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PENANG

Patrick Jaillet (Malaisie, 2010) Isolé au milieu de sa ferme, dans un pays où les mécréants sont punis de mort, il se maintient par fb et blogs. Pour aider ses deux fils adoptifs il crée un club de foot. Finalement, pour des raisons politiques, il est contraint d'abandonner et m'envoie son gohonzon dans son mini-butsudan.
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Une double inauguration

Samedi 25 Avril, 16.45, j’arrivais après 5 heures de route traversant l’état de Perak et Kedah devant le 27 de la rue Pahang à Georgetown où  se trouve le nouveau temple de la Nichiren Shu de la presqu’ile de Penang.

Depuis son affiliation  en 2002 avec la Nichiren Shu le Sangha  Hokkezan Ichinenji se trouvait  à Greenhights – Penang.

 Le nouveau temple  offert par Monsieur Ng Kim Fatt est constitue de 3 étages. Au  rez-de-chaussée  se trouve le Dojo où est enchâssé le Gohonzon ainsi qu’une statue en bois de Nichiren Shonin qui fut  réalisée  en 2003 par le Révérend  Anjo Asahina. le Dojo  peut recevoir aisément une centaine de personnes. Le  premier étage est constitué d’une superbe salle d’études , au second se trouve une cuisine et salle à manger ainsi que les pièces privées des moines. Le troisième étage est réservé pour les réunions et enfin pour le toit en terrasse le Révérend Kongyo Noda Chef prieur  prévoit de dresser un mémorial pour les membres défunts du Sangha.

    Aussitôt  franchi le portail d’entrée, je fus accueilli  on ne peut plus chaleureusement par Alex  le jeune fils de Monsieur Ang Tiang Soon Président du temple Ichinen-ji et par le jeune Réverend Noda. Ils m’invitèrent à entrer dans le Dojo du Gohonzon où pour la première fois je m’inclinais en Gassho devant la statue de Nichiren Shonin et la statue dorée du Bouddha Shakyamuni trônant toutes les deux devant le Gohonzon. Je dois avouer que j’ai eu une  petite seconde d’hesitation, n’étant pas habitué a m’incliner devant une image sculpté même si celle–ci  représente Nichiren Shonin, (mes reflexes de vétéran de la SK sans doutes..)

    Après quoi avec mon associé Mohamed Shukri, oui, musulman, Alex et  le Révérend Noda nous écoutâmes un rapide cours sur l’histoire de la Nichiren Shu et ils répondirent patiemment aux questions sur la pratique bouddhique de la Nichiren Shu posées par Shukri.

    Quel ne fut pas encore une fois ma surprise lorsque Alex m’offrit le petit livre de liturgie. Il contenait 7 Chapitres du Sutra du lotus ! Masquant mal mon expression, Alex me rassura immédiatement en me disant que je n’étais pas obligé de réciter en entier les 7 chapitres, bien entendu il était préférable de le faire, mais si mon temps était trop court pour le faire, je pouvais choisir les ou le chapitre que je voulais. Je le remerciais pour cette précision, tout en me promettant de pouvoir accommoder mon temps pour réciter les 7, (ce que je fis le soir même dans ma chambre d’hôtel devant mon Moji mandara Gohonzon).

    Notre conversation était coupée par  l’arrivée  des premières délégations  de la Nichiren Shu de Taiwan, de Singapour et plus proche, voisinant avec la capitale Kuala Lumpur l’état de Selangor, toutes invitées  pour l’inauguration du temple.

    A chaque fois qu’Alex m’introduisait auprès des membres des délégations, toutes étaient impressionnées qu’un membre de la Nichiren Shu de France vienne de si loin pour participer à la cérémonie. J’avais beau expliquer avec  Alex que j’habitais dans l’état de Kelantan en Malaisie, pour tous à l’exception heureusement des membres de Selangor, j’étais avant tout un membre Français.

    Les délégations qui se joindrons au Sangha de Penang viennent également d’Indonésie, et de Klang Valley  à Kuala Lumpur. C’est un total comprenant les membres de Penang d’environ 200 personnes. Je ne dois pas oublier bien sûr les 4 moines venus du Japon qui officieront à la cérémonie avec le Révérend Noda et le Révérend  Chitoku Kawaguchi lui aussi moine du temple de Penang.

    A 18 heures,  après avoir visite les locaux du temple, Alex nous proposa de  nous amener à notre hôtel. La réservation  avait était faite 5 jours avant  sous sa proposition car l’hôtel que j’avais choisi se trouvait à 25  minutes en voiture du temple tandis que le Red Rock hôtel se trouve situe à 5 minutes de marche du temple  en plein cœur de Georgetown  avec sa multitude de hawkers  qui vous font saliver si vous aimez la cuisine Chinoise, Indienne, Malay, etc.., voila que mon état de voracité  me fait digresser.

