27 - Senji Sho
Le Bouddha Shakyamuni a énoncé une règle valable pour l'avenir en disant : « Il faut suivre le Dharma et non la personne. » Le bodhisattva Nagarjuna a dit : « Fiez-vous aux commentaires qui s'appuient sur les sutras mais pas sur ceux qui les dénaturent. » Le Grand-maître Zhiyi a dit : « Ce qui est en accord avec les sutras, il faut le croire et le mettre en pratique, mais n'accordez aucune foi à ce qui n'offre ni preuve littérale ni preuve théorique. » Le Grand-Maitre Saicho a dit : « Il faut s'appuyer sur les enseignements du Bouddha et ne pas prêter foi aux traditions transmises de manière orale. » (Le choix en fonction du temps, Minobu, 1275)
Commentaires1 et réflexions
- Replacer Gosho et enseignements bouddhiques dans leur contexte historique
- Cet extrait du Choix en fonction du temps illustre magnifiquement cette idée
- Shakyamuni : « suivre le Dharma et non la personne »
- Or celui-ci se répand justement grâce aux personnes
- Les sutras formant un ensemble de textes transmis par plusieurs personnes oralement, il y a tout lieu de penser que les enseignements qu’ils compilent ont été développés et enrichis, voire amplifiés par ces personnes
- De plus,
- Shakyamuni n’eut jamais de contradicteur puisqu’il fut le seul à enseigner sa propre théorie (affirmation à relativiser)
- Cette phrase date de la fin de sa vie2 : sachant qu’il allait mourir, il prononça ces paroles pour que ses disciples sachent qu’il leur avait enseigné la quintessence de ce que lui-même avait compris et soient en mesure de le vivre sans lui, par eux-mêmes.
- Zhiyi : accent mis sur les preuves littérale et théorique que doivent respecter les sutras
- Certains concepts, comme celui d’Ichinen Sanzen, en parfait accord avec les données scientifiques actuelles
- Nichiren était lui-même ouvert à l’idée de changer de point de vue * dès lors qu’on lui en proposerait un supérieur au sien
- Son Traité pour ouvrir les yeux met également en évidence l’importance des preuves littérale et théorique
- Quelle que soit l’école bouddhique que nous suivions, aucune ne peut vraiment apporter de preuve irréfutable, rien n’étant jamais vraiment acquis, les difficultés rencontrées remettant toujours en cause ce que nous avons appris jusque-là
- Si nous sommes cernés par les difficultés, il importe de rechercher une issue, une porte de sortie tout au fond de soi en faisant le point :
- méditer sur leur nature
- se rappeler celles que nous avons déjà résolues
- Analogie avec l’art
- Bien que théories et connaissances artistiques apportent à l’artiste des réponses à son travail artistique, le véritable artiste est celui qui est capable de s’affranchir des théories et de résoudre ses problèmes artistiques à sa manière
- Le bouddhisme propose d’étudier la vie alors que vivre est déjà un art en soi : autrement dit, il n’existe aucune connaissance scientifique pouvant apporter une réponse à 100% entièrement adaptée à tous
- Notion bouddhique de « preuve actuelle »
- Elle existe dans toutes les religions, la foi quelle qu’elle soit étant le « moteur » permettant d’en obtenir*
- C’est ressentir une paix en soi et constater un développement intérieur, car si ce sentiment n’existait pas, nous ne progresserions pas. Tant qu’il existe des êtres qui souffrent, des injustices, un bodhisattva ne peut qu’agir…
- La preuve actuelle bouddhique ne peut être en contradiction avec les preuves littérales et théoriques
- Notion de « révolution humaine »*
- Expression qui ne fut jamais employée par Shakyamuni ou Nichiren, mais venant du 2e président de la Soka Gakkai, Josei Toda, qui la mit en valeur
- Expression qu’utilisa également Victor Hugo
- À la lumière des enseignements bouddhiques3, état d’esprit que permet de développer un Sangha où se rassemblent diverses personnalités et points de vue
- À mettre en relation avec la théorie des 10 états-mondes le fait que depuis l’apparition de l’humanité, celle-ci
- évolue sans cesse vers une plus grande technicité, une plus grande maitrise scientifique, médicale, etc.
- est sujette en permanence à des holocaustes, des génocides, des guerres civiles…
- C’est le sens même de cette notion, à savoir que le positif l’emporte sur le négatif* = état d’enfer éclairé par état de bouddha.
- Tout ce qui est possède l’état de bouddha au sein des 9 autres dont aucun n’est permanent.
- « Suivre la Loi » s’entend alors pour Nichiren ainsi (affirmation à relativiser, fuir n'est probablement pas le bon mot)
- « Fuir » les personnes ne respectant pas les Trois Trésors
- « Fuir » celles ne respectant pas le Sutra du Lotus
- « Fuir » les personnes arrogantes
1Voir le diaporama réalisé par Daniel
2Traité pour ouvrir les yeux: « Néanmoins, notre père bienveillant, le Bouddha Shakyamuni, dans le bosquet de shala, nous laissa ces derniers mots comme un testament : "Suivez le Dharma et non la personne." »
3Léopold Procházka, le premier bouddhiste tchèque, ouvrage rédigé par un chercheur tchèque en religion, évoque notamment cette nécessité en ces termes : « une révolution interne dans le for intérieur de chaque individu » (p. 43 du texte original), concept faisant bien partie des enseignements d’éveil du Bouddha. https://knihy.heureka.cz/leopold-prochazka-prvni-cesky-buddhista-travnicek-zdenek/ ; un aspect dont le moine zen vietnamien Thich Nhat Hanh parle aussi dans son livre Pour une métamorphose de l’esprit.