Les 10 principaux articles de cette section décrivent les  principes fondamentaux de la méditation bouddhiste. Ensuite, je traite des  sujets de méditation qui clarifient les questions non résolues et aident à réaliser le samādhi. Les 11 premiers articles devront être suivis dans cet  ordre, du moins au début. 
1. Ceux qui font de la méditation sur la respiration ou  qui observent le ventre se lever et descendre savent qu'il est relativement  facile pour certains de calmer l'esprit, alors qu’il n’en est rien pour d’autres. Certains n’arrivent même pas à garder l'esprit calme pendant plus de  quelques minutes, les distractions surviennent rapidement. 
              
                - Cette       apparition de distractions est due aux cinq obstacles (pañca nīvaraṇa) que j'ai décrits dans un autre article. Ce sont les résidus ou impuretés       que nous gardons au fond de notre esprit et qui remontent à la surface       lorsque nous nous asseyons pour méditer.
 
               
            2. Nous pouvons comparer cela à un  puits d'eau contaminé par toutes les   pourritures  qui y sont tombées pendant de nombreuses années ; nos esprits ont  accumulé des impuretés au fil des naissances répétées - pas seulement dans  cette vie. Lorsque nous sommes engagés dans des activités quotidiennes  stressantes, cela active les impuretés et l'esprit s'obscurcit ; c'est comme  prendre une longue perche et remuer l'eau du puits ; la saleté d’en bas remonte. 
            
              - Nos       deux pourritures primaires sont les deux premières sur la liste des cinq       obstacles : kāmacchanda (avidité excessive) et vyāpāda (haine       profonde). Même si le mot vyāpāda  est couramment utilisé, le       mot pāli correct est  byāpāda .
 
                 
               
              - Vicikicchā est un ensemble de «goûts» de personnes, et ceux-ci peuvent être des goûts       pour des choses matérielles OU des choses que l'on aime «haïr»; on fait       cela à cause de l'ignorance d'anicca, dukkha, anatta. Vicikicchā est un peu comme une « liste de favoris » parmi les principaux ingrédients       de la cupidité excessive et de la haine profonde, les deux premiers       obstacles. Kaṅkhā vicikicchā est la pire forme de vicikicchā qui survient en raison du mépris aveugle des vues correctes.
 
                 
               
              - Les       deux autres ressemblent plus à des « agitateurs » qui remuent ces mauvaises       habitudes et les font remonter : thina middha (esprit piégé ou gelé), uddhacca-kukkucca (esprit agité).
 
              - Thina       middha ou incapacité à se concentrer sur les concepts du Dhamma survient généralement en cas de fatigue ou après un repas. Mais cela peut       être une caractéristique personnelle ou une habitude ; nous appellerons       cela «l'esprit paresseux». Un esprit «instable» ou «excité» ( uddhacca-kukkucca) est également personnel et survient lorsque l'on se sent       supérieur ou inférieur par rapport aux autres.
 
              - Les cinq obstacles sont discutés dans Key to Calming  the Mind – The Five Hindrances
 
             
            3. Lorsque nous sommes engagés dans des activités  quotidiennes, nous voyons, entendons, sentons, goûtons, touchons et pensons  également à toutes sortes de choses ; ce sont tous des «agitateurs externes» qui  font que nos esprits ressemblent à des tourbillons. Tous ces groupes se  rassemblent pour amener l'esprit à se stresser et à chauffer. C'est  la tension que nous ressentons dans une journée bien remplie. Nous devons nous  calmer ; nous avons besoin de  niveema (apaisement). 
            
              - Une       façon de refroidir est d'éteindre temporairement ces agitateurs       externes. C'est ce que font certaines personnes lors d'une séance de       méditation sur la respiration : on va dans un endroit calme et on ferme les       yeux ; cela désactivera principalement les cinq sens physiques       (c'est-à-dire que nous ne voyons pas, n'entendons pas, ne goûtons pas, ne       touchons pas). Cela aide à calmer l'esprit de certaines personnes, surtout       si elles ont délà beaucoup pratiqué.
 
                 
               
              - Mais       il n'est pas possible d'éteindre le sixième, l'esprit lui-même. L'esprit       aime bouger et ne pas se concentrer. Beaucoup de gens essaient de fixer       leur esprit sur un seul objet, par exemple le souffle ou le soulèvement de       l'estomac. Cela ne fournit qu'une solution temporaire.
 
                 
               
              - Certaines       personnes essaient d'éteindre l'esprit ou tentent d'empêcher les pensées       de surgir. C'est DANGEREUX. Nous devons PURIFIER l'esprit, pas l'éteindre.       Le Bouddha avait un esprit parfaitement pur mais très actif. Quand on suit       le Chemin, l'esprit devient plus net mais non pas  inactif.
 
             
            4. Cependant, si nous avons trop de saletés (souillures),  notre esprit peut être contaminé même sans  agitateur. C'est comme  un vieux puits abandonné. Il y a de l'eau sale et il faut d'abord ENLEVER l'eau  sale existante. 
            
              - De       même, si quelqu'un est engagé dans un comportement immoral, alors l'esprit       est comme un puits qui a de l'eau sale et turbulente. Cela est dû aux        HUIT SOUILLURES MAJEURES  : tuer, voler, inconduite sexuelle, mensonge, commérages,       calomnies, discours agressifs et s'intoxiquer non seulement avec des drogues ou       de l'alcool, mais aussi avec la richesse, la renommée, le pouvoir, etc.
 
                 
               
              - Ces       souillures ne peuvent pas être supprimées simplement en concentrant       l'esprit sur un seul objet, comme la respiration. C'est le problème       fondamental de la «méditation sur la respiration».
 