    Je fis expédier nos bagages à notre chambre par le porteur et invitais Alex  pour un rafraichissement  et à poursuivre notre discussion sur la Nichiren Shu. (Je joints en  annexe une chronologie de l’établissement de la Nichiren Shu en Malaisie).

    Quelques points importants  de cette conversation  à souligner:

  1. Je suis considéré comme membre ‘de fait‘ de l’association de Penang ou, si je le souhaite de Selangor ou Klang. Cependant en raison de la stricte législation en Malaisie, je ne pourrais pas être enregistré dans la liste des membres du temple. En effet les membres pouvant être enregistrés doivent habiter dans l’état où est situe le temple. Ce qui implique que je ne peux pas verser de cotisation comme membre, à la rigueur je peux offrir une donation.
  2. Les musulmans de Malaisie, à la difference de l’Indonésie, ne peuvent pas se convertir ‘officiellement’, puisque la loi le leurs interdit. (Il y a du travail pour l’établissement de rissho ankoku ron..)
  3. En ce qui me concerne, avant de pouvoir faire Gojukai, il me fut expliqué qu’un certain délai peut intervenir car une relation de Maitre à disciple doit exister. Ce qui veut dire que ma relation avec le Révérend Noda devra d’abord être ‘développée’.
  4. Par conséquent, et bien que le Révérend Noda, ne voit rien contre de faire la cérémonie de l’ouverture des yeux pour mon Moji Gohonzon ou mon Omamori Gohonzon (ce dernier fut obtenu au temple ), le devrai attendre un certain temps. Cela implique pour moi de revenir à Penang régulièrement pour ‘établir cette relation de Maitre à disciple‘.

Je n’ai aucun problème avec cela, connaissant depuis longtemps la méthode ‘à la Japonaise‘ et comprenant l’importance de l’établissement de la confiance. Après tout, ma foi en l’enseignement  de Nichiren Shonin ne risque pas de vaciller pour autant. Par ailleurs, et bien que j’aie pu discuter quelques minutes avec Rév. Noda, il est clair que durant ces deux jours il avait d’autres choses à faire que de passer son temps avec moi.

 La fin de l’après-midi dans ma chambre d’hôtel  fut passée à la lecture  des documents et brochures qu’ Alex m’avait donnés  et je récitais pour la première fois la liturgie de la Nichiren Shu, jusqu'à l’heure du diner où je célébrais tout cela devant un excellent canard..

     Dimanche 26,9 heures, je décidais de marcher jusqu’au temple bien qu’un car était mis à la disposition des délégations qui logeaient à l’hôtel. Une façon de me familiariser avec le quartier et de faire un peu d’exercice.

     Arrivé au temple, une ambiance de préparation régnait déjà à l’entrée, des membres de Penang apportaient des bouquets et des offrandes. Les moines répétaient le rituel d’inauguration. Le père d’Alex, Monsieur Ang Tiang Soon, Président du Sangha Ichinen-ji  de Penang, eu la courtoisie de m’accorder son temps pour bavarder avec moi sur les mérites du Tai-chi et du Qi gong. Le Rev. Noda m’offrit de se faire photographier tous les deux juste au moment ou  le car des délégations arrivait au temple.

      Nous reçûmes la traduction des 2 messages de congratulation du Révérend Joshin Komtasu, chef administrateur du quartier général de la Nichiren Shu, qui sera lu à la fin de la cérémonie par le Révérend Ken-itsu Saito, Directeur de la division des missions et qui conduira la cérémonie.

      A 10 heures des accords de musique Japonaise traditionnelle  signalent que la cérémonie commence. Tous les participants s’assemblèrent à l’entrée du temple. Les moines  dans leurs grands accoutrements et l’assemblée  écoutèrent   les mots d’inaugurations prononcés par le Rév. Ken-itsu. Puis, avant de couper le ruban, le Rév. Ken–itsu procéda au rituel de purification. Après quoi, à la suite des moines, nous entrâmes dans le Dojo. les moines procédèrent au Dojo Ge, puis au Sanbo Rai. Ensuite fut récité le texte d’ouverture du Sutra et  le chapitre 2, à la fin de la recitation un court instant de musique traditionnelle  au cours duquel un groupe d’enfants s’approchèrent pour offrir des offrandes au Gohonzon et lurent une déclaration.

     La cérémonie continua avec le  Dharani ‘charme’ pratiqué  par le Rév. Ken-saito et la bénédiction de l’autel du Gohonzon, puis il prononça la fin des rites.

     Ce fut encore un instant de musique traditionnelle qui signala la troisième  et dernière partie de la cérémonie, puis suivit la récitation du chapitre 16 du Sutra du Lotus avec l’offrande d’encens.

