dans le domaine d’un
dieu.
Épée mythique, rochers, montagnes sacrées, cours
d'eau, vieux arbres millénaires, pierres semi-précieuses
aux formes magiques et parfois, même de simples objets d'usage
courant comme des aiguilles ou des outils peuvent faire l'objet d’un
culte ou d'une cérémonie.
En toutes circonstances, il convient donc de traiter les objets avec
respect car ils peuvent être considérés comme l'émanation
ou la représentation concrète d'une force issue du monde
des Dieux du Ciel ou de la Terre, les "Kamis"qu'il convient
de ne pas offenser.
Pendant le culte sont offerts le riz, les fruits ou les légumes
cultivés par les hommes et même le saké, la boisson
des Dieux. Les offrandes acceptées assureront le lien entre le
monde visible des hommes et le monde invisible des Dieux et la succession
des saisons se fera de manière favorable pour que la nature assure
la continuité de la vie.
Le shintoïsme divinise le quotidien, retrouver la pureté
et l’harmonie est particulièrement important au commencement
d’une période de temps ou d’une entreprise pour écarter
les obstacles et attirer les bonnes grâces des Dieux.
Par exemple un prêtre viendra purifier les lieux au début
de la construction d'une maison et une fois le travail fini, une autre
cérémonie sera effectuée pour les remercier.
De même au début de l'année les Japonais vont en
nombre prier dans les temples bouddhistes et shintoïstes appelés
"Jinja" pour voir exaucer leurs vœux et que la nouvelle
année se passe bien.
De nombreuses usines ou entreprises ont à l’entrée
de leur domaine un autel shintoïste censé les protéger
des mauvaises influences. Fréquemment des petits autels sont
installés dans les bureaux ou chez les commerçants et
même des talismans dans les trains.
Quel que soient les circonstances, il s'agit toujours de purifier le
cœur de l'homme, les objets ou les lieux pour préserver
ou retrouver le lien avec la nature et le monde spirituel.