                 
               
              - L'esprit s'apaise  (arrive à samadhi) quand on vit       une vie morale (sila). L' arrêt des HUIT SOUILLURES MAJEURES est le début d'une       vie morale (sīla.) Avec l'esprit apaisé  ( samadhi)  on       peut comprendre les aspects les plus profonds de Dhamma et cultiver la       sagesse (paññā.) Cela va dans l'ordre  sīla, samādhi, paññā .
 
             
            5. Ainsi, il serait difficile d'atteindre l'apaisement   avec la méditation sur la respiration si l'on est activement engagé dans le   HUIT SOUILLURES MAJEURES (à moins d'avoir eu beaucoup de pratique).  
            
              - C'est Kāyānupassanā, la première étape de Satipaṭṭhāna ; voir   Satipaṭṭhāna - Introduction.
 
                 
               
              - Si       l'on est habituellement engagé dans une ou plusieurs de ces HUIT SOUILLURES MAJEURES, la première chose à faire est d'essayer de s'en débarrasser.       Tout d'abord, commencez par la pire habitude et procédez progressivement       jusqu'à ce que toutes les mauvaises habitudes soient supprimées. C'est       comme vider le puits de l'eau sale.
 
                 
               
              - C'est       une GRANDE ÉTAPE. Cela peut prendre un peu de temps, selon la quantité de       «crasse» présente. Mais une chose est de ne pas se précipiter et d'essayer       d'en faire trop. Cela pourrait aussi être stressant. La meilleure chose        est de s'abstenir d'une ou deux grosses souilluresd et de vivre le       refroidissement qui en résulte.
 
                 
               
              - Le       langage agressuf est une habitude dont il faut se débarrasser rapidement. Cela ne       fait aucun bien ni pour soi ni pour les autres. On continuera inévitablement       quelque chose d'inapproprié (peut-être la calomnie et le mensong)  quand on se laisse emporter par de       vains discours. Vous en débarrasser vous aidera à calmer l'esprit       rapidement.
 
                 
               
              - L'esprit       a besoin de voir les avantages de faire quelque chose avant d'acquiesser. C'est pourquoi, au départ, il faudra peut-être beaucoup de       détermination pour s'en tenir au plan.
 
                 
               
              - Il       est important de NE PAS s'habituer à la méditation sur la respiration ; si       vous y êtes habitué, je vous exhorte à vous arrêter progressivement et à       essayer les procédures décrites ici au moins pendant quelques mois. Nous       voulons des résultats à LONG TERME. Beaucoup de gens deviennent dépendants       de la méditation sur la respiration pour obtenir un soulagement       temporaire. C'EST UNE ERREUR. µ
 
             
            6. Se débarrasser des mauvaises habitudes et  d'en installer de nouvelles bonnes est une CLÉ dans la pratique de la  méditation ; nous parlerons plus en détail des habitudes (gati, qui, avec le temps, deviennent des  āsavas) dans la section suivante. Voici  quelques idées de base qui seraient utiles : 
            
              - Pour       former une nouvelle habitude, il faut un certain effort au départ. Je l'ai       expérimenté en prenant l'habitude d'éplucher les oranges avec ma       main gauche (je suis droitier). Au départ, c'était difficile, et le principal       problème était que j'oubliais d'utiliser la main gauche. J'ai dû régler       une alarme pour me le rappeler. Mais après quelques jours, j'ai       commencé à me souvenir, et après une semaine ou deux, la nouvelle habitude       fonctionnait. Maintenant, je le fais automatiquement, et maintenant c'est       un peu étrange d'essayer de peler des oranges avec la main droite !
 
                 
               
              - Lorsque       nous prenons une nouvelle habitude, un ensemble de neurones dans le       cerveau commence à se connecter pour cette tâche ; plus nous le faisons,  plus les connexions neuronales deviennent fortes. C'est ce qui arrive lorsque nous apprenons à faire du vélo, à conduire une voiture ou pour des  millions d'autres choses que nous faisons sans même y penser ; voir Truine Brain: How the Mind Rewires  the Brain via Meditation/Habits et How Habits are Formed and Broken – A  Scientific View.
 
                 
               
              - En       brisant une habitude, il faut en créer un autre. Quand on commence à fumer       de moins en moins, les connexions neuronales pour cette tâche deviennent       de plus en plus faibles. Après un certain temps, il deviendra plus naturel       de ne pas fumer. Le cerveau arrêtera de donner ce signal. Il est donc       essentiel d'avoir la détermination de freiner l'envie au début. Essayez de       remplacer cette activité par autre chose à ce moment-là. On peut supprimer       toute mauvaise habitude de cette façon. C'est le même principe. µ
 
             
            7. La principale technique de méditation  se  trouve dans la section suivante. Pour ceux qui ont besoin de temps pour se  débarrasser des HUIT SOUILLURES MAJEURES, ils peuvent également suivre les progrès en faisant  ces séances de méditation formelles. Il est essentiel de réaliser que  toutes les souillures (mauvaises habitudes) ne sont supprimées qu'au stade Arahant. Donc, il ne sert à rien de se décourager s'il faut du temps pour arrêter les mauvaises  habitudes ; la clé est de progresser sans jamais reculer. 
            
              - Parfois,       quand on commence l'Ariya Bhāvanā, les choses peuvent       paraître pires avant de s'améliorer. C'est comme essayer de refroidir un       fer à repasser chaud en l'aspergeant d'eau  ; avec  toute cette vapeur       sort et peut sembler s'aggraver. Mais il faut être persévérant. Il faut       garder à l'esprit que d'innombrables êtres ont atteint le       refroidissement en ayant foi en Bouddha.
 
             
            SUITE :  Le  deuxième niveau - Clé pour purifier l'esprit 
            
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