     Une lecture du gosho sur la pratique de l’enseignement du Bouddha eut lieu avant odaimoku, puis ce fut la recitation de la difficulté de garder ce Sutra.

     Enfin la cérémonie se termina par une prière, les 4 vœux et Buso.

     Avant que l’assemblée fut invitée à déjeuner au second étage du temple, Le Rév. Ken-saito  transmit les messages de congratulation du Rev. Joshin Komtasu  Chef-administrateur du quartier général de la Nichiren Shu. En retour, le Hokkezan Ichinen-ji de Penang adressa un mot de remerciements et invita tous les participants pour une séance de photos au seuil du temple ou fut installée une petite estrade.

Il était 13 heures. Avant que je ne prenne congé à 19.30 heures où je devais rejoindre les membres au restaurant  pour un banquet à notre hôtel. Avant que je ne franchisse le portail, je fus rattrapé par Alex qui me demanda si je ne voyais aucun inconvénient de participer au service funéraire d’un membre du Sangha décédé le 23 Avril. Le service doit avoir lieu après le banquet et serait officié par le Rev.Noda et le Rev.Kawaguchi. Bien entendu; j’acceptais l’invitation.

     Je rentrais à mon hôtel avec le Shingyo hikkey (manuel des membres de l’ordre de Nichiren) et un omamori Gohonzon à mon cou.

     Une pléthore de chats m’attendaient dans ma boite email pour me souhaiter un bon dimanche.. eh.. eh..

     Je me mis à la lecture du Shingyo hikkey, tout en notant des questions que je souhaitais soumettre à Alex durant la soirée.

     L’après-midi passa très vite et l’heure du banquet arriva avec  la nuit sur Georgetown.

     Le ballroom de l’hôtel était entièrement occupé  par une trentaine de larges tables rondes où la plupart des membres dans une joyeuse ambiance étaient  déjà en train de déguster quelques amuse- gueule  en attendant  le défile des plats qui se succèderont jusqu'à 10.30 heures.

     Sur le podium viendront chacun leur tour les présidents des délégations, le trésorier de l’association de Penang, le Rev. Ken-saito, le Rev. Noda  pour quelques minutes de message ou témoignage agrémenté d’une touche d’humour et interrompu par les applaudissements de la salle.

     Cameramen et photographes ne cessèrent pas de ‘mitrailler’ les tables. J’eu droit à ma dose de flash et à une longue série d’interviews suivis d’un échange de cartes de visite comme le veut la règle..

     Le banquet prit fin avec les échanges de poignées de main, salutations à la japonaise et les promesses des participants de se revoir encore.

     Pour ma part, la soirée n’était pas terminé, Alex et sa sœur m’attendaient pour m’amener au lieu  ou devait se tenir le service funéraire du membre de leur Sangha. Tout en traversant Georgetown dans leur véhicule, j’apprendrais que le défunt avait 83 ans et qu’il était le père du constructeur du temple inauguré ce matin.

     Nous arrivâmes devant un long immeuble compartimenté et ouvert, dans chaque compartiment se trouvaient des catafalques agrémentés de tentures jaunes et d’un petit autel  sur lequel des offrandes et des bâtons d’encens étaient offerts par les familles et l’assistance. Des tables étaient dressées dans la cour face à l’immeuble où reposaient les défunts.

Chaque rangée de tables  où seront offerts aux invitées des rafraichissements et des mets après les rites funéraires, étaient séparées par des tentures et de larges fanions marquant le quartiers, l’association religieuse, professionnelle ou le club dont dépendait la personne disparue.

   Les musiques et les chants funéraires de chaque  congrégation dont dépendaient les défunts étaient amplifiés par des micros. Les prières taoïstes du compartiment voisin du notre couvraient nos voix. « Ok , on verra lorsque nous réciterons Daimoku  qui fera exploser les baffles ».

     Certains membres s’afféraient pour la préparation du service. Alex m’expliqua que pour les personnes adultes la crémation devait avoir lieu selon la tradition Chinoise 5 jours après le décès, pour les enfants 3 jours seulement. La Nichiren Shu acceptait d’incorporer dans le service funéraire certains éléments de la coutume chinoise. La crémation de la personne pour laquelle j’étais invité à participer aux rites funéraires aurait lieu le lendemain à 11 Heures.

     22.30 heures, le Rev. Noda et Rev .Kawaguchi arrivèrent et fixèrent un Gohonzon à la tète du cercueil, les membres de la famille, certains membres du Sangha et moi-même étions déjà assis face au catafalque. Le service commença avec la recitation du chapitre 2  puis Daimoku  au rythme du tambour. Durant le temps de la recitation chaque participant offrit l’encens au défunt.

     Le service s’acheva à minuit et tout le monde fut convié pour des rafraichissements. Auparavant, le Rev. Noda avait expliqué à l’assistance l’importance de Daimoku lors du décès d’une personne. Je n’ai malheureusement pas entendu grand-chose en raison du bruit assourdissant tout autour de nous.

     A table, je refusais poliment deux boites de bière offertes par le fils du défunt. Bien m’en a pris, car j’étais ‘sonne’ par l’atmosphère ambiante. Moi qui d’habitude suis bercé quotiennement par la quiétude de mon village Malais. J’eu quelques minutes de passage à vide dues à l’agitation et la trépidation de mes amis chinois. Alex me parla de quelque chose à propos de Devadatta, pendant que mon esprit appuyait sur la touche ‘delete’. Je n’ai rien retenu du sujet.

     Sur le trajet de retour je lui posais deux questions, me référant à ce que j’avais lu l’après-midi dans le Shingyo hikkei. A quelle heure étions nous supposés faire Gongyo et si le Gongyo  du matin pouvait être fait à 8 heures au moment de la recitation de Odaimoku (pour la protection du Dharma), tourné en direction du mt. Minobu, tel qu’il est prescrit dans le Shingyo hikkei.

     Sa réponse ne fut pas ce que je m’attendais à entendre. « Il n’y pas d’heure prescrite, ni d’obligation, en particulier pour la prière de 8 heures. Tu peux faire gongyo à l’heure que tu veux ».Je commence à aimer davantage la Nichiren Shu..

     Jusqu’au moment de mon arrivée à mon hôtel, Alex me raconta certaines découvertes qu’il avait effectuées dans le cadre de recherches pour un livre qu’il a l’intention d’écrire à propos de l’histoire de la Nichiren Shu et de son expansion en Asie du Sud-est. Il a découvert des tombes à Singapour et à Penang  datant d’avant la seconde guerre mondiale où était gravé Namu Myoho Renge-kyo. Il a découvert également les ruines d’un temple de la Nichiren Shu dans l’état de Johor, cet état voisine avec Singapour.

 Devant l’entrée de l’hôtel , nous nous quittâmes en nous promettant de garder le contact et en ce qui me concerne de revenir à Penang lorsque le Rev. Noda aura un peu de son temps de libre pour ‘donner vie ‘ à mon omamori Gohonzon et mon moji Gohonzon.

Le lendemain matin, je reprenais la route en direction de Kelantan, je rédigeais un court sms , que j’envoyais à Alex le priant de transmettre mes remerciements et Gassho aux membres du Sangha de Penang et en particulier au Rev. Noda. Je ne reçus pas de réponse. Il était 11 heures du matin, l’heure à laquelle devait avoir lieu la crémation du défunt.

Je souriais à l’évocation de ces dernières heures passées à Penang. Ce fut une double inauguration, celle du temple de Penang et mon entrée à la Nichiren Shu. J’avais fait aussi le service funéraire de mon passé avec la Soka Gakkai.

Il me semblait que la nature environnante me souriait. Tout souriait...

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                   Petite chronologie et commentaires sur la Nichiren Shu et Shoshu en Malaisie

La présence en Malaisie de la Nichiren Shu remonte à l’avant la guerre mondiale. Des ruines d’un temple dans l’état de Johor et quelques tombes de Japonais immigrants à Singapour (Singapour faisait partie de la Malaisie avant la guerre) ainsi qu’à Penang témoignent de son début.

  1. 1960, la Nichiren Shoshu  avec la Soka Gakkai établit sa première Sangha à Kuala-Lumpur
  2. 2002-03, suite à la scission entre Nichiren Shoshu et Soka Gakkai, certains membres décident de joindre la Nichiren Shu.
  3. Aujourd’hui, il existe 3 Sangha de la Nichiren Shu en Malaisie :

.Selangor

.Klang valley

.Penang

 

C’est un total approximativement de 300 membres qui constitue ces 3 Sangha.

Il existe aussi une Sangha  d’une cinquantaine de membres à Singapour ainsi qu’une autre en Indonésie  composée d’à peu près le même nombre qu’à Singapour.

   Il est à noter que les membres constituant ces Sangha sont tous  Chinois (Hokkien/Hakka ?).

Pour la plupart si ce n’est la totalité, ces membres sont des ex de la Soka Gakkai  depuis trois générations.

   Nichiren Shu organise des rencontres avec les autres temples bouddhistes du Hinayana en particulier à Penang.

 

 Un petit mot enfin a propos du Cambodge  qui m’est cher. Il n’existe pas de Sangha structuré. Il y a cependant quelques membres de la Nichiren Shu, ces derniers sont  parfois invités par les moines bouddhistes du Hinayana pour discuter des vertus du Sutra du lotus.


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